«Bonjour, démons des médias sionistes et mort à l’Ouest». Fraîchement débarqué de la République de Wadiya, le général amiral Aladeen, alias Sacha Baron Cohen, s’est adressé pour la première fois à un parterre de journalistes pour la promotion du film Le dictateur.
Le ton était donné. Habillé dans un costume rappelant ceux du défunt Mouammar Kadhafi et entouré de 25 vierges armées, il a transformé le banal rituel d’une conférence de presse en véritable spectacle, ponctué de nombreux malaises.
Aladeen est arrivé dans la salle de conférence de l’hôtel Waldorf-Astoria de New York entouré de partisans de son régime brandissant des affiches «No to Democracy» («Non à la démocratie») et «Give Persecution a Chance» («Donnez une chance à la persécution»). On avait décoré la salle d’un tapis aux motifs «Kamasoutra» et accroché des peintures rococo du dictateur, entouré de trophées et de tigres.
«Dans les dernières années, des tyrans des quatre coins du monde sont tombés les uns après les autres. Saddam, Kim Jong-il, Kadhafi et Oprah, a dit le général amiral Aladeen dans son discours d’ouverture. Des sanctions nous affligent. Mahmoud Ahmadinejad ne peut même pas se permettre une cravate et il n’a plus de papier hygiénique en raison des embargos.
La semaine dernière, il a dû avoir recours à son propre gilet. Son favori, celui portant le slogan « Je déteste New York ».»
«Heureusement, les dictateurs ont encore des partisans. Au nom de mon cher ami et partenaire de double au tennis, le président de la Syrie, je veux remercier les États-Unis pour leur brave inaction… Treize mois et toujours pas de résolution du Conseil de sécurité. Vous êtes incroyables. Vous n’avez rien fait pour le peuple syrien, mais rappelez-vous que vous pouvez toujours en faire moins», a dit le dictateur de 30 ans, qui règne depuis l’âge de 7 ans sur la République fictive de Wadiya, pays d’Afrique du Nord.
Le dictateur raconte l’histoire d’un dictateur héroïque qui risque sa vie pour s’assurer que la démocratie ne s’installe jamais dans son pays. Sacha Baron Cohen (Borat, Brüno, Hugo) s’est inspiré du roman Zabibah and The King écrit par l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein pour composer ce personnage.
Aladeen s’est plaint du printemps arabe, qualifiant les révoltes d’«une des plus grandes tragédies de notre époque». Il a répondu aux questions présélectionnées de la presse internationale, se moquant des journalistes juifs (Baron Cohen est lui-même Juif) et se désolant de l’absence de la presse nord-coréenne.
En voici des extraits:
-À propos de l’industrie cinématographique: «J’aime les films américains, particulièrement leurs longs métrages fantastiques comme Le seigneur des anneaux et La liste de Schindler, mais mon préféré d’entre tous porte sur les événements de 1963 qui mettent en vedette JFK à Dallas.»
-Sur la présence de femmes journalistes: «C’est tellement agréable de voir autant de journalistes qui ont apporté avec eux des prostituées. C’est si charmant que vous ayez des femmes journalistes ici. C’est comme mettre des chiens sur des planches à roulettes, cela ne signifie rien pour eux, mais c’est adorable à nos yeux.»
-À propos de ses dictateurs favoris: «Nous avons perdu beaucoup de bonnes personnes cette année. Kadhafi, tu me manques (il regarde au sol), Kenny G, Kim Jong-il et Chavez qui est mort le mois dernier, oups, vous n’avez pas appris cela par moi. Et pour Ahmadinejad, il est une source d’embarras. Pourquoi ne porte-t-il donc pas une cravate? Est-ce que chaque jour en Iran est un vendredi décontracté?»
-À propos de ses plaisirs coupables en matière de culture populaire: «Quand je ne suis pas en train de surveiller mon peuple, je suis collé à mon sofa pour regarder la télévision satellite. Nous avons notre version de Mon oncle Charlie, qui s’appelait Trois hommes auparavant. J’aime aussi la série 24 heures chrono, mais nous la regardons à l’envers, alors la fin est heureuse.»
-À propos de ce qu’il aime faire à New York: «J’aime visiter l’Empire State Building, la Statue de la Liberté et le Carlton Hotel (sic) où Dominique Strauss-Kahn a eu des activités sexuelles avec une femme de chambre.»
-À propos des comparaisons avec Hitler: «Wow, désolé, mais je suis un peu choqué. D’être dans la même phrase qu’Hitler, je sens que j’ai finalement accompli quelque chose.»
-À propos de la célébrité américaine ayant le plus en commun avec lui: «Ce serait Mel Gibson. Nous en avons fait notre expert en relations publiques et le chef de notre Musée de l’intolérance. J’ai aussi beaucoup en commun avec George Clooney. Nous sommes tous deux des champions de l’égalité. Dans mon pays, les hommes et les femmes ont les mêmes droits, absolument aucuns.»
-À propos des hommes en uniforme (le sien a été conçu par John Galliano): «Dites ce que vous voulez à propos de son style avant-gardiste, mais le gars (Galliano) déteste les Juifs. Les femmes aiment les hommes en uniforme parce qu’elles savent qu’il y a une chance qu’elles soient relâchées.»
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