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Boeing s'envole

Publié le 26 avril 2012 par Toulouseweb
Boeing s’envoleL’industriel américain bénéficie d’un souffle d’optimisme.
A Chicago, au siège du groupe Boeing, il n’est en aucun cas question de tenir des propos emphatiques, encore moins de faire des déclarations fracassantes comme en tiendraient les Européens en pareilles circonstances. Ce n’est pas le style de la maison, très conservatrice, en toutes circonstances très BCBG. Le ton des hauts dirigeants reste merveilleusement neutre, non émotionnel pour reprendre un terme très apprécié outre-Atlantique. Mais le fait est que Boeing entame sous nos yeux une montée en puissance peu commune. Et cela, pour l’essentiel, grâce aux succès répétés de ses productions civiles.
Les résultats du premier trimestre de l’année en témoignent éloquemment, avec un chiffre d’affaires de 19,3 milliards de dollars en hausse de 30% et un bénéfice net de 923 millions en progression ...de 58%. Le carnet de commandes, toutes activités confondues, se monte à fin mars à 379,8 milliards de dollars, de quoi rendre heureux les 172.200 salariés de l’entreprise, rendus sereins par une telle visibilité sur l’avenir. De plus, Boeing ne souffre pas de la moindre difficulté de gouvernance : ses hauts dirigeants font de grandes carrières rectilignes dans la maison et, quand ils partent en retraite, un successeur est toujours fin prêt à prendre la relève.
Ce serait un monde quasiment idéal s’il ne fallait absorber quelques coûteuses erreurs qui ont fait exploser en vol les coûts de développement et d’industrialisation des deux avions commerciaux les plus récents, 787 et 747-8. Mais les pertes qu’ils engendrent en début de carrière seront évidemment absorbées, les valeurs sûres actuelles permettant d’assurer la prospérité immédiate. Ainsi, le succès du 777 est tel que la production va bientôt passer à 100 exemplaires par an tandis que l’inoxydable 737, devenu «MAX», va peu à peu monter à 42 exemplaires par mois. Une manière de rappeler que Boeing et Airbus, parfaits frères ennemis, resteront encore longtemps au coude à coude.
A tort, ces semaines-ci, des commentateurs moins avertis qu’ils ne le prétendent affirment que Chigaco et Seattle font mieux que Toulouse. La réalité est qu’ils font aussi bien l’un que l’autre: si le MAX a engrangé 301 commandes en un seul trimestre, c’est évidemment parce qu’il a été lancé après l’A320 NEO. Mais, ils franchiront en même temps la ligne d’arrivée virtuelle et seule une photo permettra de les départager pour le plus grand bonheur d’analystes souvent sans sans vision.
Les premiers 737 MAX seront livrés en 2017 et le détail de la conception de ce dérivé remotorisé et très amélioré se termine à peine. C’est ce mois-ci seulement que les ingénieurs américains ont terminé l’étude de l’intégration des moteurs General Electric/Snecma Leap 1-B dans la cellule de l’avion, lequel a subi d’ultimes retouches, notamment de son cône arrière.
Le 777 (dont le combat contre l’A330 européen se poursuit sans relâche), pourrait faire l’objet de développements nouveaux dont le détail n’est pas sur la place publique. Air France figure parmi les utilisateurs enthousiastes du gros biréacteur long-courrier et a récemment pris livraison, hors versions fret, de son soixantième avion de ce type, un 777-300ER aménagé avec 468 sièges (notre illustration) et destiné à la desserte des départements d’outre-mer.
Face à cette prometteuse prospérité civile, les activités de Défense, de sécurité et spatiales se font involontairement discrètes, avec un chiffre d’affaires trimestriel d’un peu plus de 8 milliards de dollars. Mais cet apport n’en est pas moins précieux. En témoigne, par exemple, une commande de 84 avions de combat F-15 que vient de signer l’Arabie saoudite. Un beau contrat.
Cette année-ci, Boeing prévoit de livrer de 585 à 600 avions civils. Ce n’est là que l’amorce d’une nouvelle phase ascensionnelle, le 787, longtemps retardé, devant être produit un peu plus tard au rythme de 120 exemplaires par an. De belles perspectives, en même temps qu’un contraste étonnant avec les résultats très médiocres du transport aérien.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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