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Massive Attack ‘ Mezzanine

Publié le 04 mai 2012 par Heepro Music @heepro

Massive Attack ‘ MezzanineQue je le veuille ou non, je suis obligé d’admettre que sans ce disque, Massive Attack ne serait pas le Massive Attack que tout le monde connaît. Certes, le même stricte constat prévaut pour Blue Lines ainsi que, dans une moindre mesure, pour Protection.
Mezzanine est un coup de pied dans la propre fourmilière construite par le groupe avec leur « debut album » de 1991, Blue Lines, qui donnait déjà un coup de pied dans la ruche du hip-hop, du DJing ou de la musique électronique.
En 1998, avec ce troisième opus, considéré par la très grande majorité des fans (ou non fans) comme leur meilleur, un chef-d’œuvre.
Autre aveu : non seulement je me démarque de cette majorité absolue mais, de plus, Mezzanine est tout simplement le disque de Massive Attack que j’écoute le moins (oui, même le dernier, Heligoland, arrive devant).
Ce qui m’embête avec Mezzanine, ce n’est pas la musique, mais sa composition. J’explique : l’intermède instrumental « Exchange » me dérange totalement, je le trouve inopportun. Pire, le doublon, avec « (Exchange) » en fin d’album – tout simplement, le même morceau, avec Horace Andy en plus – alourdi l’ensemble. Bref, voilà mon reproche majeur et essentiel à propos de Mezzanine.
Autrement, rien à redire. « Angel » commence furieusement, avec un son extrêmement lourd, lentement, presque violemment. La tension se poursuit avec « Risingson » d’abord, puis le culte « Teardrop » et la voix de Elizabeth Fraser de Cocteau Twins (après Shara Nelson, Tracey Thorn et avant Sinéad O’Connor) mais surtout le magnifique et frissonnant « Inertia creeps ».
Le retour aux choses sérieuses après la « pause » n’est pas aisé, car toutes les tensions semblaient alors disparues… mais ressurgissent instantanément. Après les quatre titres d’ouvertures (tous des singles), les cinq de la seconde moitié remuent le couteau dans la plaie finalement encore béante dès « Dissolved girl ».
La liste des samples utilisés est très pertinente, avec The Cure, le Velvet Underground, Isaac Hayes et John Holt.
Hormis les deux « Exchanges », tous les morceaux durent entre cinq et huit minutes, ce qui alourdit encore la noirceur de l’œuvre, parfaitement illustré d’une bête entièrement noire, presque robotisée, ou alors incrustée d’éléments métalliques la rendant encore plus étrange et plus sombre.
Enfin, c’est le dernier album de Massive Attack en tant que « trio », Mushroom les quittant par la suite. Horace Andy ou Neil Davidge ne font pas officiellement partie du crew, cependant, ils continueront d’être présent sur les albums suivants. Quant à Tricky, son chemin en solo a été tout aussi brillant qu’en collaborant avec Massive Attack, il n’est donc pas étonnant qu’il ne soit pas revenu ici s’embourber.
En trois albums, sortis consécutivement en 1991, 1994 et 1998, le groupe de Bristol allait posé, imposé et explosé un genre toujours aussi difficile à définir : le trip-hop. Je pense que Blue Lines en serait le parfait exemple. Ensuite, les directions prises en sont trop éloignées pour continuer à garder une cohésion de genre. Protection sera plutôt « lounge », Mezzanine « soul-électro-rock ». Bien sûr, les éléments de la signature des compères demeurent présents : les voix de 3D, Daddy G, Horace Andy ; les emprunts au hip-hop, au raggae, au dub, au rock voire à la soul ; le sampling ; et puis surtout, ce côté ultra branché qui colle à la peau de Massive Attack depuis le début des années 90, et encore en 2012, alors qu’ils seront bientôt… quinquagénaires.
De vieux jeunes qui détonnent encore, à voir au moins une fois en live dans sa vie, et à écouter bien plus souvent encore, sur votre terrasse ou dans le métro, à jeun ou bourré, seul ou en famille. Mais attention à la morsure de « Mezzanine » et, surtout, « Group four » qui aurait mérité de clore l’album pour un final apocalyptique.


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