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La relève

Publié le 26 avril 2012 par Unionstreet

Perrion :

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Perrion, natif de Washington Heights, le sourire en coin, un petit air moqueur, une voix teintée par les rayons de son environnement, un temps rigolard, l’instant d’après avec ce flow accrocheur, la voix pas tout à fait mûre mais déjà emplie d’une expérience au parcours chargé. De la maturité il n’en manque pas, du haut de ses 21 ans il a déjà connu les déboires d’un deal en major, cela lui permettra, on l’espère, de garder une emprise maximale sur son univers musical et surtout de maintenir sa tête au frigo le plus longtemps possible (combien en a-t-on vu se brûler les ailes ?), et ce, malgré un succès proéminent.
Perrion, c’est 3 mixtapes (« Le Bourgeon », « Perception », « Circuit Breaker ») réalisées avant sa connexion avec le homie Myth Syzer. On l’avait vu s’épanouir en ridant la chillwave sur son dernier projet « Circuit Breaker », projet qui permettra au gamin de se faire entendre davantage dans les rues de son Harlem natal et précédant son dernier bijoux en date « From Paris With Love ». Sur cette tape Syzer sculpte un univers sur mesure pour Perry, le jeune producteur trouve son harmonie à travers de grosses rythmiques saccadées, tel un geek face à sa MPD, il triture et déstructure, les beats sont rugueux, touchant par moment à l’abstract et offrant des nappes sonores bien spatiales. Tout ça n’a que du bon et lui accorde un crédit supplémentaire, avec un horizon d’avance, d’ailleurs en parlant d’avance, c’est probablement l’un des raresde sa génération qui a su saisir l’opportunité d’une collaboration longue distance. Certes, le net facilite les échanges, mais il faut avoir en tête certains enjeux pour comprendre l’intérêt de ce partage sonore entre, d’une part, une langue bien pendue, et d’autre part, une tête pensante, séparées par l’Atlantique. La connexion qui ne faiblit pas en ce début 2012.

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Joey Bada$$ / Capital Steez :

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Depuis environ 2 ans on peut assister à une renaissance prononcée de Brooklyn, et non, je ne parle pas de cette nouvelle caste de bobos qui s’accapare pas à pas les rues du neighborhood, j’acclame plutôt ces quelques types (Skyzoo, Torae, Mr. Muthafuckin’ eXquire, Melo-X…) grâce auxquels l’effervescence est apparue de nouveau.
Dorénavant il ne faudra pas oublier de compter dans les rangs de BK un newcomer de 17 ans prêt à gifler la concurrence. Odd Future et A$AP (ces deux figures de proue dont je ne parlerai pas dans cette chronique) ont fait figure d’étendard pour les youngsters, désormais de plus en plus de jeunes fou furieux se font entendre, la relève est en place, elle se manifeste petit à petit, dispersant ici et là ses dingueries.
Capital Steez est l’acolyte du gamin Joey au sein du collectif brooklynite Progressive Era, les deux louveteaux faisaient frémir la populace fin février avec un « Survival Tactics » poignant. Depuis, Capital a eu le temps de cracher une tape merveilleusement ficelée avec « AmeriKKKan Korruption », on y trouve entre autres des prods de MF Doom, Madlib, DJ Premier, J. Rawls ou encore Ant de Atmosphere… pour sa part, Joey concocte le très attendu « 1999 » et exporte sa chillance à un niveau supérieur sur le smooth « Waves », titre produit par Freddie Joachim à écouter d’une oreille attentive.

No days off… child labor!

Uno Hype :

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Uno Hype est pour sa part originaire d’une contrée où l’on a vu évolué peu de rappeurs à ce jour, effectivement le Maryland, pas tellement éloigné de New-York, n’est pas reconnu comme étant la Mecque du hip-hop. Alors qu’il il est âgé de seulement 17 ans, Uno balance une première tape, « Ready For Takeoff » début 2011. Véhiculant une autorité à la pensée aguerrie pour son jeune âge et instaurant un socle lyrical complet, son travail tend à toucher un large public. Cela lui permet de se faire un nom dans son état, la Pennsylvanie n’étant pas si loin, il aura l’occasion de fouler la scène aux côtés de Mac Miller.
Après l’été 2011, « From The Ground Up » débarque, seconde base solide qui mènera Uno vers un troisième release début 2012, le garçon a gagné en maturité et pose une orientation plus sereine à travers « Fxck The Hype », la chillance est également de mise (à croire qu’ils se sont tous passés le mot) et les invités (Smoke DZA, Hassani Kwess, Joey Bada$$, Mansions On The Moon, Tayyib Ali) ont un apport considérable. Bien qu’il doive encore faire ses preuves, on lui présage une belle année 2012.

