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Bob Dylan – l’explosion rock 61-66-Cité de la Musique

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Source : PopNews 30/04/2012


Créature issue de la new-wave et de synthés qui font schboïng schboïng, sommes-nous prêts pour une découverte plus avant des jeunes années de Bob Dylan par le biais d’une exposition ? Piolet en main, masque à gaz en bandoulière, hop !, nous voilà partis à la Cité de la Musique où “Bob Dylan – l’explosion rock 61-66″ est “curatée” (avec un a, pas un e) par Bob Santelli, directeur du Grammy de Los Angeles.

Sans être dylanophile en rien, on apprécie le sieur Zimmermann comme à peu près tout un chacun. Et de là, vient rapidement notre déception. L’exposition extrêmement classique ne nous apprend rien de capital et accumule les fétiches anecdotiques (photos de classe, sweater porté par tel musicien admiré par Dylan, ce genre) le long d’un parcours chronologique scolaire et exempt de surprises. Hommages vidéos enregistrés par untel ou untel se succèdent, et on baille. Factuel, sinistrement factuel. On se surprend même à être pris de mauvaises pensées devant certains textes reproduits sur les murs comme des avancées définitives du “songwriting”, et de l’art poétique du Maître (“Rimbaud rencontrant l’électricité”, on cite de mémoire Alain Rémond, consultant ici). Quelle qu’eût été son importance historique, “The Lonesome Death of Hattie Carroll” a tout du pénible sermon, et son adresse surplombante à des masses ne demandant qu’à être édifiées assez sidérante d’emphase chez un blanc-bec de vingt ans se rêvant en Sage par delà l’immanente justice des hommes.

Autant dire que Dylan protest-singer ne nous touche que lointainement (c’est notre droit le plus strict). Il n’en va pas de même pour sa passionnante transformation en rocker décadent et drogué (ou ce qui à l’époque en tenait lieu). Les photos de Daniel Kramer – qui l’accompagna lors d’une année-charnière entre 1964 et 1965 – sont magnifiques, vivantes, et offrent le portrait complexe d’un ludion chevelu qui grimpe aux arbres, rigole dès que l’occasion se présente, et parfois se referme comme une huître (l’étonnant cliché où Tom Wilson, le producteur black de “Like A Rolling Stone” le toise ou le sermonne entre quatre micros et qu’il se raidit, l’harmonica accroché aux revers de son costume). C’est qu’au fond, avant d’être un Prophète ou un Messie, toutes ces âneries folk-new-age, Dylan était un sale gosse, ce qu’il exprimera tardivement, à partir de “Bringing It All Back Home”, son quatrième album, celui de la “trahison rock”.

La dernière partie, finement conçue par Silvain Vanot, est consacrée à son accueil en France, et notamment à son concert scandaleux à l’Olympia. De très amusants articles collet-monté dénoncent sa “clique de parasites” et le cachet, invraisemblable pour l’époque, qu’il réclama et obtint. La conférence de presse retranscrite sur un panneau est un autre moment de joie grâce aux réponses de Dylan, pleine de morgue, et à la conclusion : “Q : Etes vous heureux ? R : Heureux comme un cendrier…”. Idole classique à la Papa, Bob Dylan fut aussi ce sauvage balbutiant tout de noir vêtu qui jouait avec ses amis beatniks dans le proto-clip de D.A. Pennebaker en ouverture du séminal “Don’t Look Back” (un regret : que l’extrait ne soit pas visible à part, un autre : que le film ne soit visible qu’en extraits). Aucune rock star ne porta autant à s’interroger sur sa nature – et partant sur le statut même de rock star. Les identités multiples de Bowie ne sont que des masques ; leur absence chez Dylan confine au vide qu’un Todd Haynes rendra palpable en faisant jouer le chanteur par plusieurs acteurs, une actrice et un enfant noir dans son passionnant “I’m Not There”. Qui est Bob Dylan ? Un garçon qui “explosant” jeune changea la face du rock, rien que ça…

La bande son de l’exposition déclinée chez Sony Legacy en compilation de tubes indispensables ou coffret copieux des 7 premiers albums confirme qu’au moins trois albums sont indépassables (“Bringing It All Back Home”, “Highway 61 Revisited”, “Blonde On Blonde”, les rock quoi !) mais on peut goûter la face folk du sieur ; tous les Dylan sont dans la nature !



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