Lors de la réunion du conseil national du Parti communiste français qui s’est tenu le vendredi 11 mai, la question de la participation des communistes à un gouvernement avec les socialistes a été abordée. Ainsi le journal L’Humanité du 14 mai, page 4, précise que « au lendemain du second tour des élections législatives, le conseil national du PCF se réunira pour discuter […] notamment d’une éventuelle participation au gouvernement ».
Mais cette question ne se pose pas ! Elle ne peut pas se poser ! Comment les dirigeants communistes peuvent-ils envisager un seul instant, dans le cadre politique, idéologique et électoral actuel, de participer à un gouvernement avec les socialistes ? Le programme de François Hollande, en effet, ne contient aucune avancée sociale digne des grandes poussées de la gauche comme en 1936, 1945, 1981. C’est même le contraire puisque le nouveau président de la République se fixe comme priorité le désendettement de la France, c’est-à-dire l’austérité, alors qu’il faudrait annuler et restructurer la dette publique. François Hollande a parlé de « réorienter l’Union européenne » mais n’a pas précisé son plan « B », autrement dit ce qu’il entend faire si – cas le plus probable – les autres membres de l’UE ne souhaitent par « réorienter » cette dernière.
François Hollande et le PS, qui avaient appelé à voter « oui » au référendum de 2005, comme l’UMP, restent sur une position totalement européiste. Rappelons que l’européisme est à l’Union européenne ce que le nationalisme est à la nation. Le PS de François Hollande n’a pas eu un mot de réprobation à l’égard des premiers ministres « socialistes » de Grèce, d’Espagne et du Portugal – balayés depuis par les urnes – lorsqu’ils ont décidé de plans d’austérité d’une violence inouïe contre leurs peuples. Il est parfaitement évident que le rapport des forces issu de la présidentielle, qui restera à peu près identique après les législatives, ne permettra pas au Front de gauche de faire admettre la moindre proposition significative de son programme au PS (sauf, peut-être, sur des questions de détail). Qu’iraient faire des ministres communistes dans cette galère ? Seules des luttes sociales puissantes, dès le mois de juin, seront susceptibles de permettre des avancées sociales que le PS refuse aujourd’hui.
Cette décision du conseil national du PCF d’organiser une consultation des adhérents de ce parti sur l’entrée de ministres communistes au gouvernement socialiste est un très mauvais coup porté au Front de gauche. Les électeurs, en effet, sont en droit d’attendre des réponses franches. Que pèseront quelques ministres communistes dans un gouvernement totalement contrôlé par les socialistes ? La désastreuse expérience de la « gauche plurielle », où il y avait 3 ministres communistes, n’a-t-elle pas été suffisante ? Le PCF n’a-t-il pas suffisamment payé pour cette succession d’erreurs pour avoir envie de recommencer ? Si cela ne concernait que lui, après tout, il pourrait faire ce qu’il veut ; mais en l’espèce, l’attitude du PCF concerne toute la gauche de gauche. Certes, la décision n’est pas prise. Mais le seul fait de laisser entendre qu’elle pourrait l’être à la suite de cette consultation crée une confusion dans les esprits dommageable au rayonnement du Front de gauche.
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Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP)
NDLR: "Au lendemain du second tour des élections législatives " ? Et pourquoi pas avant ? Ce serait la moindre des choses si l'on prétend respecter le peuple: lui dire AVANT qu'il vote ce que le candidat va faire APRES. Faute de quoi voter consiste à donner un chèque en blanc. Loin de la "révolution citoyenne" !