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Most-underrated MC’s, méconnus et pourtant…

Publié le 12 mai 2012 par Unionstreet

Most-underrated MC’s, méconnus et pourtant…

Traiter le thème des « most underrated MC’s » ou littéralement « rappeurs les plus sous-estimés » n’est pas une mince affaire. La question de l’objectivité se pose très rapidement, « pourquoi lui plutôt qu’un autre ? », coupons court à tout débat, ici seront présentés quelques visages, déconsidérés par une grande partie du peuple, certes ces choix pourraient être contestés et discutés, c’est pourquoi en plus de mettre en avant une formation de 4 artistes sur lesquels nous devrions tous porter une oreille plus attentive et un égard certain, j’édicterai une sous-liste avec d’autres pistes à suivre et donc d’autres noms, histoire que l’on ne blesse pas l’ego des fans de la première heure.
Même si, TOI, cher lecteur, n’y trouve pas ton intérêt, il m’est difficile de tourner autour du pot, tergiverser et léser la légitimité de ces rappeurs (que j’ai choisi) à figurer ici-même.

Ras Kass :

Most-underrated MC’s, méconnus et pourtant…

C’est l’histoire d’un rappeur qui commençait sa carrière avec un classique méconnu. Aujourd’hui « Soul On Ice » pourrait figurer au panthéon du hip-hop, se tenir aux côtés d’un « Illmatic » s’il avait bénéficié de l’exposition nécessaire, et ce n’est pas Nas qui vous dira le contraire.
Ras Kass est un rappeur de la trempe des grands lyricistes, appartenant à la classe de ces types légèrement gifted, ces mêmes types qui présentent une faculté exceptionnelle à raconter des histoires, la rime affutée, la technique pointilleuse. Il aurait pu employer ce don dans l’optique de conter monts et merveilles à son auditoire, il préfèrera s’engager dans une longue bataille, débutant sa carrière avec un masterpiece à travers lequel il démontre une versatilité onéreuse que chacun aimerait s’offrir.Le hit-single qui passera en radio concentrera et l’essence et la qualité du personnage, pour aller droit au but, Ras Kass n’a jamais confondu intégrité avec porte-monnaie, s’attelant à délivrer une parole de poids et un message fort.
Dès lors, il instaure un climat minimaliste, sans artifices, s’attachant à des référencesculturelles solides, déployant sa verve au service de causes nobles ou encore pour dénoncer inégalités et mauvaises entreprises inscrites dans les consciences collectives (théorie de la conspiration, thème biblique, état du hip-hop, gangsta way of life de Miami, misogynie traditionnelle du californien, ségrégation raciale…). Sur des beats n’empruntant qu’un volume peu conséquent, son flow impose un climat froid et terne, à des milliers de kilomètres du soleil de Carson, loin de l’identité originelle de la left-side. On le sentirait presque plus à l’aise sur des productions taillées à la new-yorkaise, en omettant l’instrumentalisation, n’importe quel beat se serait pour ainsi dire effacé sous la plume du Waterproof Emcee, le meilleur exemple à ce jour demeure le brillant « Nature Of The Threat », cataclysme long de 8 minutes retraçant l’histoire à travers la suprématie blanche sur le monde.
Bien entendu j’aurais pu m’attarder sur son deuxième album bien plus chaleureux, bien entendu j’aurais pu vous parler de ses problèmes avec l’industrie, que ce soit dans un premier temps avec ses labels (choix du single de l’album « Van Gogh », déconvenue avec le producteur Alchemist qui a revendu un de ses beats à Jadakiss, passage par la case prison à plusieurs reprises) ou plus récemment avec la Save the Ras Kass campaign où il se présente tel un endangered lyricist, se comparant à une denrée rare brimée et oppressée par les attentes économiques de l’industrie (à lire cette interview où il nous fait part de son point de vue quant à la place d’un rappeur non formaté dans l’industrie musicale actuelle, son parcours et ses projets mis en place dernièrement..).
En conclusion, seuls sa fanbase et un auditoire averti le sauveront des méchantes griffes des braconniers du hip-hop, car Ras Kass, c’est un peu une espèce en voie de disparition, un MC qui n’est pas là pour présenter un concept en lieu et place de ce qu’il est réellement : un honnête être humain dans le paysage rap.

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Canibus :

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Alex Jones, animateur radio très controversé aux USA a dit : « Canibus is the rap worlds », soulignant ô combien ce rappeur décrypte son monde.
Canibus appartient à cette classe que l’on pourrait nommer « High IQ rap », classe qui prend tout son sens à la fin de la Golden Era, et dont l’avènement se calque sur le début des 2000’s. Il est ici question d’un homme intelligent, qui serait probablement au rap ce qu’est le metal au rock, ayant pour vocation de transmettre un message d’une ténacité à toute épreuve.
Grâce à une voix perçante et percutante, à l’image d’un combattant sur un ring, l’ancien compère de Ras Kass (au sein du super-collectif The HRSMN) délivre un engagement effronté à travers les pistes de ces albums. Un flow impeccable, des lyrics pointus, son style sans égal ne fait pourtant pas l’unanimité, en effet, on se rend tristement compte que la verve lyricale dans laquelle il s’est lancé est difficilement accessible aux regards des masses, et ce, malgré une exposition forte acceptable, ceci le balançant tout droit vers la case des « Most underrated MC’s ».
D’une oreille purement « rapologique » il est de loin l’un des meilleurs MC qu’a pu connaître les rangs du Hip-Hop américain, malheureusement trop engagé, trop ancré sur la teneur et la consistance, laissant bien loin derrière l’enveloppe, qui selon lui, ne doit être qu’un détail sans réelle importance face au poids qu’il accorde au contenu. A la vue de ses covers et des instrus sur lesquelles il pose, on sent qu’il se satisfait du moindre comme pour accroître la qualité de son travail d’écriture, il est néanmoins sûr que nombre de ses prods sont dévastatrices, presque chaotiques, induisant une fêlure pleine d’agressivité en son for intérieur. Il manquera à la plupart de ses morceaux ce brun de magie, que l’on penserait évaporée, bientôt perdue, semée au gré des batailles, contraignant le bonhomme à affermir sa prose.
Pour exemple, alors qu’on pouvait trouver des tracks à la douceur perceptible sur son premier album « Can-I-Bus » en 1998, on le retrouve en 2002 avec l’album « Mic Club : The Curriculum » présentant « Master Thesis » comme l’un des rares morceaux encore habité par un sursaut de tendresse, ajoutant des ingrédients peu épicés dans une sauce qui n’en demeure pas moins explosive, un délice apparenté à une bombe à retardement, un one verse détonnant.

