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Marie ETIENNE

Par Antwan

Je partis de chez vous à la lumière des torches. J'embarquais, je partis.

Vous ne savez plus rien de moi, vous ne pouvez me faire signe. Je dure devant la mer comme une femme qui a toute sa force mais j'ai coupé ma chevelure.

Ils disent : Nous avons entendu parler d'elle. Ils s'éloignent de moi.

Parfois ils me demandent. Je leur cède mon corps, emportée loin de vous, je ne suis plus à bord, quoiqu'il advienne, eux scrutent ma beauté, allongés sur le sol de ma chambre. Je leur dis : Je vis seule. Je m'endors.

Je construis votre absence. Je pèse votre absence. Je l'entends. Je l'étreins. Vous êtes le néant dont je suis affolée. Le soir arrive, le vent lui manque. À l'extrême de la mer, l'horizon redevient pacifié.

Je suis vivante, brûlée à la douleur mais vivante. Je pleure sans violence.

Marie ETIENNE

... Partisti d'indè vo à a luci di i fiàcculi. Imbarcaiu, partisti.

...Ùn sapeti più nienti di mè, ùn mi pudeti fà segnu. Duru davant'à u mari com'è una donna ch' hà tutta a so forza ma mi socu taddatu a capiddera.

... Dìcini : N'emu intesu parlà, d'idda. S'alluntanìghjani di mè.

... Certi volti mi dumàndani. Li cedu u me corpu, purtata à longa da vo, ùn socu più à bordu, veni ciò chì veni, iddi mi spiculìghjani a billezza, stesi in tarra 'n a me càmara. Li dicu : campu sola. M'addurmentu.

... Custruiscu a voscia assenza. Pesu a voscia assenza. A sentu. A mi stringhju. Seti u nianti, chì ni socu spersa. Ghjunghji a sera, li manca u ventu. À u stremu 'llu mari, l'urizonti riduventa pacificatu.

Socu viva, brusgiata à u dulori ma viva. Piengu senza viulenza.

in --- Le Livre des recels --- Flammarion --- 2011

trad Stefanu Cesari


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