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Louis Guilloux - La maison du peuple - Le 12 d'Ys

Par Mango
Louis Guilloux - La maison du peuple - Le 12 d'Ys
Louis Guilloux - La maison du peuple - Le 12 d'YsPour le 12 d’Ys de ce mois-ci  sur le thème des classiques français, je devais lire «Le pain des rêves»  de Louis Guilloux, une lecture commune avec Fransoaz mais comme je n’ai pas pu me procurer le livre à temps, j’ai choisi celui qui s’offrait à moi du même auteur: «La maison du peuple». J’espère que  Ys et Fransoaz ne m’en tiendront pas rigueur. C’est en 1927 que Louis Guilloux (°+Saint-Brieuc, 1899/1980) a publié  un premier roman  largement inspiré de sa vie d’enfant  à Saint-Brieuc, une ville de Bretagne d’avant la première guerre mondiale où la misère des uns côtoyait  sans nuances la richesse des autres. Cependant quelques ouvriers commençaient à se révolter et à s’organiser pour réclamer plus de justice et d’égalité. Le père de l’auteur était de ceux-là. C’était  un  cordonnier très démuni, plein de colère et d’espoir à la fois. Après la trahison du nouveau maire de la ville que ses amis et lui avaient contribué à faire élire, il n’avait plus qu’un seul but,  celui de voir se créer dans sa ville une maison du Peuple, symbole d’une culture populaire opposée à celle des bourgeois. . C’est de cette lutte que parle le livre. Avec bonne humeur et frénésie, artisans et ouvriers s’entraident pour la construire jusqu'à ce que surgisse la déclaration de guerre  de 1914. J’ai beaucoup aimé ce roman qui, contrairement à ce que pourraient faire penser le titre et le résumé, m’est apparu surtout comme un récit d’enfance tendre et chaleureux. Bien sûr les faits sont cruels et rien n’épargne la famille, ni le manque d’argent pour se nourrir ou se vêtir convenablement, ni la maladie et l’hôpital pour les pauvres, ni surtout les humiliations et la nécessité de quémander du travail chez les uns et les autres mais ce qui domine c’est l’amour des enfants pour leur mère, l’admiration pour leur père et la tendresse infinie pour la grand-mère ainsi que l’entraide et la fraternité des compagnons de travail.  Ce que j’aime  surtout dans ce récit, c’est le talent de conteur de Louis Guilloux qui ne sombre jamais dans la théorie ou les grands sentiments. Tout est suggéré à partir de courtes  scènes  prises sur le vif et racontées  avec précision et entrain comme si on y était.Le style est simple et  d’un classicisme très efficace. Les phrases sont courtes et vont toujours à l’essentiel  L’enfant  est là derrière l’auteur et c’est lui qui se souvient si précisément des détails parfois saugrenus. Le récit est précédé d'une préface de Camus dont Louis Guilloux était devenu l'ami. Des coîncidences les ont rapprochés: La misére dans laquelle ils ont vécu leur enfance, le professeur de l'un en Bretagne devenu celui de l'autre en Algérie, la tombe du père de Camus  dans le cimetière de Saint-Brieuc, tout près de la maison de Guilloux. C'est d'ailleurs à l'occasion d'une visite de Camus à cette tombe qu'ils se sont rencontrés dans la bibliothèque de la ville. Voici  quelques passages de cette préface:
Je n'ai jamais pu lire "La Maison du Peuple " sans un serrement du cœur."Voilà le grand art de Guilloux  qui n'utilise la misère de tous les jours que pour mieux éclairer la douleur du monde. Il pousse ses personnages  jusqu'au type universel, mais en les afisant passer d'abord par la réalité la plus humble. Je ne connais pas d'autre définition de l'art.

La meilleure présentation de l'auteur que j'ai pu trouver est celle de Yann Venner en commentaire d'un blog, le 10/12/2009 (il me faut retrouver le blog en question)Louis Guilloux, homme "à son compte", était un humaniste profond avec un côté un peu anar. Il aimait rire des petites choses et ses doigts noueux autour de sa pipe semblaient aussi trembloter de rire. Je suis allé avec lui au cimetière St Michel de St Brieuc sur la tombe du père d'Albert Camus. On parlait de poésie, de littérature, du vent, de l'amour et du vin... Moments rares et complices. Son prix Renaudot en 1947 était amplement mérité. Mais les honneurs ne l'intéressaient guère. Il leur préférait l'amitié discrète et la liberté de pensée.A voir: à l'INA, ou ICI, l'émission de Pivot recevant Louis Guilloux, très bien racontée ICI,  

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