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Le bas de laine des politiques

Publié le 04 mai 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Le bas de laine des politiques

On parle de choses sérieuses, de choses qui tracassent notre quotidien, on parle d'argent. Alors, nous savons que tu viens certainement de boire ta bourse d'étude et que " quand tu retournes tes poches, la poussière te pique les yeux ". Mais ça, c'est parce que tu n'as pas dans ton camp un trésorier de campagne.

Un trésorier de campagne, c'est un peu le travailleur de l'ombre, le mec qui sait tout du candidat pour lequel il travail. Il reçoit les factures du coiffeur, du restaurant, du bouquet de fleurs envoyé à la mère Michel pour la remercier de sa sénile sympathie ; mais aussi les factures de soirées arrosées d'hôtels privés qui finissent dans la colonne " frais divers ". Ils sont les seuls rares à venir du monde de l'entreprise. Ils savent décoder un compte d'exploitation et tiennent bon la barre, pendant que beaucoup d'entres nous auraient déjà eux les yeux en triangle avec tous ces chiffres. Comme nous le précisions, ce sont des travailleurs de l'ombre, et oui, parce que les meilleurs gangsters c'est ceux qu'on ne connait pas. Lorsque l'on commence à parler de ces trésoriers dans la presse, ça sent vraiment le pétard mouillé. Eric Woerth en est le parfait exemple. Il répond aujourd'hui devant la justice de son implication dans l'affaire Bettencourt et du financement de la campagne du président sortant en 2007.

Faisons les comptes.

Un grand meeting coûte environ un millions d'euros et les candidats essaient de nous vendre que la plupart des fonds sont tirés des ventes de T-shirts et de la collecte de dons en liquide limités à 150 euros par personne. Evidemment, ils ont un autre levier : celui des dons privés qui sont limités à 4 600 euros par personne. Il y a néanmoins une petite subtilité car si le don est adressé à un parti il peut monter jusqu'à 7 600 euros. Tous les moyens sont bons, à la seule chose qu'une campagne présidentielle coûte approximativement 20,5 millions d'euros. De quoi éveiller la suspicion. Le trésorier de la campagne d'Eva Joly, Yves Contassot " [...] découvre chaque jour à quel point la règle est faite pour être contournée ". Il est d'ailleurs le seul à bien vouloir montrer aux journalistes le détail de ses comptes, sans pudeur.

La cours des comptes est garante de la bonne tenue du compte en banque. Le plafonnement des campagnes (environ 16 millions d'euros pour le premier tour et 21 million pour le second) et la vérification des comptes donnent le droit à un remboursement de 47,5% des dépenses par l'Etat. Cette approche est censée favoriser la transparence, oui mais après ? Il faut dépasser les 5% est là, ce n'est pas chose faite pour les petits candidats qui eux ont recours à des prêts dans des établissements financiers privés ou mutualistes pour pouvoir offrir un jambon beurre au staff du meeting.

En 2007, le président sortant et la candidate socialiste ont tenté de se faire rembourser respectivement 34 445 euros et 51 659 euros de maquillage ou encore pour Ségolène Royale 53 581 euros pour détecter d'éventuels micros espions dans son QG de campagne. La commission a donc décidé d'en rembourser le tiers en émettant des doutes sur les montants. Une broutille de quelques milliers d'euros. En revanche, la preuve du financement de la campagne de 2007 du candidat UMP par M. Kadhafi, apportée par le journal d'investigation Médiapart est d'un autre calibre.

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