Anthony John est un acteur dont la vie est fortement influencée par les personnages qu'il interprète... Pour " Othello" de Shakespeare, c'est le rôle de trop . Sa femme qui l'a quitté il y a deux ans est maintenant courtisée par son attaché de presse.
"Othello" (A Double Life) de George Cukor
Avec : Ronald Colman, Signe Hasso Sortie le 25 avril 2012 Distribué par Wilde side video Durée : 104 minutes Nombre de : 1 Film classé : Le film : Les bonus : |
Jean Douchet, dans le tout petit supplément que lui accorde ce DVD me rassure. J’ignorais tout comme lui l’existence de ce film , du moins je ne l’avais jamais vu. Et puis la faiblesse du scénario (il parle de manque de crédibilité) m’a un court instant fait bailler aux corneilles.
Après quoi j’ai repris mes esprits et mon indépendance vis-à-vis d’un éminent critique, qui par ailleurs dit le plus grand bien de George Cukor. Ce qui se comprend pour l’auteur de « Une étoile est née », et de ce nouvel « Othello », fort d’une dizaine d’adaptations au cinéma. Mais Cukor s’éloigne des sentiers battus pour livrer une version très originale. Le titre américain (« A double life ») reflète ainsi tout à fait le cœur du sujet : à trop jouer la même pièce, un acteur renommé, Anthony John (Ronald Colman ) ne discerne plus la réalité de la représentation.
Un sujet d’excellence qui procure à Cukor toutes les ficelles du dédoublement pour mettre en scène ce héros fabuleux. Colman qui rafle au passage l’Oscar du meilleur acteur se joue effectivement bien de cette dualité pour incarner un être ballotté par des sentiments antagonistes. Le personnage d’Othello, à la hauteur de ses atermoiements, va maintenant quitter la scène du théâtre pour rejoindre celle de la rue, où le comédien perd peu à peu tous ses repères, au point de confondre les rôles.
C’est à cet instant que le récit faiblit, virant au film noir sans atteindre les sommets du genre. Et comme le dit Douchet, on est alors proche du thriller, plus conformiste à mes yeux que bien d’autres films policiers. L’enquête menée par l’attaché de presse du comédien (Edmond O’Brien ), amoureux de son ex (Signe Hasso ), floute légèrement les bonnes perspectives.
Sur la scène , comme dans la vraie vie, l'acteur compose un personnage inquiétant
Mais Cukor s’en désintéresse ; au suspense pur et dur, il préfère l’intensité dramatique de la pièce de Shakespeare, retranscrite dans sa mise en scène de plus en plus schizophrénique. La pertinence de son regard la rend d’une redoutable efficacité. C’est du beau cinéma.
- « Jeux de rôles » entretien avec Jean Douchet (13 mn)
Critique et historien, Jean Douchet s’extasie devant les qualités de metteur en scène de Cukor, dont il retrace brièvement la carrière avant de s’arrêter sur « Othello » qu’il a semble-t-il bien apprécié, malgré « un manque de crédibilité du scénario (…) un peu trop démonstratif quand il s’agit de glisser vers la noirceur pour en faire un thriller ».
En bref
Le film
Une œuvre intéressante pour le théâtre et le cinéma qui à travers la pièce de Shakespeare se renvoient la balle de fort belle manière. Ou le jeu des miroirs quand le héros, à la double personnalité, ne sait plus quelle face regarder. Une occasion en or un acteur, Ronald Colman la saisit avec gourmandise.
Les bonus
Le point de vue de Jean Douchet, et c’est tout