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L’heure bleue de la lecture

Par Carmenrob

J’ai quitté temporairement mon nid d’aigle pour nicher un temps, comme les pluviers et les goglus, au ras des jacinthes et des narcisses qui percent les plates-bandes. Question de couver mes œufs en toute tranquillité et d’en voir éclore des personnages qui demandent à briser leur coquille. Et pour moi, écriture et lecture vont de pair. J’ai notamment terminé hier, un roman acquis sur un coup de cœur personnel.

Il n’est pas fréquent — du moins, c’est mon cas — qu’on choisisse, dans l’affolante abondance d’un salon du livre, un bouquin dont on n’a jamais entendu parler et dont l’auteur nous est un parfait inconnu. Malheureusement! C’est pourtant le risque que j’ai pris en avril dernier en me procurant De l’eau sur le papier. L’Heure Bleue, de Francine Allard.

Mon attention a d’abord été attirée par l’intitulé si poétique du roman. Puis par le quatrième de couverture dont s’échappaient des mots qui font rêver : aquarelle, Italie, couleurs, passion. Il n’en fallait pas plus pour que je cède à mon impulsion.

L’heure bleue de la lecture

L’histoire : Adriano, notre héros, fuit l’Italie dès l’âge de 6 ans, avec sa grand-mère, tous deux mis en danger par les agissements de l’oncle Fabrizio dont on ne sait trop s’il est un révolutionnaire ou un mafioso. Par un concours de circonstances, les fuyards aboutissent à Kamouraska où Adriano grandit et développe ses talents naturels de dessinateur et d’aquarelliste. Puis il migre vers Montréal pour parfaire sa formation aux Beaux-Arts et fonder une famille. Les péripéties ne s’arrêtent cependant pas là et nous suivrons l’artiste, qui peine à s’enraciner, dans d’autres déplacements et d’autres amours.

De l’eau sur le papier. L’Heure Bleue est une délicieuse fable, un conte pour adulte. C’est léger et prenant à la fois. Il se dégagent de la plume élégante et souple de Francine Allard une sensualité aux effluves et aux accents italiens, toute en nuances visuelles et olfactives, ainsi qu’une intéressante réflexion sur l’art et ses modes d’expression.

Les personnages ont quelque chose de caricatural, de naïf et d’attachant. L’oncle mafieux est identique à l’image forgée par le cinéma américain, la grand-mère est l’archétype même de la mama italienne, le professeur et mentor est irréprochable et notre héros est d’une bonne foi sans failles. Volontairement ou non, la narration peint un tableau tout en pastel, aux couleurs d’un Raphaël. Des drames frappent parfois — alcoolisme, divorce, abandon d’enfants, incendie, itinérance, règlement de comptes —, comme des jets d’encre noire, pâlissant aussitôt, sans laisser de traces indélébiles sur les protagonistes qui, sauf exception, semblent tous nés pour le bonheur.

Si vous avez aimé Tous ensemble de Gavalda, vous appréciez De l’eau sur le papier. L’Heure Bleue dont la suite, L’enfer de Diderot, est déjà annoncée.

Francine Allard, De l’eau sur le papier. L’Heure Bleue, Éditions Trois-Pistoles, 2011


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