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Bruleurs de planches - Ez3Kiel - L'Hexagone - Meylan - 14/03/2008

Publié le 15 mars 2008 par Benjamin Mialot
Bruleurs de planches - Ez3Kiel - L'Hexagone - Meylan - 14/03/2008
Un concert d'Ez3kiel, c'est un comme un morceau de fromage avant le dessert, ça ne se refuse pas et ce, même si c'est en position assise qu'il faut y prendre part, précisemment à l'Hexagone, Scène Nationale de l'agglomération grenobloise. Une posture parfaite pour l'écoute, mais inadaptée pour ressentir comme il se doit cette musique physique que les tourangeaux conçoivent depuis 1993. D'autant qu'en ce soir de mi-mars, le dieu du son semblait avoir autre chose à faire.
Il a en effet suffit de quelques secondes pour se rendre compte que quelque chose clochait : une basse qui ne fait ne fait pas claquer les côtes et frémir les frocs, des riffs appuyés qui ne filent pas ce petit frisson électrique dans la nuque, une batterie qui vampirise un peu trop l'espace... La faute à la façade, qui crache trois fois rien tandis que les retours, par contre, ne sont pas en reste. Résultat, le son est compact, concentré sur scène, comme si un rideau de fer la séparait de l'audience. Impossible d'être vraiment emporté. Dommage, pour le grand voyage, il faudra se contenter de l'imagerie développée par le bassiste Yann Nguema. Ce qui n'est pas rien, au regard de la magnificence des visuels et projections vidéo qu'il développe pour illustrer chaque étape de la discographie d'Ez3kiel et accompagner ses performances : ballerines-culbuto, opéras difformes où se relaient navires échoués et cosmonautes, yeux-vortex, neige qui monte et petits rats de l'opéra qui tombent, bras mécaniques qui réagissent à la pulsation...
J'ai gardé l'essentiel et le meilleur pour la fin : la musique, évidemment parce qu'on ne dirait pas comme ça, mais c'est bien d'une revue de concert qu'il s'agit ici. Sur ce plan, difficile de la faire la fine bouche. Car même avec les décibels contre eux, les quatre zicos ont de l'originalité et du savoir-faire à revendre. De l'apesanteur magique du Lac des signes à l'éphémère déflagration cyber-hardcore de Firedamp en passant par les mille et un maux de Versus, le panel exploré laisse songeur, même sans le foisonnement de cordes et cuivres qui rehaussent leurs deux derniers opus, le projet multimédia Naphtaline et Battlefield. Il y a des vapeurs dub et des crépitements électroniques évidemment, et aussi quantité d'inflexions rock, post (Mogwai) ou industrielles (Nine Inch Nails). A se demander pourquoi, hormis du fait de leur appartenance au label Jarring Effects, ils sont automatiquement catalogués aux côtés d'High Tone et autres formations aux racines jamaïcaines plus évidentes. De fait, un concert d'Ez3kiel est étonnamment punchy, constellé de montées de sève électrique, de beats telluriques et de parties de guitare écrasantes. Mais l'une des grandes forces du combo est de savoir doser ses pulsions les plus tapageuses, de les calmer d'un contrepoint plus atmosphérique dès que le paroxysme est atteint, de ranger l'artillerie pour broder des pièces nuancées et mutantes.
Bref, un concert d'Ez3kiel est un instant spectaculaire et captivant, millimétré et unique en son genre. Avec une sono qui envoie, vous l'aurez compris. Quant à la collaboration avec le Commissariat à l'Energie Atomique, une amusante balle interactive qui émet des sons dès que le public la fait rebondir, j'attendrai de voir son utilisation ultérieure (plus poussée, moins isolée ?) pour ne pas trouver la communication qui a été faite autour de cet échange franchement surfaite.


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