Synopsis
1969, Lately, Floride. Ward Jansen, reporter au Miami Times, revient dans sa ville natale, accompagné de son partenaire d’écriture Yardley Acheman. Venus à la demande de Charlotte, femme énigmatique qui entretient une correspondance avec des détenus dans le couloir de la mort, ils vont enquêter sur le cas Hillary Van Wetter, un chasseur d’alligators qui risque d’être exécuté sans preuves concluantes. Persuadés de tenir l’article qui relancera leur carrière, ils sillonnent la région, conduits par Jack Jansen, le jeune frère de Ward, livreur du journal local à ses heures perdues.
Fasciné par la troublante Charlotte, Jack les emmène de la prison de Moat County jusqu’aux marais, où les secrets se font de plus en plus lourds.
L’enquête avance au coeur de cette Floride moite et écrasante, et révèle que parfois, la poursuite de la vérité peut être source de bien des maux...
Crédits
- Lee DANIELS - Réalisation
- Lee DANIELS - Scénario & Dialogues
- Pete DEXTER - Scénario & Dialogues
- Pete DEXTER - D'après le roman de
- Roberto SCHAEFER ASC - Images
- Daniel T. DORRANCE - Décors
- Mario GRIGOROV - Musique
- Joe KLOTZ - Montage
Acteurs
- Matthew MCCONAUGHEY - Ward Jansen
- Zac EFRON - Jack Jansen
- David OYELOWO - Yardley Acheman
- Macy GRAY - Anita
- John CUSACK - Hillary Van Wetter
- Nicole KIDMAN - Charlotte Bless
On pouvait craindre que la projection de « Paperboy » ce matin prenne la tournure critique d’un « Lawless » ou d’un « Killing them softly » : accueil frisquet, consensuel et tristounet avec en gimmick la tenace impression de films médiocres et faussement futiles, indignes d’une compétition officielle. Si l’on voit bien derrière cette part de toilettage artistique, une intention louable (réhabiliter le cinéma de genre pour adultes, fabriqué et produit à la manière du nouvel Hollywood dans les années 70), il faut reconnaître que, pour l’instant, c’est assez loupé. Réalisé par Lee Daniels, auteur du surgonflé « Precious », « Paperboy » advient pourtant comme une heureuse anomalie : un film fou-fou (ou fo-folle) qui se nourrit d’excès en tout genre (style, narration, numéros d’acteurs), en fait une caricature réjouissante des films pré-cités – les sifflets (copieux) et la consternation (épaisse) n’ont pas manqué à l’issue de la projection. Aux ronchons, on concède volontiers un projet foncièrement détraqué, mais cette déglingue semi-volontaire montée sur images baveuses produit indéniablement quelque chose.
Le pitch est tout simple : une mama floridienne est interrogée sur un fait-divers irrésolu il y a quarante ans. Flash back et méli mélo : on reconnaît la narratrice plus galbée, au service d’une famille de bourgeois en fin de règne, empêtré dans un racisme institutionnel en train de se fissurer (nous sommes en 1969, Luther King est passé par là). Les deux fistons beaux comme des camions (Matthew McConaughey et l’étonnant Zac Efron) enquêtent sur un redneck accusé de meurtre sur la demande de sa femme, shampouineuse un peu radasse (Kidman, qu’on avait pas vue aussi formidable depuis des lustres). Le plus jeune en tombe raide dingue, et la famille de se disloquer sous une écrasante chaleur tropicale qui bousille les nerfs et stimule les hormones. Voilà ce que le film réussit de mieux : plonger sa trame de série noire dans une moiteur sexuelle poisseuse et craspec, diluer les conflits de classes (et raciaux) sous un tombereau d’obscénité. Le film va même assez loin dans le délire sale et trivial : tantrisme au parloir lorgnant vers le peep show crado (point d’orgue : l’orgasme du partenaire dans son froc, avec plan sur jean souillé), SM homo au motel et même une séquence d’uro platonique (Kidman pisse sur les piqûres de méduse qui zèbrent le corps musculeux de son jeune soupirant). S’en dégage un tableau de l’Amérique pas piqué des hannetons, où la torpeur partouzarde ramollit les antagonismes de classe, impose aux personnages un dialogue permanent, cohabitation qui relève moins de la marche forcée que d’un magnétisme irrépressible. Film passionnant à revoir au calme à une heure décente – passé dix jours de festival, les projections à 8 h 30 du matin relèvent de la torture physique.
Lee Daniels :
"J’ai fait ce film en me plongeant dans mon propre passé"
Matthew McConaughey © AFPToute l’équipe de The Paperboy, le nouveau film de Lee Daniels présenté en Compétition, s’est exprimée en conférence de presse :
Lee Daniels rappelle avec quel état d’esprit il a adapté le roman de Pete Dexter :
"Il y a une part de vérité dans ce film. Pour le personnage joué par Macy Gray (Anita), je me suis inspiré de mon histoire. Des membres de ma famille travaillaient comme domestiques pour des blancs. Tous ces personnages existent dans ma vie. J’ai fait ce film en me plongeant dans mon propre passé et dans mes précédents films."
Nicole Kidman raconte comment elle a abordé son rôle :
"Il a fallu que je m’identifie fortement à mon personnage pour l’interpréter de manière aussi crue. C’est mon travail de me laisser aller, de ne pas fonctionner avec mes propres sentiments. Aucune prise n’était la même, nous explorions sans cesse. Je recherche les contrastes et la diversité. J'aime exprimer mon imagination : c’est ce qui m’a poussé à devenir actrice."
Zac Efron, sur son expérience avec Lee Daniels
"Je n’étais pas sensé me sentir à l’aise. Mon personnage est un jeune homme naïf qui apprend à mieux comprendre le monde. J’ai adoré tourner avec Nicole Kidman. Aujourd’hui, je cherche à vivre d’autres choses au cinéma, à dépasser les frontières. C’était un rêve et j’espère pouvoir continuer à tourner dans des films comme celui-ci. J’étais une page blanche à la disposition de Lee Daniels."
Matthew McConaughey s’exprime sur l'ambiance du film :
"Tout est mystérieux dans le film. Il y a beaucoup de choses qui remontent à la surface, chaque personnage a du mal avec sa propre identité. The Paperboy n’est pas érotique mais il a un côté érotique. Lee aime montrer ce qu’il y a entre les lignes."
Propos recueillis par BP
sources: Le site officiel du Festival de Cannes , Culturebox, Fotogramas, El País, Le Nouvel Obs