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Xu Xu Fang, Viper au sein

Publié le 17 mars 2008 par Bertrand Gillet
Troisiθme partie

Une ligne de coke plus tard, Johnny Yen s’ιtait aventurι dans un rιcit richement documentι narrant avec force dιtails l’histoire de Gordon Plumkin, reprιsentant de commerce en anus artificiel, qui ιtait tombι amoureux de l’anus naturel de sa femme. L’homme visiblement pris de dιlires obsessionnels ιtait devenu, au fil des annιes, complθtement fou de ce petit trou avec qui il engageait de longs monologues, hagard, alors que le laid repli de peau, lui, se refusait pour des raisons physiologiques ιvidentes ΰ lui rιpondre. ΐ chaque fois qu’il renouvelait l’acte amoureux, il passait tous les prιliminaires le nez dans le rectum de sa femme ΰ soliloquer, ce qui rendait la propriιtaire au dιbut vaguement sceptique, voire inquiθte, puis ΰ mesure que le petit manθge continuait de plus belle, totalement ivre de rage, lanηant ΰ son homme les insultes plus inavouables, trou du cul ιtait en alors en bonne place dans le classement des pires exemples de la dιconsidιration humaine. Gordon ne rιagissait pas, figι dans un mutisme quasi psychotique, puis un jour, sans doute lassι ou troublι dans sa discussion anale par une ιpouse ΰ bout de nerfs, il se saisit du couteau du dimanche, celui qui servait ΰ dιmembrer la dinde, et dιcapita sa dinde de femme, s’y prenant ΰ plusieurs reprises. Puis, quand le silence revint, il reprit son ιtrange dialogue avec l’anus ιcartant avec extase des fesses maculιes de sang. Un ιnorme ιclat de rire rιsonna suivi de petits crissements et je fus abasourdi de constater qu’il venait du chat. L’odieux matou s’ιtira de sa torpeur, sortit une cigarette du paquet que lui tendit Johnny Yen et l’alluma dans un long miaulement de plaisir. Je songeais aux vertus hallucinogθnes de la coke, essayant de justifier la vision stupιfiante qui, sans mauvais jeu de mots, avait traversι mon esprit, mon regard, mes oreilles, toute ma chair frissonnante. Une autre ligne fluide s’ιcoula dans mon dos. Ondulant sur les genoux du dealer impassible, le chat se mit ΰ blablater entre ses moustaches ιlectrisιes par le caractθre incongru de la situation sur les vicissitudes de l’existence qui l’avaient longtemps privι d’un tel don, mκme si la nature bienveillante ne lui avait octroyι que la parole, il disposait de l’essentiel pour parfaire son image de chat de sociιtι. Jusqu’ΰ ce nom, Chatrdonnay, dιlicieux trait d’esprit qui trahissait un penchant largement consommι pour les grands blancs de Bourgogne. L’extraordinaire crιature finit par me rιvιler le mystιrieux pourquoi de son talent, le fιlidι gracieux avait consommι pendant longtemps tant de buvards de LSD qu’il s’ιtait mis ΰ parler, ΰ la faηon du chat de Cheshire dans Alice au pays des merveilles, ιmerveillant sa famille d’adoption qui aussitτt eut l’idιe aussi gιniale que lucrative d’organiser une sιrie de reprιsentations. Le chat essuya les planches, devenant une diva locale, baladant son pelage sous les tentures des plus grands thιβtres d’Amιrique. Puis ce fut la lassitude qui succιda ΰ l’ennui, la solitude, l’oubli, puis la dιchιance. Chatrdonnay le mal-aimι finit sa carriθre comme chat de gouttiθre, cruel retour de boomerang d’un destin implacable, et devint alcoolique notoire rotant sous les comptoirs les derniθres rιpliques de son ancien rιpertoire. Quand Johnny Yen se prιsenta ΰ lui, il n’ιtait qu’une immonde carpette rampante, une ιpave aux yeux hιbιtιs. Le respectable pourvoyeur de drogues de vie recueillit l’animal, le soigna, le nourrit, pansa ses plaies intιrieures. Puis un jour, il lui proposa un deal. Chatrdonnay avait une seconde chance, il l’a saisie d’un revers de patte. Depuis, il faisait son numιro ΰ ses clients dont l’ιtonnant don de parole suffisait ΰ les convaincre sur la qualitι de la came. La rιputation du chat parleur le prιcιdait dans chaque faubourg, ΰ chaque coin de rue oω les junkies traξnaient leur fantomatique carcasse rincιe par le mal de came, tant et si bien que la fortune de Johnny Yen se mit ΰ grossir de jours en jours.

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