Blockhead – Interludes After Midnight | LP (Ninja Tune)

Il y a des noms comme ça qui ne déçoivent pas, frénétique frénésie que de pouvoir lancer une lecture audio en sachant d’ors-et-déjà que l’interlude se donnera rendez-vous avec Épicure. Blockhead ou des albums tous anthologiques, le producteur Anthony Simon atmosphérise nos oreilles déjà imbibées du 2nd millénaire par des sonorités et des samples tout droit sortis des années 80 – 90, bonne dose d’abstract hip hop, de jazz et de trip-hop.

Faisant suite à « The Music Scene », sorti en 2009 sur Ninja Tune, « Interludes After Midnight » insiste pour de bon sur les différentes inspirations de monseigneur Blockhead. Les 12 pistes enchantent, sans baguette qui désenchante. Comme une intro qui force la mémoire, les premières gammes de Never Forget Your Token nous font descendre de l’ascenseur du domicile pour commencer une déambulation urbaine riche de sons, de samples et d’imaginaires visuels se dévoilant un à un, au gré de la ballade. Downtempo toujours de mise. La MPC de Tony s’emballe de créativités tout en touchant à l’univers Blockhead qui le compose depuis quasi 20 ans, depuis sa déterminante rencontre en 1994 avec Aesop Rock.   

Meet You At Tower Records s’insinue dans un bar pop planant, rencontre électrique calmée par le beat flûtiste, basse et bouclage de flow hip hop, regain du cuivre, envolée du métro qui sort du tunnel, le regard couvre une ville nocturne de ses lumières ethniques. Le bip de sortie, ouverture des portes, bruit des roues s’engageant sur les rails, les épaisses fumées emprisonnent le souffle, quelques pas jusqu’à l’usine Smoke Signals, noirceur de timbre, rythmique s’éveillant à chaque croisée humaine, la foulée se fait échappée. Snapping Point est tout ce qui m’émerveille dans le son Blockhead, légèreté des samples, subtilités de leurs transgressions, la douceur s’interprète positivement dans une rencontre qui monte petit à petit en puissance. Douceur et calme retrouvés fermeront d’ailleurs cet opus.

Un seul featuring avec le new-yorkais Baby Dayliner (aka Ethan Marunas), plus largement représentatif d’une électro new-wave pince-sans-rire un poil sordide. Le choix de cet artiste est étonnant puisque ce dernier a pas mal balancé sur certains rappeurs, qu’on préfère taire, avec son titre Hoodlums in the Hit Parade. Blockhead s’éloigne définitivement du mainstream et tient à sa qualité.

En résumé, l’album 5ème du nom a tous les acabits de Blockhead et trouve certainement d’autant plus une pertinence actuellement. Les mauvaises langues développeront la trame du sans surprise plutôt que celle d’aucune mauvaise surprise, mon parti est pris et baigne incontestablement dans mes oreilles ce mois-ci.