Le Père Teilhard de Chardin a analysé les tenants et aboutissants de sa foi personnelle dans sa plaquette : « Comment je crois » (Pékin, 28 octobre 1934).
Partant de sa foi inconditionnelle au monde, comme valeur totale et infaillible, en l’ESPRIT comme but du Mouvement qui anime ce monde, un esprit qui exige l’immortalité et qui culmine dans le PERSONNEL.
Il passe alors en revue les différents courants religieux du monde et les confronte aux exigences de sa foi personnelle. Séduit en Asie, par les religions orientales, pour leur sens du TOUT, il est déçu cependant par une Unité qui naît chez elles non de la concentration du multiple, comme lui-même le pensait, mais de sa suppression (page 9 bis).
Attiré aussi par les panthéismes humanitaires modernes (page 10, bis), sortes de religions sans Dieu, pour leur amour des valeurs terrestres, il fut chaque fois déçu rapidement, ressentant une impression d’insincérité, d’inachèvement, d’asphyxie.
Quant au courant chrétien (page 11 bis) de son enfance et de toute sa formation, il ne se sentit pas toujours en accord total avec lui parce que, si le Christianisme lui est apparu comme la religion personnaliste par excellence, il lui a paru manquer de cette dimension cosmique à laquelle il attachait tant d’importance.
En découvrant, notamment chez Saint Paul, le Christ universel et cosmique, le Père Teilhard a enfin pu faire coïncider ses exigences personnelles et une religion positive. Il semble bien que le savant Jésuite est plus qu’il ne le pense, encore influencé par l’Idéalisme.
Son apologétique est séduisante, mais elle fait trop l’économie du sens tragique de la vie. Voilà pourquoi elle semble aujourd’hui peut-être moins actuelle que la pensée de Bonhoeffer.