29 avril Jeff la justice. 1/4 - Nouvelles de demain Il ne lui manquait que l'étoile. De sheriff. Jeff était né pour rendre la justice. Immanente. Il lui suffisait de lire le journal, à la page des faits divers. Un viol. L'homme courait toujours… Cours toujours tu m'intéresses… Jeff n'hésitait pas à se rendre sur les lieux du crime, même si c'était à l'autre bout de la France. D'un côté, sa situation géographique lui facilitait la tâche. Doublement. Il n'habitait pas loin du centre de l'hexagone, à Châteauroux, et il avait connu et rencontré des sheriffs des vrais, à la base américaine. C'était dans les bars qui avaient fleuri autour que lui était venu sa vocation. Sa pension d'adulte handicapé le mettait d'autre part à l'abri de tout souci matériel. Quelques bouffées délirantes à l'adolescence, l'avaient définitivement rayé de la carte de l'emploi. Jeff pratiquait le Kung Fu et le tir, il s'était dégotté une arme en état de marche au surplus américain, et allait régulièrement s'entraîner dans la forêt toute proche, à dégommer des boîtes de conserve. Il n'avait, bien sûr, pas de permis de port d'armes. A l'orée du jour il monta dans sa 205. Il n'avait pas le permis de conduire non plus, bien sûr, alors il prenait les départementales. Un jour un flic à moto, un seul il n'aurait pas dû, a voulu le faire garer, Jeff lui a tiré dessus et a filé sans demander l'addition. Johnny à fond les enceintes, il ne faisait en général qu'une pause, pour manger dans un routier. Il s'arrêtait à une gargote où était garé un maximum de poids lourds, garantie de la bonne bouffe et de l'anonymat. Le paysage défilait comme dans un film, et le paysage flou qui défile dans un film on s'en fout. Toute son attention était fixée sur les détails de l'article de journal. Un homme avec un pull-over rouge, assez grand blond, carré, un routier ? La femme avait survécu et put donner des renseignements précieux à la Police. Comment la presse avait-elle obtenu ces renseignements ? Jeff s'en bat les brosses, ce qui l'intéressait c'était la peau de ce salaud… Un homme avec un pull-over rouge, assez grand blond, carré, c'eut pu être tout aussi bien un rugbyman un déménageur, ou même un voyageur représentant placier, amateur de musculation et de culs de femmes. Roville aux Chênes trois habitants deux bars, le soleil brille dans les verres de blanc. Jeff pénétra dans le bar des sports, commanda un alcool du cru. Se fondre dans le paysage. Ecouter avant de causer. L'avait bien senti que la discussion avait bifurqué sur la météo quand il entra… Après trois eaux de vie de Framboise, les langues se délièrent et l'on en vint naturellement au crime commis dans la forêt, à peine à trois kilomètres de là. L'homme, Un homme avec un pull-over rouge, assez grand blond, carré, instituteur, ils croyaient, avait fui en laissant la pauvre femme cul par-dessus tête. Les gendarmes l'avaient retrouvée, hébétée à la lisière là-bas… Comment saviez-vous qu'il était instit ? Jeff n'aurait pas dû. Les bouches se claquèrent à l'unisson. Il alla sortir lorsque : instit à Rambervillers et si vous le tenez, égorgez-le de ma part… Oui, mais la fille, avec sa jupe à ras le flipper le cherchait, aussi. Jeff demi tourna et régala l'assemblée, il obtint de précises précisions, et une piaule au-dessus du bar. On lui offrit même une tête de veau vinaigrette au repas du soir, spécialité du bourg de l'assassin. L'a pas tuée, note bien ! c'est aussi grave… Notifia Jeff… Le lendemain matin, Jeff était à l'école, qu'il dut fuir à toutes jambes, le directeur aux aguets ayant signalé un type louche aux abords de la cour de récréation. Bon. Un pull rouge, c'était mince, l'avait bien dû se changer. Le flingue dans sa botte il s'enfonça dans la forêt… Il crût rêver lorsqu'il vit un daim courir dans les sapins, il crût halluciner lorsque suivit un homme, un homme avec un pull-over rouge, assez grand blond, carré…. Il sortit son flingue, deux balles, et il redescendit en courant, sauta dans sa voiture et rentra à Châteauroux sans manger. A suivre... demain !
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