Imany à Mawazine : La voix d’or

Imany fait partie de ces artistes qu’on ne découvre réellement qu’une fois sur scène, ceux qui en l’espace de quelque heures ont cette capacité tant impressionnante que mystérieuse de vous faire passer d’une indifférence, voire d’un scepticisme, à une passion poussant à l’écriture acharnée d’un acrostiche teinté de sagesse et de spiritualité au nom de l’admiration sans borne que vous leur portez… oui, rien que ça. Vous l’aurez compris, la chronique qui va suivre est écrite par une personne qui a totalement adhéré à la prestation de la chanteuse comorienne au théâtre Mohammed V, et qui par conséquent, vous livre un avis tout-à-fait objectif.

Hier soir, Imany se produisait pour la première fois au Maroc, dans le cadre du festival Mawazine, au théâtre Mohammed V. La date était très attendue, beaucoup plus que ce que l’on croit; la salle comble donnait une idée sur la popularité de cet ancien mannequin qui a quitté New York, après s’y être installée pendant 7 ans, pour la France et surtout pour son amour pour la musique.

Passée l’effervescence des quelques minutes avant le concert, le public attend patiemment l’entrée d’Imany qui ne se fait d’ailleurs pas attendre. D’abord l’ombre d’un foulard porté à l’africaine et une silhouette filiforme, puis une Imany souriante en slim rouge et en chemise blanche scintillante, chaleureusement accueillie.

Elle entame d’abord un premier titre. Les premiers mots suffisent pour fixer ceux qui s’étaient déplacés uniquement pour vérifier le mythe de cette voix rauque atypique incessamment vantées dans la presse musicale. La chanteuse a à peine besoin de murmurer pour que sa voix profonde fasse vibrer la salle entière.

Je sais bien que les artistes n’aiment pas qu’on les compare à d’autres, mais pour le coup, la référence n’est pas des moindres; Imany, c’est quand-même un peu la Tracy Chapman de la scène françaiseactuelle, cette même voix singulière, ce même côté organique, cette même mélancolie omniprésente… You Will Never Know met tout le monde d’accord, au point de créer un mouvement collectif vers le centre d’attraction qu’est devenu la scène.

Au fur et à mesure que les titres défilent, Imany, légèrement timide au départ, se détend rapidement, et on découvre presque une bonne copine dont l’humour fait tout de suite passer le courant entre elle et son public, dans une complicité qui finit par créer une sorte d’interactivité inattendue. En effet, Imany met au défi son public, et n’hésite pas à le faire chanter et danser, à tester son « groove » comme elle dit : On a un petit carnet où on note le groove du monde, pour chaque pays on donne une note, un triple A par exemple…  lance-t-elle d’un ton espiègle, avant de nous présenter son guitariste marocain qui déclenche les rires de la salle avec un mathechmounich.

Please and Change, Slow Down et Pray For Help, pour n’en citer que quelques titres, font l’unanimité auprès du public qui en redemande. Imany, touchée par l’écoute et l’accueil de son public, n’hésite pas à partager son émotion et l’histoire de sa grand-mère mariée très jeune avant d’interpréter Shape of a Broken Heart, qu’elle assimile à la forme de l’Afrique.

Après avoir remercié ses musiciens, qui un à un nous ont fait une démonstration impressionnante de leur dextérité, la belle comorienne interprète une deuxième fois You Will Never Know après la demande du public, qui à chaque refrain s’approche un peu plus de la scène, au grand damne des agents de sécurité. La salle est euphorique, le public entend bien profiter de ces derniers moments endécuplant son énergie, tout comme Imany, qui d’un coup de tête retire son foulard et entre dans une transe rythmée d’un pas de danse qui marqua les esprits… et la fin du concert. Voilà un évènement qu’il ne fallait rater pour rien au monde.

Loubna (Loubna R)

Lycéenne de 17 ans en pleine préparation d'un Bac Sciences Maths. Passionnée de graphisme, d'illustration et de photographie, je suis aussi une grande consommatrice de musique Indie, et de musique tout court.