![[Critique] LA FEMME DU Vème de Pawel Pawlikowski (2011) [Critique] LA FEMME DU Vème de Pawel Pawlikowski (2011)](//media.paperblog.fr/i/554/5544467/critique-femme-veme-pawel-pawlikowski-2011-L-vAyPKU.jpeg)
Le réalisateur polonais,
Pawel Pawlikowski offre, via ses deux derniers films, l’exemple parfait de ce qu’est un travail réussi sur l’image, le son, l’atmosphère. A l’instar de son
My summer of love (qui révélait l’actrice Emily Blunt),
La Femme du Vème possède cette même allure de parenthèse prise sur le vif, tirée au cordeau et implacable, cette même rage sourde, tapie derrière la lenteur apparente d’un récit trouble, figé dans l’espace et le temps. Ici, la campagne anglaise du Yorkshire laisse place à un Paris miséreux et terne, capitale de toutes les dérives. Comme
Lou Ye dans son
Love and Bruises, sa caméra pose un regard sans concession sur Paris, boostée par l’urgence du propos. Il est question d’amours déçues et de personnages à bout de nerfs (
Ethan Hawke, quadra en crise qui cherche en vain à voir sa petite fille), de romance onirique qui tourne au cauchemar, et d’oscillations complexes entre fiction (le héros est d’ailleurs romancier) et réel.
Lorsqu’il rencontre la femme-titre (incarnée par
Kristin Scott Thomas, parfaite pour un rôle qui nécessitait et classe et froideur), l’américain Tom Ricks perd le contrôle : des sens, du vrai, de lui-même. Tout comme
Hawke parle le français, le cinéaste mène son film : par tâtonnements, maladresses, et transcendé par un amour fou pour les langues, les corps et les mélanges (culturels notamment).
Pawlikowski, dans cette adaptation d’un bouquin de
Douglas Kennedy, trouve au final l’occasion parfaite de filmer une dérive en temps réel, avec ses silences, ses soubresauts de désespoir, ses fulgurances de mal de vivre. Il ne s’y passe pas grand-chose (tout comme dans le formidable
My summer of love) mais l’ensemble est éminemment envoûtant, fascinant, puisant dans ses flottements et ses errances un charme certain.