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Main Attrakionz / Green Ova Undergrounds :

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Les hostilités ont commencé dans le coin de North Oakland avec la montée en puissance du « cloud rap » initié par le duo Main Attraktionz (à leur manière les A$AP de Northern Cali) qui a affolé la blogosphère tout au long de l’année passée.
C’est courant 2011 que je me suis mis à glorifier pour ne pas dire idolâtrer Squadda B et Mondre Man, à 20 ans cela fait déjà un bout de temps qu’ils ont lâché la school, leur quotidien se résume à des levés tardifs et des passages réguliers au fastfood du coin, s’enfumer la gueule en roulant des blunt sur blunt, taffer sur des beats et surtout enregistrer quelques morceaux. S’il y avait une facette à dégager de ce duo ce serait bien cette dernière, les deux potos sont prolifiques et productifs comme peu d’autres le démontrent dans le game, on parle de plusieurs centaines de tracks et de dizaines de tapes (en incluant les sorties du collectif Green Ova Undergrounds). Fascinés par les sonorités synthétiques, ils ne se positionnent pas particulièrement dans la lignée de la musique « hyphy » initiée par les activistes de la Bay Area, livrant une musique analogique et indansable qui n’est pas sans nous rappeler un certain Lil’B sur « I’m God », jamais dans la violence, chez eux même un banger se réalise en douceur, à l’image de ce « Swaggin Hard ». Ancrés dans leur ghetto, le rap permet à Squadda et Mondre de faire de l’argent facile pour vivre plus aisément, ils se disent connectés à leur environnement même s’ils espèrent en sortir dans les années à venir. Pour cerner les types rien de mieux que ce mini-report sur la situation du duo, rapportant de la plus belle manière les rythmes de la rue et couvrant les échos qui s’en échappent. J’évoquais quelques lignes plus haut le Green Ova Undergrounds, peu d’infos sur eux maisce collectif composé de plusieurs rappeurs et producteurs possèdent leur propre plateforme, Main Attrakionz y sont affiliés, je vous laisse avec ce « Dreamin » servi par le véloce Shady Blaze, une merveille « lo-fi cloudy rap » à savourer, petits frissons.

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Spaceghostpurrp :

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Débutez cette lecture par un « Imma keep bringin’ tha phonk and you niggaz can’t stop me » et vous serez fixez sur son cas ! Cette tautologie introduite d’une voix lancinante et nonchalante par Spaceghost sur l’obscur « Bringing Tha Phonk 2012 » est issue de sa tape « Mysterious Phonk : The Chronicles Of Spaceghostpurrp » à paraître début juin, une tape que l’on attendu de pied ferme.
J’affectionne tout particulièrement ce genre de rappeurs, perpétuellement dans l’optique de délivrer une musique en marge et prêts à signer sur des labels basés au-delà des limites imposées par le style. Le MC de Floride et affilié du A$AP Mob a décidé de signer chez 4AD, label britannique indé orienté rock, aucune ligne directrice donc, et la liberté de produire la musique qui le caractérise. A mi-chemin entre la Three 6 Mafia et les Bone-Thugs-N-Harmony du début 90’s, la majorité US tout juste atteinte, Purrp n’hésite pas à immiscer des relents pop ou à s’inspirer du Wu et de DJ Screw, instaurant officiellement sa creepy-club music l’été dernier avec « Blvcklvnd Rvdix 66.6 (1991) » où l’on pouvait retrouver l’intemporel « Pheel Tha Phonk 1990» (sur lequel il reprend « Late Night Tip »). Il délivrait-là sa première fournée straight from the hell, un concentré bien dark puant la moiteur des strip-clubs du Tennessee.

Lex Luger :

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Le garçon n’est plus à présenter, à suivre, petite rétrospective et retour sur le parcours d’un producteur au style vif et hargneux.
En 2007, Lex Luger est approché par Gucci Mane qui le signe dans les plus brefs délais sur son label 1017 Brick Squad, voyant-là un diamant brut à tailler. Le rookie se révèlera être le meilleur investissement des années qui suivirent, révolutionnant la trap music, séquestré dans une cave d’Atlanta, posé sagement devant FL Studio.
Sur le long terme, le fait d’avoir jeté son dévolu sur le natif de Suffolk, Virginie, se veut judicieux, Gucci exploite au mieux Lexus qui rencontrera son premier succès en produisant la majorité de « Flockaveli » (premier album de Waka Flocka Flame), dont le très remuant « Hard In Da Paint ». Ce dernier se met alors à pondre galette sur galette pour les trappers du coin et crache de ses entrailles le banger de l’année 2010 avec « B.M.F. » pour Rick Ross, Kanye West le contact en 2011 pour produire et enregistrer quelques beats à New-York, naîtra de cet échange « H.A.M. », hit de l’album « Watch The Throne » réunissant Kényé et Hova. Il récoltera un Award (B.E.T.) du meilleur producteur de l’année à seulement 20 ans. Aux dernières nouvelles il tapait la connexion avec deux membres actifs du crew Odd Future, Hodgy Beats et Domo Genesis se lient le temps d’un projet à venir sous le nom de MellowHigh, on peut déjà se faire une idée des dommages à venir en écoutant « Timbs ».

Mac Miller :

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Il commençait de la plus belle façon avec « K.I.D.S. », sa première mixtape officielle parue chez Rostrum Records. Avec ce concentré des tribulations d’un kid de la classe aisée de Pittsburg, Mac Miller devenait à 19 piges le porte-parole de millions d’ado, blazers aux pieds (on se souvient encore du très bon « Nikes On My Feet »), relatant un way of life des plus banals, entre train-train quotidien, high school, après-midis dans la chatoyante verdure de Pennsylvanie et soirées avec les potos. Il s’est efforcé de placer la cigarette comme élément « cool » dans le paysage visuel hip-hop, en vain.
Garçon avide d’argent qu’il était, il n’a pas attendu de faire ses preuves sur un réel long format avant de vendre son âme à l’industrie, première déconvenue avec « Donald Trump », la sauce ne prend pas (pas avec moi en tout cas), le pire échec de sa jeune carrière (non pas commercial mais qualitativement parlant) réside en cette belle merde que fut « Blue Slide Park », pas que j’ai spécialement besoin de pitchfork pour me faire un avis, on est quand même descendu à un piètre niveau.


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