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« Titanic » en 3D : de la boite à musique au cœur de l’océan (3/4)

Par Sheumas

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Le film devient sublime dans cette peinture du tragique... Comment les hommes réagissent-ils quand ils se savent condamnés ? Avec sa caméra, James Cameron dresse un tableau stupéfiant de la condition humaine. Effets de ralentis, portraits instantanés. Clameurs. Silence. Lumière. Ombre... « Navire glissant sur les gouffres amers », le Titanic n’est plus qu’un bateau ivre en suspens. L’iceberg « a tout dispersé, gouvernail et grappins ». Sur l’horizon de la mer glacée, « infusée d’astres, lactescent » s’écrit une page tragique du « Poème de la mer »... Le Grand hôtel de Balbec part désormais à la dérive et personne n’en admire plus les façades illuminées.

   Les malheureux personnages de ce drame comprennent qu’ils sont devenus, sous le grand ciel étoilé de l’Atlantique nord, les dérisoires marionnettes de Shakespeare, les « walking shadows » (ombres fantomatiques) d’un drôle de « conte raconté par un idiot »... Pour ne pas affoler les deux mille passagers, le commandant a donné ordre aux musiciens de l’équipage de jouer des airs gais. Et l’eau galope en cadence à tous les coins du navire.

   « Pour la première fois l’aigle baissait la tête » : l’insubmersible colosse s’incline et sa cheminée s’écroule. Et pendant ce temps-là, sur le pont du navire, comme sur « la branloire perenne » de Montaigne, hommes et femmes courent dans tous les sens. Le monde est devenu fou, la terre est sortie de son orbite, « time is out of joint ». Il y en a, parmi les « frères humains », qui écrasent les autres pour sauver leur peau, il y en a qui cèdent à la panique, il y en a qui prient et qui écoutent le sermon du pasteur : « Je marchais à travers la vallée de l’ombre et de la mort... Et je vis la cité sainte de Jérusalem »... Certains restent dignes, un verre à la main, chapeau haut de forme sur la tête. Un vieux couple s’enlace sur le lit nuptial comme sur un ultime radeau, un enfant crie pétrifié dans un couloir inondé, une maman raconte une légende irlandaise à ses enfants au sujet du « pays de la jeunesse et de la beauté éternelles »...


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