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Les heures silencieuses, Gaëlle Josse, premier roman

Par Mango
Les heures silencieuses,  Gaëlle Josse,  premier romanVoici un délicieux  roman  (trop court à mon goût)  qui est aussi un premier roman d’une auteur très douée assurément.Il s'agit  du journal intime qu'écrit, à 36 ans et pendant tout un mois,  Magdalena, la jeune femme du tableau d'Emmanuel de Witte qui  joue de l'épinette.
Á Delft, le 12 de ce mois de novembre 1667Je m’appelle Magdalena Van Beyeren. C’est moi, de dos, sur le tableau. Je suis l’épouse de Pieter Van Beyeren,l’administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à Delft et la fille de Cornelis Van Leeuwenbroek. Pieter tient sa charge de mon père.   J’ai choisi d’être peinte, ici,  dans notre chambre où entre la lumière du matin.  
C’est un beau portrait de femme: Magdalena a eu toutes les chances de son côté à sa naissance:  intelligente, riche, cultivée, musicienne, elle raconte avec plaisir les heures magnifiques passées avec son père sur les bateaux de sa Compagnie. Elle aimait cette vie active et se montrait douée  dans les affaires commerciales mais la place de la femme dans cette société de Delft, au  XVIIe siècle   ne pouvait être qu' à la maison. Magdalena a été une bonne épouse et une bonne mère. Elle a eu sa part de malheur avec la mort de plusieurs enfants mais elle est fière de ses filles  et vit un peu à travers elles.
Les heures silencieuses sont celles de Magdalena qui  se sent peu à peu disparaître. Ses espoirs de jeunesse s'effacent.  Ses rôles de mère et d'épouse s'amoindrissent. Son époux a décidé d'interrompre leurs rapports après un accouchement difficile et  ses filles sont en âge de se marier.Que lui reste-t-il? Son importance s'affaiblit chaque jour.   On ne la verra que de dos sur le tableau.Son seul plaisir désormais  est d'accompagner son mari  à Rotterdam pour y accueillir un de leurs navires chargés de soieries du Japon et des laques de Coromandel. 
Je crains que ce soit là un des seuls plaisirs qui me restent. La mer et les navires me demeurent chers  et avivent mes plus doux souvenirs. ... Avec le temps, ce sont nos joies d'enfant que nous convoquons le plus facilement dans nos souvenirs. Nous ne possédons que l'amour qui nous a été donné et jamais repris. 
Une réussite, ce récit! Une vraie pépite! 
Les heures silencieuses de Gaëlle Josse. (éditions Autrement, 2011, 135 pages)  Premier roman, Prix Orange.  Son second livre vient de sortir: Nos vies désaccordées
Les avis de Clara, Sylire, Manu, George, et  Grillon, qui donne l'interprétation par des spécialistes  de la scène peinte. et qui rappelle qu'il faut  savoir  lire  les symboles qui s'y cachent  de même que dans le tableau de Vermeer évoqué dans le roman: Femme tenant une balance. On se rend compte alors qu'on est peut-être loin de l'histoire racontée par Gaëlle Josse dans son joli roman. Qui est cet homme dans le lit?  Mari ou amant?  Trahison ou maladie? Romance ou tragédie?  A reconsidérer!  
Les heures silencieuses,  Gaëlle Josse,  premier roman
Emmanuel de Witte, Intérieur avec une dame au virginal, 1665-1670, musée Rotterdam:  ICI

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