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La balade sentimentale d'Yves Simon

Par Pmalgachie @pmalgachie
La balade sentimentale d'Yves SimonIl prend le volant et part, sans but. Un tour depériphérique pour décider d’une orientation, et cap au sud. La voiture luiressemble : elle a vieilli. Elle n’est pas de son temps, n’accepte pasl’essence sans plomb, ce qui conduit à des mélanges hasardeux. Elle ne fera pastout le voyage, volée une nuit à Avignon. « Bondébarras ! » Le voyageur s’en trouve plus léger d’un souvenirencombrant – acheté à S.G. (Serge Gainsbourg), dont la présence se prolonge ici, de manière plus intemporelle.Avant d’évoquer la voiture, le narrateur a parlé delui-même : « Léonie était jeune et moi quivieillissais », première ligne de La compagnie des femmes où Yves Simon se met toutentier, malgré le masque, fournit les raisons d’un voyage qui ressemble à unesortie. Une fausse sortie, en espérant que Léonie le retienne…« A part meperdre, j’avais en tête quelques projets. Rien de précis d’ailleurs. Monéditeur m’avait demandé il y a quelques semaines de réfléchir à uneautobiographie. Je pensai qu’il me croyait déjà au bord de la tombe ».Qu’importe : surgis du passé, des souvenirs éclairent la routed’aujourd’hui. Un ami suicidé pour avoir « perdule monde », une dame qui préparait ses repas quand il terminaitd’écrire Océans, son cinquième roman,des chambres d’hôtels qui ressemblent à d’autres chambres d’hôtels… Et, surgisdans le présent par hasard, de nouvelles rencontres entretiennent le mouvement.La plus émouvante : celle d’un jeune homme qui part reconnaître le corpsde son père à Nice, et que le narrateur accompagne.Tandis qu’au loin Léonie envoie des messages où elle dit qu’illui manque, avant de se lasser, le romancier continue à « ne surfer que sur l’écume des choses, là où se situe le plussouvent l’essentiel de nos sentiments et de nos actions… »De cette balade sentimentale, on retiendra des moments juxtaposés au fildes jours, des plongées en soi pour évacuer des ombres, des paysages accordésaux émotions. Puis les événements se précipitent, la faille se creuse, l’écumedes choses est rattrapée par la réalité. Il reste quelques pages pour ensortir.

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