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Del Tha Funkee Homosapien :

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Eminent membre du collectif Hieroglyphics dont il est également le fondateur, cousin d’Ice Cube et ghostwriter de ce dernier à la fin des 80’s, Del possède une signature vocale des plus banales identifiable pour quelques hip-hop heads de la première heure, son flow est cependant doté d’une fluidité et d’une rythmique propres au rappeur, le copyright n’est pas nécessaire lorsqu’on se prénomme Funkee. Se présentant tel un maître de la prononciation, loin d’être un dyslexique, son phrasé vif a belle allure, ne comptez donc pas sur ce dernier pour une soudaine accalmie, la trêve est rarement prévue dans son programme. Une écoute de « Catch A Bad One », issu du « No Need For Alarm » paru en 1993, est un bon moyen d’illustrer l’identité du personnage fougueux qu’il incarne.
Dans une industrie agressive et surtout dans une industrie qui a voulu la peau de tous les rappeurs historiques dont les ventes s’effritaient, Del a su déstabiliser son auditoire, d’album en album, en brouillant les codes qu’il a lui-même contribué à établir.
Cette capacité à innover et à repousser les limites du genre a toujours été l’une de ses caractéristiques, petit focus sur l’un des temps fort de sa carrière avec « Deltron 3030 », union intemporelle entre Del et Dan The Automator (et Kid Koala dans une outre mesure, ce dernier venant dispenser ses scratchs). Del y incarne le rôle d’un soldat rebelle hybride, mi-homme mi-machine, combattant une oligarchie qui étouffe les droits de l’Homme et du hip-hop dans un univers interplanétaire. De battle en battle, et dans le but de devenir le Galactic Rhyme Federation Champion, il déverse toute son indignation et sa désillusion contre une série d’ennemis qui souhaitent, au cours de ce 31ème siècle, étouffer la civilisation humaine via un nouvel ordre mondial. Œuvre romanesque et futuriste à travers laquelle Del projette son mécontentement, relate les peurs d’une collectivité et les problèmes qu’entraînent une industrie dirigées par un nombre restreint de personnes, il instaure-là une réflexion sur les déboires de notre société via une belle plongée dans une épopée fantastique, pour un album qui aurait pu être hissée au rang de classique s’il avait été plus abordable (once again). Un « Deltron : Event II » serait annoncé…

« Fuck the system, non-conformist humans, Walk around because of their ordinance, just ornaments »

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Defari :

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Poto de longue date des Dilated People et autres Alkaholiks, Defari est atteint de ce qu’on appelera le syndrome Nas, en effet, comme Ras Kass ou Canibus, Defari aura du mal à pondre un album aussi consistant que son premier essai, ce qui aura pour cause de limiter les temps forts de sa carrière. Il est toutefois nécessaire de marquer un arrêt sur son premier album « Focused Daily » produit par Evidence, Alchemist et E. Swift. Une béatitude certaine m’envahit à chaque écoute de cet album qui fleure bon les effluves crasseux des rues de Santa Monica. La rythmique sèche accompagnée de scratchs, les beats rugueux et les samples calés sur la SP ne sont pas en reste évidemment, et je voudrais porter l’accent sur un titre en particulier, titre qui m’a traumatisé, dans le bon sens du terme. Comme j’aime à dire, c’est l’effet « petit frisson », tu n’écoutes pas seulement, tu te sens traversé par une sensation délicate, ça en deviendrait presque sexuel entre moi et la musique, enfin bref, je voulais donc m’attarder sur « Gems », déboîtage en règle, plaidoyer, brûlot, apologie du hip-hop, appelez-ça comme vous voudrez mais on stationne dans les hauteurs, entre egotrip et correction, ou comment déclasser toute une caste de pseudo-rappeurs qui aura su prendre ses aises, presque 15 ans plus tard.

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Et comme dirait 2 Chainz « keep on sleepin’ on me, they gon’ need some coffee », word !

Nous aurions pu y inclure :

Royce Da 5’9’’, Planet Asia, Saafir, Main Flow, Nature/AZ/Cormega (The Firm), Masta Ace, Louis Logic, R.A. The Rugged Man, J-Zone, Chino XL, Paris, Immortal Technique, et un tas d’autres batards qui ont les crocs…

Tout commentaire est le bienvenu pour un partage plus accru des opinions.


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