Chers lecteurs,
mardi soir dernier, certains d'entre vous ont peut-être regardé sur Arte un documentaire intitulé "Le monde selon Monsanto". Assorti d'un ouvrage du même nom, ce film a été réalisé par Marie-Monique Robin, une journaliste française. Celle-ci y dépeint une image salutairement négative de Monsanto...
Lobbying auprès des politiques les plus puissants pour limiter les contrôles avant autorisation des cultures OGM, campagne de décrédibilisation systématique des chercheurs dont les publications ne sont pas favorables à la firme, mensonges sciemment entretenus masquant la dangerosité de ses produits (en particulier les PCB, qu'on retrouve aujourd'hui par exemple dans les eaux du Rhône, et plus récemment le Round-up, dit "biodégradable", une mention que Monsanto a été obligée de faire disparaître des flacons suite à une condamnation pour publicité mensongère), pour ne citer que quelques unes des pratiques dénoncées - force documents à l'appui - par le film de Marie-Monique Robin.Il faut souligner la rigueur et la prudence dont la réalisatrice fait preuve dans ses allégations (rien à voir avec un pamphlet à la Michael Moore, ni même avec le trop brouillon "We feed the world" où l'on voyait le PDG de Nestlé s'étonner des "états d'âme" de ses contemporains concernant leur nourriture, ou encore avec le caractère excessivement répétitif du fleuve "Mondovino"). Ses qualités de pédagogie et son sens de la mesure sont assez rares dans les documentaires à thèse.
Monsanto a refusé tout entretien avec la réalisatrice, soupçonnant que le film ne serait "pas positif" pour la multinationale (pas folle, la guêpe!) et n'a pour l'heure répliqué à ce film que par une lettre envoyée à tous ses clients-abonnés. Cette lettre, citée par Marie-Monique Robin sur son blog, témoigne d'un art si consommé de la langue de bois communicative que je ne résiste pas au plaisir de la reproduire ici. Quand un champion de la désinformation se dit victime de diffamation, voici ce que cela donne :
(si l'affichage n'est pas lisible: http://blogs.arte.tv/LemondeselonMonsanto/frontUser.do?method=getHomePage&rubricId=33300&blogName=LemondeselonMonsanto)
Vous remarquerez la subtile utilisation de la couleur verte, garante de la fibre écologique revendiquée par Monsanto, ainsi que l'utilisation de l'antithèse (le bon Monsanto, le méchant diffamateur) qui rappelle un discours de propagande, dont le propre est de ne pas entrer dans les détails d'une argumentation, mais de supposer a priori que celui qui nous lit va nous croire, parce que nous sommes suffisamment puissant pour être cru sur parole.
Est-ce que Monsieur Martel croit lui-même à ce qu'il écrit? Directeur commercial, chargé de communication, des métiers qui doivent être parfois difficiles à assumer en son âme et conscience. Je n'aimerais pas devoir ainsi porter la voix de mon maître, fût-ce pour toucher une belle rémunération en fin de mois.
Tout comme je n'aimerais pas être l'un de ces scientifiques bidonnant les résultats de leurs recherches pour servir les intérêts financiers d'un groupe puissant au détriment de la santé publique. Ni l'un des politiques largement récompensés par Monsanto pour faire passer des lois favorables à ses intérêts. Quand l'économique prend le pas sur l'éthique, cela me rappelle la visite d'un certain Kadhafi, ou les contrats chinois ramenés par notre président... mais je fais sans doute des "amalgames".
Le blog de Marie-Monique Robin: http://blogs.arte.tv/LemondeselonMonsanto/frontUser.do?method=getHomePage
On peut encore voir le film gratuitement jusqu'à ce soir sur Arte +7: http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=1940000,scheduleId=1933560.html
Il est encore temps de signer la pétition en faveur du chercheur en génétique moléculaire Christian Vélot, menacé de voir disparaître son laboratoire en raison de ses prises de position scientifiques contre les OGM: http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1638