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Machinedrum – Nastyfuckk EP

Publié le 09 mai 2012 par Lcassetta

L’hyperactif Machinedrum, que nous couvrons beaucoup, a sorti en début d’année l’un des EP les plus appréciables de 2012, compilant deux remixes et deux chansons originales qui figurent parmi ses meilleures productions. Chronique de Nastyfuckk EP !

Je crois que j’ai tellement couvert Machinedrum qu’à la longue vous devez tous le connaître… Allez, une dernière fois, promis. Machinedrum est la moitié de Sepalcure, il sort beaucoup, beaucoup de trucs, qui sont souvent très bons, que ce soit en solo, avec Braille pour former Sepalcure ou avec Om Unit pour former Dream Continuum.

Non content d’avoir sorti le meilleur album de musique électronique de 2011, Machinedrum s’aventure entre les deux extrêmes de cet album sur les deux excellentes chansons originales de cet EP. Ainsi, on retrouve les mêmes sonorités que sur Room(s) : On s’aventure entre le pur banger de son footwork survitaminé et révolutionnaire, et les samples sensuels et profonds qui se retrouvent guidant des beats très chill et burialesques. Sauf qu’ici, le producteur souhaite encore expérimenter ses nouvelles sonorités et nous pose alors deux extrêmes.

On a droit à un title track fulgurant et plus imposant que tout ce qu’il a produit à ce jour, et de l’autre côté sa production la plus calme, profonde et burialesque sur What U Wanted 2 Feel. Cependant, si les deux partagent quelque chose, c’est bien le côté vraiment sombre et obscur qu’il attache à ces deux chansons.

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Intéressons nous au title track, Nastyfuckk. C’est pas pour être gratuitement grossier, mais le titre n’aurait pas pu être plus adapté. Cette chanson est très sale, dirty, filthy, et autres adjectifs qu’on pourra trouver dans n’importe quelle vidéo de faux dubstep à 50 millions de vues… Sauf que là, ce n’est pas vraiment du dubstep. Ce n’est pas vraiment du juke non plus… C’est plus un carrefour de genres où se rencontrent dubstep, juke, dark ambient, techno, brostep, bass, et le résultat est unique et immense à chaque seconde. Dès l’ouverture, on sent le synthé au bpm tonifiant et les hi-hats violents qui résonnent, pour se transformer progressivement en une basse très grimey et sale. On pourrait même parler de bro-juke, tellement les sonorités de Nastyfuckk respirent la bonne EDM et la basse suintante. La première moitié de la chanson est consacrée à cette basse footwork sortie tout droit des profondeurs de l’enfer, bien sale, qui vous agresse avec une puissance encore jamais atteinte dans la production de Machinedrum. La seconde moitié est beaucoup plus similaire à Room(s), lorsqu’en plein milieu la bassline industrielle se transforme en un synthé ambient très typique de l’artiste, et c’est bien ce contraste entre violence gratuite et finesse intense qui caractérise tout l’EP. Ce track a ce feeling très imposant et massif, qui claque très violemment tout en restant unique et groundbreaking, révolutionnaire. Le fait qu’il n’y aie pas de sample vocal est assez rare en footwork, et cette utilisation du footwork pour accentuer la violence et non pas tonifier est très bien pensée et utilisée ici.

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En effet, tout l’EP joue sur ce contraste. Nastyfuckk est la production la plus violente du producteur, et What U Wantd 2 Feel sa plus douce. Ce dernier est, en gros, un beat très laid-back et comblé de profondes basses, conduit par un sample loopé et pitched, et très bien travaillé. En plein milieu, on accueille un sample très réminiscent d’un Burial encore plus dépressif, presque aussi sombre que Holy Other.

Cependant, à côté de ces deux perles de la discographie de Machinedrum, les deux remixes semblent bien pâles. Il remixe No Schnitzel de Badawi pour un résultat quand même bon et efficace : du footwork classique, toujours accompagné d’une basse démente mais beaucoup moins puissante que celle de Nastyfuckk. Le remix de What U Wanted 2 Feel par Pixelord est très différent de l’original, et inclut un côté beaucoup plus dubstep et des samples qui… n’ont rien à faire là, sans parler du synthé 8bit. Au final, ce remix dénature totalement l’original et Pixelord semble avoir mis ses idées dans une boite dont il aurait pioché 3 ou 4 idées au hasard, en les éparpillant un peu partout sur ce remix.

En définitive, l’EP reste ruiné par les deux remixes dont on se serait allègrement passé… Mais il serait totalement immoral de passer à côté de l’EP et donc d’éviter les deux fantastiques chansons originales de Machinedrum, qui figurent parmi ses meilleurs exploits et qui auraient trouvé leur place sans difficulté sur Room(s). L’EP est très peu cohérent, certes, mais on y comprend aisément que Machinedrum a voulu essayer d’exploiter le thème de l’obscurité en prenant deux extrêmes. Le côté sombre est excellemment bien travaillé, et Nastyfuckk s’impose grâce aux deux chansons originales comme l’un des EP les plus solides de cette année. 8.3/10

Machinedrum – Nastyfuckk EP
Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Etudiant de 18 ans passionné de musique underground. Je connais la musique comme ma poche et des trucs que même Discogs ignore... Je te fais découvrir les meilleures et les pires sorties, je façonne ton goût. C'est moi qui analyse la musique actuelle et qui vous cultive. Pour vous servir.


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