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Les visages écrasés - Marin LEDUN

Par Wakinasimba

visages-ecrases

Seuil, 24 mars 2011, 320 pages

Résumé de l'éditeur :

" Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines.
Ces projets montés en quelques jours, annoncés priorité-numéro-un, et abandonnés trois semaines plus tard sans que personne ne sache vraiment pourquoi, sur un simple coup de fil de la direction. La valse silencieuse des responsables d'équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles, mutés dans une autre agence ou partis par la petite porte. (...) L'infantilisation, les sucettes comme récompense, les avertissements comme punition.
La paie, amputée des arrêts maladie, et des primes au mérite qui ne tombent plus. Les objectifs inatteignables. Les larmes qui montent aux yeux à tout moment, forçant à tourner la tête pour se cacher, comme un enfant qui aurait honte d'avoir peur. Les larmes qui coulent pendant des heures, une fois seul. Mêlées à une colère froide qui rend insensible à tout le reste. Les injonctions paradoxales, la folie des chiffres, les caméras de surveillance, la double écoute, le flicage, la confiance perdue.
La peur et l'absence de mots pour la dire. Le problème, c'est l'organisation du travail et ses extensions. Personne ne le sait mieux que moi. Vincent Fournier, 13 mars 2009, mort par balle après ingestion de sécobarbital, m'a tout raconté. C'est mon métier, je suis médecin du travail. Ecouter, ausculter, vacciner, notifier, faire remonter des statistiques anonymes auprès de la direction. Mais aussi : soulager, rassurer.
Et soigner. Avec le traitement adéquat. "

Mon avis :

Si vous avez lu "Les heures soutteraines" de Delphine de Vigan, vous vous souvenez que l'univers de l'entreprise qu'elle décrit est sombre et sans pitié. Et bien, Marin Ledun tape encore plus fort. Si, si, c'est possible.

L'auteur se place dans la peau et les pensées de la psy d'une entreprise de démarchage téléphonique qui a déjà connu plusieurs restructurations, et quelques suicides. Mais dans ces pages, c'est au tour de la psy de pêter les plombs : stress, absence de vacances, accès aux médicaments sans limite, et événement déclencheur lui font presser la détente et éliminer un de ses collègue et patient.

Tout le roman tourne donc autour de cette énigme : pourquoi ?

La narration est sans fioriture, phrases courtes et sèches. A tel point que je me suis sentie immergée dans cette ambiance de rentabilité de l'entreprise, stressante pour le lecteur également.

Et puis, tous les types de psychotropes légaux nous sont détaillés par le menu, car la psy les a tous à disposition et en absorbe jour et nuit à une cadence infernale.

Un roman noir, très noir, sans issue.

L'image que je retiendrai :

Celle de l'estomac de la psy qui ne peut plus avaler rien de solide, si ce n'est des cachets.


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