Magazine Cinéma

[Sortie DVD] Justified 1 (2010)

Publié le 02 mai 2012 par Flow

Justified.(crée par Graham Yost)

Saison 1.

Portrait d'un homme en colère.

 

Après des déboires avec ses supérieurs, le marshall Raylan Givens est muté au Kentucky, dont il est originaire. Là encore, ses méthodes assez peu orthodoxes et son style, très old school, vont faire des étincelles...

 

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 Sortie DVD chez Sony Pictures Television

 

Le pilot de la série établit clairement de quoi il sera question au fil des épisodes. Alors que Raylan juge ses actes justifiés par les évènements, son ex-femme lui rétorque que sa violence n'est que la manifestation de sa colère - «je n'ai jamais vu un homme plus en colère que toi». Ce sera le thème central. Comment la gère-t-il? D'où vient-elle? Autant de questions que les scénaristes abordent petit à petit.

 

La série se présente comme un cop showclassique, j'entends par là que chaque épisode (ou presque) à son enquête bouclée. Dans ce genre sclérosé, elle fait mouche pratiquement à chaque fois. Il se dégage de ces histoires une certaine fraîcheur qui permet de limiter la sensation de déjà-vu émanant habituellement de ce genre de productions. Et ce pour plusieurs raisons.

 

Le terrain d'action choisi est, tout d'abord, peu commun. Ici, pas de grandes villes où les populations riches s'entretuent pour un oui ou pour un non. Le Kentucky fait partie de cette Amérique profonde et silencieuse, car invisible. Paysages ruraux désenchantés peuplés par une population white-trashqui n'a jamais aussi bien porté son nom. Malgré la tristesse du décor, il se dégage de la série un certain humour. Comme chez les frères Cohen (et la comparaison n'est pas volée), il y a un contraste -qui pousse à la dérision- entre la condition pathétique des personnages et les vaines tentatives qu'ils mettent en œuvre pour s'en sortir. Raylan les observe interloqué et du coup les criminels apparaissent toujours comme de parfaits crétins. L'humour naît de ce contraste entre le sérieux des péripéties et la légèreté de leur traitement. Comme pour signifier que notre condition est sans issue.

 

Si le personnage principal semble au-dessus de ces considérations, il est en réalité celui qui est le plus affecté. Il apparaît (et se considère) comme supérieur car il a réussi à échapper à sa condition -matérialisé par sa fuite loin du Kentucky et de ses habitants- mais elle n'était que provisoire. Il est contraint de revenir et s'il ne souhaite qu'une chose, fuir à nouveau, il va petit à petit se rendre lui aussi à l'évidence. Il ne peut échapper à ce qu'il est et à cette colère qui l'anime.

 

Cet attachement à la terre (les personnages même menacés de mort refusent de fuir; c'est le cas de Boyd, d'Ava) est étudié de manière intéressante par la série. Entre amour sincère et fatalité, le sol est le moteur poussant les personnages à se démener pour y demeurer (Ava, Bo, Boyd, Arlo) ou pour le quitter (Raylan) mais dans tout les cas pour y exister. Métaphoriquement, l'espace de vie des personnages équivaut à cette dernière. Il en détermine le cours.

 

Je ne sais pas si je suis clair mais poussons le raisonnement jusqu'au bout. L'espace est un personnage à part entière et il pèse de tout son poids dans la vie des personnages. Cette conception est très américaine et elle se retrouve dans un genre auquel la série fait référence (et auquel la filmographie des frères Cohen peut-être raccrochée, ce qui boucle la boucle): le western.

 

Raylan est un cow-boy (tenue, code d'honneur) mais l'action se déroule dans le présent. Son attitude apparaît donc décalée, voire ridicule. S'il explique le chapeau de manière très simple (« Je l'ai essayé, il m'a plu et je l'ai gardé ») il est évident qu'il signifie bien plus. Il prouve que malgré ses dires, le marshall désabusé est celui qui est le plus attaché à sa terre et qu'il la protégera (elle et ses habitants) de toutes ses forces.

 

Vous l'aurez compris, le lien entre l'homme et son espace de vie est au cœur de JustifiedMais les relations entre les personnages n'en sont pas moins passionnantes, tout comme les personnages eux-même. Je vous les laisse découvrir et ne reviendrait que sur le couple Raylan/Boyd. Le second est un de ces personnages qui fascinent immédiatement car il est totalement imprévisible. Les deux hommes ont grandi ensemble, ils étaient amis, mais ont suivi deux voies opposées. L'un applique la loi et l'autre est un criminel. Pourtant, ils sont identiques tant et si bien qu'ils finissent par devenir les deux faces d'une même pièce. La relation houleuse qu'ils entretiennent avec leur paternel respectif (et qui constitue le nœud de la saison) est passionnante à suivre tant elle est révélatrice de ce qu'ils sont.

 

 

Tout n'est pas parfait mais Justifiedest une excellente surprise qui, je l'espère, vous convaincra autant qu'elle m'a convaincue.

Note:

Pastèque de premier choix


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