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Fire of Anatolia à Mawazine : la féérie turque

Publié le 23 mai 2012 par Lcassetta

Il est de ces moments uniques où l’on se sent transporté par l’harmonie, la beauté, la perfection de ce que l’on admire. Tel est le cas du spectacle d’un peu plus d’une heure qui fut proposé par la troupe de danse turque Fire of Anatolia.

Si, à l’exception de 3 ressortissantes turques, personne n’avait l’air particulièrement enthousiasmé par la perspective d’assister à un spectacle de danse turque, une bonne moitié (masculine) du public semblant être présente pour faire plaisir à l’élue de son cœur, la longue ovation à la fin de la performance montre à quel point le public fut charmé et envoûté par la prestation.

Le spectacle s’ouvre sur une danse aux allures rituelles, où la mystique rencontre la religion en une espèce de prière à laquelle participent 16 danseurs et 16 danseuses, autour d’une torche dans laquelle était allumée une flamme, qui, loin d’être un élément de décor ou un détail, est une pièce centrale du tableau qui est dressé par la troupe.

Immédiatement, le spectateur est transporté au milieu d’un village anatolien, en des temps immémoriaux. Et ce même spectateur de se sentir faire partie d’une fête rituelle turque interprétée par les talentueux danseurs qui, tout le long du spectacle, nous font vivre une plongée non seulement dans l’histoire qu’ils nous content, mais aussi dans l’histoire et la tradition d’une région riche et qui éveille la curiosité de celui qui regarde. En toile de fond, c’est un bref aperçu de la tradition Zoroastre qui nous est offert : le combat entre le bien et le mal, entre le jour et la nuit, entre la vie et la mort, entre l’esprit du bien Ahura Mazdâ et l’esprit du mal Angra Mainyu. Cette interprétation trouve un écho aux débuts du spectacle où les pas des danseurs, les sauts qu’ils effectuent, ne sont pas sans rappeler les célébrations de Norouz, le nouvel an des peuples turcs, qui le fêtent en sautant à travers des grands brasiers, et qui est un héritage zoroastrien profond.

Au-delà des références historiques et mythiques, la magnificence scénique et chorégraphique, soutenue par des musiques traditionnelles turques envoûtantes, raconte en la sublimant, une histoire, un scénario, des plus classiques, somme toutes, celui d’une rivalité entre deux tribus ennemies, entre deux dieux ennemis, présents dans toutes les mythologies, rassemblées chacune autour de leur chef, avec en trame de fond une histoire d’amour. C’est autour de ce motif que s’organise l’histoire de cette région qui nous est contée en danses traditionnelles, mais également avec des touches d’une modernité toute occidentale et des emprunts discrets, mais présents, au ballet classique, voire à la danse orientale dans sa plus pure tradition.

Aux scènes sensuelles de cour et d’amour, dont les chorégraphies à la fois fluides et précises, mises en valeur par des costumes sortis tout droit d’un conte de fées, succèdent, pour notre plus grand plaisir, des scènes viriles de batailles, chargées en testostérone, où la confrontation entre les deux principaux protagonistes prend des allures de duel épique et majestueux entre deux forces de la nature, mais toujours dans cette impression d’harmonie totale, complète.  Le spectateur prendra plaisir, tout au long du spectacle, à suivre ces 32 talentueux danseurs dans l’histoire qu’ils nous content, afin d’en découvrir un dénouement qui, disons le, laissera chacun aux prises avec son imagination.

La troupe de Mustafa Erdogan confirme ainsi son statut d’une des meilleures troupes de danse au monde, et si, hier, le public de Mawazine n’a eu droit qu’à 32 des 120 artistes qui la constituent, ce fut un nombre amplement suffisant pour mettre des étoiles dans les yeux d’un public de l’OLM Souissi moins nombreux qu’à l’accoutumé, mais qui semble avoir été conquis, dès les premières minutes, par la fantastique histoire qu’avaient à nous narrer les danseurs.

Fire of Anatolia à Mawazine : la féérie turque
Nizar (Nizar Idrissi Zouggari)

Jeune étudiant en sciences politiques à Rabat. Bloggeur à ses heures perdues. Démocrate permanent. الملقب بالباكستاني


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