Création mise en scène en 1987 sous le nom de Lady Pénélope au Théâtre du Lucernaire, La dame d’Ithaque renaît légitimement de ses cendres dans ce même lieu après 25 ans d’absence comme Ulysse qui fit un beau voyage…
Œuvre écrite à quatre mains par Isabelle Pirot et David Pharao, celle-ci nous offre une version inédite de l’Odyssée d’Homère. Ce même personnage mythique, acteur de la vie de Pénélope, nous fait partager tel un chroniqueur de télévision la vie de celle-ci ainsi que sa personnalité de femme moderne et entière.
Non seulement ce spectacle inventif mêle le contemporain à la pléiade antique. Mais aussi il nous peint, et c’est là l’intention de nos deux auteurs, le conte de cette femme belle et complexe, tiraillée et pleine d’espoir de revoir son époux Ulysse parti à la guerre. Repoussant ses nombreux prétendants avec intelligence et humour et maudissant parfois le mari absent, doutant de son réel retour.
Nous sommes face au point de vue de cette femme si réaliste, si émouvante, si drôle aussi… Pourtant, Pénélope n’est pas seule… Homère, ami de la famille, n’est jamais très loin d’elle.
Ici incarné par Laurent Montel, ancien pensionnaire de la Comédie Française, celui-ci prend le rôle de ses prétendants, plus absurdes les uns que les autres, avec toujours autant de talent, puis enfin celui d’Ulysse. Son aisance et son esprit nous transportent vers une compréhension de cette œuvre parfaitement intégrée à notre ère.
Quant à Marie Frémont, elle nous surprend par son jeu et se rend crédible voire même délicieuse en interprétant Pénélope a tous les âges, elle nous amuse dans celle de la gamine têtue et intrépide et plus encore dans celui de l’adolescente rebelle et attachante puis elle nous émeut de son rôle d’épouse aimante et fidèle. Le tout servi avec un humour lui aussi déconcertant et une justesse et une vérité toujours présentes.
La mise en scène de David Pharao va dans cette direction. Le décor, en carton pâte, qui symbolise cette antiquité désuète à nos yeux, ajouté à quelques éléments de la vie d’aujourd’hui, nous plonge dans une sorte de mise en abîme des genres et des époques.
Nous adhérons sans conteste à ce point de vue avisé et nous regardons et écoutons attentivement cette histoire moderne et féminine qui fut pourtant jadis dominée par les héros masculins…