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Avec Peer Gynt, Eric Ruf réunit la famille et touche au sublime...

Publié le 15 mai 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Hasard du calendrier des générales, on parle beaucoup du Français ces temps-ci à cette adresse. Une fois encore, et nous en sommes heureux, c'est pour en dire du bien...

Associés pour l'occasion au Grand Palais, qui offre son Salon d'Honneur fraîchement rénové en guise de salle de spectacle, les comédiens Français présentent donc hors les murs, et sous la direction d'Eric Ruf, leur camarade sociétaire, cette folle épopée d'Henrik Ibsen, ce conte norvégien, cette fable initiatique, quête de soi aussi légère que profonde, philosophique, féérique, drôle et bouleversante.

Vous connaissez l'histoire ? Parcourant le monde, de sa Norvège natale au fin fond du désert, croisant trolls, singes, fous et autres créatures, tantôt marchand d'esclaves ayant fait fortune, tantôt prophète sans le sous, Peer Gynt se perd dans une fuite en avant qui ne s'achèvera qu'au soir de sa vie sans qu'il ait pu répondre à la seule question qui compte : Qu'est-ce qu'être soi-même ?

Il y a tant à évoquer que l'on ne sait par où commencer...

Ou plutôt si ! Car, indiscutablement, c'est bien par la fabuleuse performance d'acteur d'Hervé Pierre qu'il nous faut attaquer. Près de cinq heures durant, il est Peer à tous les âges, du jeune homme arrogant, odieux et cynique au vieillard pathétique, désemparé et touchant, avec la même justesse, la même sincérité. Il porte magnifiquement ce spectacle fleuve et trouve ici un des rôles majeurs de sa carrière.

Et puis il y a la grande Catherine Samie qui fait, pour l'occasion, son retour dans la maison. L'ex Doyenne incarne Ase, mère de Peer Gynt, avec une poigne extraordinaire. Son talent et sa soif de théâtre sont intacts,  l'intensité de son jeu nous happe, son énergie nous bluffe... L'ardeur avec laquelle la comédienne brûle les planches, habite son personnage, dévore son texte, est toute entière sur le plateau ,communie avec ses partenaires et le public, nous procure frissons et larmes. 

A leurs côtés,  pas moins d'une vingtaine de membres de la troupe et d'élèves-comédiens. Tous fabuleux dans leurs multiples rôles. On se régale de la composition de Serge Bagdassarian en irrésistible roi des trolls, On est séduit par celle de Florence Viala en "femme en vert", touché par la douceur de Suliane Brahim (Solvejg), enthousisate face à la  maîtrise de jeu d'Eric Génovèse (le prêtre), conquis par les compositions de Stéphane Varupenne, Gilles David, Claude Mathieu, Michel Favori, Catherine Salviat (qui revient elle aussi !), Bakary Sangaré, Suliane Brahim, Nâzim Boudjenah, Jérémy Lopez ou Adeline d'Hermy. Pardon de n'avoir un mot pour chacun, mais, comme l'écrit Eric Ruf, "miracle du Français, le moindre troll, le moindre mousmé est interprété par un grand comédien". Quelle famille !

Eric Ruf justement... Sa mise en scène, son imagination, ses choix se révèlent enchanteurs ! La scénographie qu'il a conçue représente une immense route de campagne voulue comme une métaphore de la vie. Simple, symbolique, poétique, efficace. Celle-ci traverse et sépare le public en deux groupes de spectateurs, offrant aux comédiens l'opportunité de jouer en bi-frontal tout du long de ce merveilleux voyage. Une musique réjouissante et envoutante de Vincent Leterme, jouée live par des comédiens-musiciens, accompagne les protagonistes. Sans surprise, les somptueux costumes de Christian Lacroix sont à l'image de la folie de l'histoire, mais aussi du rafinement du metteur en scène. Tous ces éléments assemblés forment un tableau visuel et sonore aux nuances infinies. A tous les niveaux, le travail est ciselé, subtil, sophistiqué.

Onirique, poétique, magique, drolatique, mélancolique, philosophique... A voir urgemment !

Jusqu'au 14 juin.


 


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