Un texte de théâtre sur l’oubli ? L’oubli impossible de l’enfance ? Le retour aux souvenirs d’enfance ? Et pas n’importe laquelle, une enfance dont il reste aujourd’hui peu de survivants, le temps mangeant ces enfants vieillis. Jean-Claude Grumberg, entendu à la radio (France Inter), refuse de parler d’Alzheimer. Pour lui, ce nom ne désigne qu’un médecin ayant travaillé sur cette perte de mémoire, sur cette façon de perdre d’une certaine façon contact avec le monde présent. Et cette maman, à qui son fils rend visite dans la maison de retraite en manque de personnel, n’a pas perdu ses souvenirs ; elle ne reconnaît pas toujours son fils (« C’est ton père qui t’a reconnu »), elle l’attend toujours. Et ce fils cherche à la protéger de ce directeur d’établissement, du personnel, des voisines qui utilisent ses w.-c., des gendarmes et de leurs chiens. D’elle-même, peut-être, et de ses souvenirs qui finiront par la rattraper. On peut rire dans ce texte, puisque rire c’est, d’une certaine manière, garder vivants les « disparus ». L’humour de Jean-Claude Grumberg nous accompagne jusqu’aux derniers mots du texte : « nous, les orphelins ».