Le Kindle, invention géniale d’Amazon, aurait selon certains signé l’arrêt de mort du livre, voire même de la littérature. Dramaturge devant l’éternel s’il en est, Frédéric Beigbeder, avec son Premier bilan après l’Apocalypse, a pris à cœur ce faux combat pour défendre le livre en papier.
Comme si les librairies numériques allaient empêcher les écrivains d’écrire et les éditeurs d’éditer, acheter un Kindle serait un crime perpétré contre la littérature et ses grands noms, de Bret Easton Ellis à Victor Hugo, en passant par André Gide et Françoise Sagan (sans parler de Beigbeder lui-même, évidemment).
Mais peut-être que faire mourir le livre en papier n’est pas une si mauvaise idée. D’abord parce que le numérique est devenu une norme pour les jeunes générations, et qu’il serait aberrant de vouloir s’adresser à eux par des canaux qu’ils ont oubliés. Ensuite parce que le livre en papierpeut inspirer de grandes créations.
Citons en exemple la photographe américaine Cara Barer (qui, je le regrette, est presque reléguée au rang de prétexte dans cet article). Ses vieux volumes, souvent devenus inutiles, ou simplement en mauvais état, ont été déformés, torturés, réarrangés, pour finalement donner des sculptures aux formes et aux couleurs incroyablement graphiques.
Et au delà de l’esthétisme, c’est une réflexion autour del’utilité et de la compilation de l’information que le spectateur mène ici. Il semble tellement plus crédibled’utiliser ces vieux ouvrages à des fins artistiques qu’on a envie de faire subir le même sort – avec sans doute moins de talent – à ses propres livres. On ne peut que constater que les livres en papier trouvent ici une vie beaucoup pluspalpitante que leur carrière promise d’attrape-poussière sur une bibliothèque Ikea.
Ainsi, cet article ayant été rédigé hier,AGD Magcélèbre lajournée mondiale du livre, que l’on espère voir prospérer désormais dans sonévolutioncertes numérisée mais naturelle. La littérature, comme tout art, se doit de suivre son temps.
Jeu de briques
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