En mai 2011, lorsque Joss Doszen lançait les rencontres baptisées "Palabre autour des arts", les amoureux des Lettres venues d'Afrique s'étaient dit : "voilà un projet génial". Pourquoi génial ? Parceque c'est une littérature qui, de par sa relative "jeunesse", a encore besoin d'être soutenue. Pourquoi soutenue ? Non pas parce qu'elle ne tiendrait pas debout si on ne la tenait par la main (au contraire elle manifeste une richessse, une divesrsité, une solidité plus étonnante décennie après décennie), mais parce qu'elle ne serait pas "visible" : elle demeurerait ignorée du plus grand nombre de lecteurs. Cette jeune littérature a donc bien besoin d'être placée sur un promontoire afin que quiconque, même à des kilomètres, l'aperçoive distinctement et l'admire.
Trois lectrices venues de province : Liss entre Roselyne et Françoise.
Jolie discussion sur la littérature dans un café, avant de rejoindre le Music Hall.
Lire des oeuvres relevant d'Afrique et des Caraïbes et en parler autour de soi est une manière admirable de contribuer au rayonnement de cette littérature, mais lancer en plus un projet destiné à réunir des lecteurs et des auteurs qui illustrent cette littérature est encore plus louable ! C'est une action qui mérite les encouragements, le soutien de tous ceux qui considèrent la littérature comme une nourriture vivifante, mais surtout de ceux qui estiment que la littérature noire a sa place sur la carte géographique de la littérature mondiale.
Liss et Toufaht Mouhtare, auteure de "Ames suspendues".
Quelques amis avaient ainsi d'emblée apporté leur concours pour la concrétisation de ce projet. L'équipe s'est constitué un "noyau dur" de trois animateurs-chroniqueurs : Laréus Gangouéus, Aurore Foukissa et l'initiateur du projet, Joss Doszen. Puis, se sont ajoutés, au fil des mois, d'autres chroniqueurs, séduits par le projet et soucieux d'apporter, eux également, leur pierre à l'édifice, même s'ils se considéraient au départ comme des amateurs, comme des personnes ayant peu d'expérience dans le domaine.
Liss et Jacques Dalodé, auteur des "Très bonnes nouvelles du Bénin".
Ce sont donc des passionnés de littérature qui se sont retrouvés une fois par mois depuis mai 2011 au restaurant le "Loyo". Nous sommes en mai 20012. Un an donc ! L'occasion de fêter l'événement, car à un an, on a traversé bien des étapes : on est passé du biberon à la nourriture solide, on a appris à s'asseoir, à marcher à quatre pattes puis à se tenir debout. On tient désormais ferme sur ses pieds. Il ne reste plus qu'à courir, à sauter, à grimper sur les arbres pour attirer l'attention de plus de personnes que nos simples parents et amis.
Vue sur les artistes palabreurs, ainsi qu'une partie du public.
Ainsi donc, pour ce premier anniversaire : réservation d'une belle salle à Paris, l'African Music Hall, près de la cité des sciences ; retour sur les coups de coeur de l'année ; invitation de plusieurs des auteurs reçus durant toute cette première année de palabres ; cocktail offert ; thème de la rencontre : "La femme dans la Littérature des Afriques" ; séance de dédicaces à la fin.
Franchement, pouvait-on rêver plus alléchant comme programme ? En plus... en plus... parmi les invités, des auteurs de marque : Sami Tchak, Emmanuel Goujon, Khadi Hane, Joëlle Esso. Malheureusement, Sami Tchak, ayant eu un empêchement au dernier moment, n'a pu être de la fête. Il a fallu le remplacer pour garder quatre intervenants, comme prévu au départ. Naturellement, remplacer l'éloquent Sami Tchak n'est pas une mince affaire, cependant la fête se devait d'être belle, vivante. Les familiers des textes bibliques connaissent sans doute la parabole des conviés :
Un homme important invite des amis, de même rang que lui bien évidemment, à une fête qu'il organise chez lui. Chacun de ces amis a un prétexte pour ne pas se présenter à la fête. Quelle joie peut-on ressentir lorsqu'on est tout seul à boire, à manger, à danser ? La fête n'en est plus une. L'organisateur demande donc à ses domestiques de proposer à n'importe qui dans la rue de se joindre à lui dans sa demeure, car il n'était pas question qu'il soit tout seul, un plaisir qui n'est pas partagé n'a pas autant de saveur que celui qui se vit à plusieurs. Se présentent donc des inconnus, des indigents, des gens du peuple mais heureux de faire la fête avec cet homme généreux.
Mais rassurez-vous, les personnes qui ont répondu au rendez-vous, dimanche dernier au Music Hall, sont venues par amour. Il y en a qui sont venues de Bretagne. Tous ont bravé le mauvais temps. On était plus d'une cinquantaine ! En dehors des auteurs devant intervenir sur le thème du jour, d'autres auteurs, reçus aux palabres, ont également fait le déplacement et sont venus à la rencontre du public, et ils ont eu raison car celui-ci a fait moisson de dédicaces.
Public généreux, intéressé et intéressant, cet anniversaire a été une réussite grâce à la présence de tous...
Outre les auteurs ci-dessus cités, il y avait aussi, entre autres : Jacques Dalodé, Yahia Belaskri, Dibakana Mankéssi, Toufaht Mouhtare et aussi l'artiste plasticien Manel Sow, dont les tableaux étaient exposés dans la salle.
Les coups de coeur des chroniqueurs :
Françoise Hervé : L'hibiscus pourpre de Chimamanda Ngozi Adichie (Nigéria)
Aurore Foukissa : L'oeil le plus bleu, de Toni Morrison (Etats-Unis)
Gangouéus : Blues pour Elise, de Léonora Miano (Cameroun)
Joss Doszen : Riwan, de Ken Bugul (Sénégal)
Aurélie : Un chant écarlate, de Mariama Bâ (Sénégal)
Kessy : Chair piment, de Gisèle Pineau (Guadeloupe)
En dehors de L'oeil le plus bleu, que je n'ai pas encore lu mais connaissant la plume de Morrison je vous le recommande aussi les yeux fermés, tous les autres romans constituent, pour moi également, de très belles lectures et vous pouvez peut-être, si vous voulez appprécier le goût de cette littérature des Afriques, commencer par piocher dans cette liste. Vous pouvez faire encore mieux : avoir une plus large vue des écrivaines du continent et de leurs oeuvres en vous procurant la brochure constituée par l'équipe des palabres. Celle-ci espère que nombreux souhaiteront l'acquérir, au prix modique de 4 €, une manière de l'aider à amortir les frais générés par l'organisation de ce premier anniversaire. Les familiers de Paris savent ce que coûte la location d'une salle, d'un cadre aussi agréable en plus ! Si vous êtes généreux et selon vos possibilités, vous pouvez donner bien plus. Ce que je vous propose, c'est d'envoyer un chèque de soutien à l'organisateur : 10, 15, 20 € ou plus ! Mais vous pouvez aussi vous limiter aux 4 € demandés en prévoyant en plus les frais d'expédition de la brochure. Bref soutenons les palabres autour des arts, soutenons la littérature noire, parlons-en autour de nous, partageons nos coups de coeur, retrouvons-nous, un mardi, sous l'arbre à palabre.
Pour manifester votre soutien, contacter :
[email protected]
Des vidéos des rencontres passées sont disponibles sur internet (dailymotion) en tapant "palabre autour des arts".