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Le Roi n'a pas sommeil

Par Irreguliere

#reading

Tandis que Mary perdait les pédales au milieu de la rue principale, Puppa s'était rendu compte qu'il ne savait pas pourquoi Thomas avait pris le mauvais tournant au moment où la vie lui souriait. Il n'y avait aucune raison, se disait-il, pour que cette histoire se termine ainsi.

Lorsque j'ai posté cette photo sur instagram, pour des raisons esthétiques de concordance chromatique entre la couverture et mon vernis à ongles, je l'avais commencé depuis peu. Un de mes "followers" m'a demandé si c'était "aussi bien qu'on le dit", et je n'ai alors pas pu lui répondre. Mais le fait est que, plusieurs jours après l'avoir terminé, je ne sais toujours pas quoi en penser.

Le roman commence par la fin et, même si on ne comprend pas vraiment de quoi il s'agit exactement, on saisit que c'est une histoire qui se finit mal, très mal, et le propos du roman va être de raconter comment les événements se sont enchaînés pour en arriver là. Commence alors l'analepse qui constituera tout le reste du récit, pour nous ramener au point de départ. Une petite ville pas vraiment situable dans l'Amérique profonde, à une époque tout aussi indéterminée que je dirais être les années 50 mais sans certitude. Un couple, somme toute assez banal : William, travailleur, mais alcoolique et sans doute violent, et Mary, qui s'accommode de cette vie mais n'est sans doute pas heureuse. La naissance de leur unique enfant, Thomas. La mort de William, lorsque le petit garçon est très jeune. Puis il grandit, semble devoir s'en sortir, mais...

Je le disais dans l'introduction, je ne sais pas trop quoi penser de ce roman, et finalement, c'est peut-être bien une preuve de sa qualité, en ce sens que c'est un roman qui interroge. C'est surtout un roman qui met mal à l'aise, vraiment, qui prend à la gorge et donne presque la nausée. De cette Amérique rurale et pauvre, sans doute pas d'ailleurs dénuée de clichés, se dégage une atmosphère extrêmement sombre, glauque, pesante, pessimiste et désespérée. Les personnages, englués dans une médiocrité qui est leur vie quotidienne, s'ennuient. Et pourtant, Thomas semble parvenir un temps à tracer son sillon : travailleur, intelligent, il aurait pu finalement être un peu heureux, il gagne correctement sa vie grâce à l'exploitation forestière héritée de son père, il rencontre une jeune femme avec qui il aurait pu se marier et avoir des enfants. Il aurait pu, mais il n'y aurait alors pas d'histoire. Le destin des gens communs n'était pas pour lui, il est plutôt un héros de tragédie, au-dessus de sa tête plane une sombre malédiction. On ne sait pas trop à quel moment le personnage bascule, à quel moment il perd pied et est entraîné vers l'irrémédiable, alors qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il ne s'en sorte pas. Et c'est ce qui donne sa tonalité désespérée au roman : cette impression que quoi qu'on fasse, on ne s'en sort pas. L'ensemble est servi par une très belle écriture, très travaillée et poétique sans être pour autant un obstacle à la lecture. Un style sobre sans être plat, d'où émergent parfois des métaphores et comparaisons surprenantes, comme ces "moustaches en forme de femmes nues" que porte le sergent.

Donc je ne sais pas. C'est sans conteste un roman de grande qualité, prometteur quand on sait que l'auteure est âgée de 21 ans, mais qui ne m'a pas enchantée, à cause de son aspect beaucoup trop sombre. C'est un roman à lire, mais pas quand on a le moral à plat...

Lu aussi par Clara, Ys (et François Busnel)

Le Roi n'a pas sommeil

Cécile COULON

Viviane Hamy, 2012

prixlanderneaudecouverte


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