À 40 ans, Mélina est la voix la plus célèbre de France. Animatrice à la radio, la nuit à l’antenne elle résout les problèmes affectifs et sexuels des auditeurs avec impertinence, humour et sans tabou. Tout le monde connaît sa voix, mais personne ne connaît son visage. Dans la vie, elle évite tout contact et vit comme une vieille fille dans les beaux quartiers.
"Parlez-moi de vous" de Pierre Pinaud
Avec : Karin Viard, Nicolas Duvauchelle Sortie le 11 Mai 2012 Distribué par Diaphana Durée : 85 minutes Nombre de Disque : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
Festival du Film de la Réunion : Mascarin d’Or. Karin Viard, meilleure actrice.
Si les refrains de Michèle Torr rythment la cadence du film, c’est la chanson du générique de fin qui le résume très bien. « Laissez vous aller, le temps d’un baiser, je vais vous aimer» chante joliment Berry en écho à l’histoire de cette animatrice radio qui conseille nuitamment les autres, sans pouvoir organiser sa propre vie.
Elle n’est pas aisée, j’en conviens, après avoir été abandonnée dès le berceau, par une mère qui ne vous reconnaît plus aujourd’hui. Tout l’intérêt est là, dans ce face à face qui ne dit pas son nom et que Pierre Pinaud, s’ingénue à dévoiler tardivement.
Cet effet de mise en scène serait payant à condition de le monnayer par une écriture moins lâche, qui se joue d’un faux suspense. L’histoire est belle, mais le scénario est trop faiblard, trop facile.
A l’image du jeu de Karin Viard, à qui il manque semble-t-il une véritable directeur d’acteur pour mener à bien sa quête de reconnaissance maternelle. On attend la révélation, le choc et pour une scène sublime (dans la voiture, quand les deux femmes se donnent rendez-vous) l’ensemble demeure très convenu.
Le côté intéressant du film demeure ce regard posé sur une vedette qui ne brille que la nuit. Calfeutrée dans son appartement petit bourgeois du XVI ème arrondissement, elle ne connaît rien à la vie qu’elle va maintenant découvrir en poussant la porte de la maison familiale où personne ne la reconnaît.
Ni l’enfant d’autrefois, ni la star radiophonique. Une double « absence » qui ne peut que raviver la douleur de la jeune femme.
A noter que Nadia Barentin, qui joue excellemment la mère est décédée peu après le tournage. « Elle a appris qu’elle était malade juste avant mais elle a reporté son traitement pour faire le film, j’ai appris plus tard la gravité de sa maladie et de son choix » révèle Pierre Pinaud.
LES BONUS
Il s’agit d’un moyen et court-métrage de Pierre Pinaud
- « Les Miettes » ( 33 minutes )
Même si on pouvait édulcorer un brin le récit de cette aventure tournée en noir et blanc, dans une lumière très diffuse, il reste une très belle fable sur la précarité, et les délocalisations. Comme quoi on peut parler de sujets sérieux et difficiles, sans en faire des réquisitoires. Un moyen métrage tourné comme au temps des premiers Charlot. Voyez « Le Kid », par exemple.
- »Gelée précoce » (16.33 minutes )
Plus classique, l’évocation de l’homosexualité au travers du regard d’une petite fille.
En bref
Le film
Un film pas désagréable, mais qui ne va pas au bout de son sujet, par la faute me semble-t-il d’une mise en scène timide. Et l’histoire qui s’entortille, cherche à plusieurs reprises un second souffle
Les bonus
Sur les deux courts métrages, « Les Miettes » révèle un certain style, et beaucoup d’originalité, qui n’apparaissent ni dans le second métrage, ni dans le film.