Une bande à la tête, Cobham entra sur scène dans une tenue décontractée puis pris place avec ses compagnons de musique. Il y avait une odeur de cigare qui parvenait d’un spectateur. Encore une fois nous étions en plein air, et cette fois, j’étais au tout premier rang prête à scruter les moindres faits et gestes. Chronique du concert de Billy Cobham.
Je pénétrais un nouveau monde dès les premiers accords. Je sentais d’ores et déjà que devant moi se trouvaient des bêtes de scène, leur allure parlait d’elle même. Billy Cobham était placé au milieu, muni de sa gigantesque batterie. Il y avait un bassiste, un guitariste, un percussionniste (dont les instruments étaient étranges et qui ressemblaient à des outils vodous), puis deux pianistes au synthétiseur.
L’ambiance s’enflamma à la première chanson et les solos de guitares accroissaient le tout. La sono se soir-là, à ma grande surprise, était parfaitement adaptée aux instruments, contrairement à la veille, durant le concert d’Aloe Blacc.
Je découvrais le personnage Billy Cobham pour la première fois et je fus totalement conquise. Ce dernier grimaçait en jouant d’une puissance indomptable du haut de ses 68 ans. Le son était funky, et personne ne manquait d’applaudir un tel talent réuni sur scène.
La 2e chanson débuta donc avec un rapide solo de batterie pour le moins spectaculaire. D’un coup, tous les instruments se firent entendre (et aimer), et comme on s’y attendait, le mélange donna naissance à un Jazz très festif qui donnait la joie de vivre et surtout l’envie de danser. Ce morceau-la me mit dans un état second, il finit d’ailleurs avec un solo digne des plus grands pour ne pas comparer. Ce fut une exaltation aussi frénétique que céleste !
Ce que j’appréciais en particulier était le fait que l’on pouvait sentir tous les instruments (encore une fois, la sono était merveilleuse !). On pouvait ressentir les vibrations de la basse, le doum-doum de la batterie, chaque accord de guitare, chaque mélodie parvenant des percussions et bien évidemment chaque note de synthé.
Billy se leva et nous fit signe d’applaudir. En Harmonie avec le bassiste qui, seul jouait et qui fut plus tard accompagné par ses camarades. Je ne prêtais plus attention à ce qui se passait sur scène et j’étais ailleurs le temps d’une chanson. Une balade vers les années 60 aux USA, là ou le Jazz aura connu son apogée (il n’était pas aussi sophistiqué, mais j’aimais croire que je vivais une autre époque). Loin de tout, loin de cette sombre époque dans l’histoire de la race noire, j’étais contente de pouvoir profiter d’un si bon concert sans préjugés et ce, malgré le fait qu’on ait oublié ce genre de débats raciaux.
Cobham se leva une seconde fois, cette fois pour nous parler. D’un ton très sympathique et à travers quelques mimiques assez drôles, il nous présenta ses compatriotes et comme le veut la tradition, il nous remercia d’être présents. Après quelques applaudissements, une intro de synthé de violon (un violon qui, apparemment, est sorti de nulle part !). Une fusion qui donnait naissance à une sorte de musique expérimentale très plaisante et incroyablement divine. Et quand tous les musiciens se mirent à jouer ensemble, l’atmosphère devenait plutôt Jazza nova. Un morceau qui sonnait comme un rayon d’été, un souvenir de vacances au bord de la mer à Rio. Il ne manquait peut être que des paroles en portugais. Mais pouvons-nous perfectionner ce qui est déjà parfait ? Le tempo s’accéléra après 5 minutes, et nous revenions à la case de départ. Le guitariste avait cette fois comme une envie de nous compter une histoire, et se mit au milieu de la scène, bougeant ses lèvres au rythme de la mélodie.
Ah oui ! J’oubliais de vous parler de l’homme aux étranges instruments (le percussionniste), il était surement entré en transe, sa croix en pendentif faisait des bonds à chacun de ses mouvements.
Les musiciens s’arrêtèrent tout d’un coup, laissaient place à Billy Cobham qui, pendant plus de 8 minutes, fit sortir l’âme de sa batterie avec une maîtrise et un savoir-faire irréel dont il nous fit part avec beaucoup de générosité.
Une douce composition de guitare flottait dans les airs avant une toute dernière chanson monstrueusement belle et qui marquera cette 1h30 de concert. Plus suave et plus léger pour finir en beauté.
Bilan : Un concert comme nous l’avions imaginé. Un talent indéniable et beaucoup d’énergie.
Rita (Rita Hassan Jawhari)La rousse fatale.