"Ne demande pas que les choses qui arrivent arrivent comme tu veux,
mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux."
Epictete, Manuel.
Le bonheur c'est l'identité ou l'harmonie entre mes désirs et le monde. Je suis heureux quand mes désirs se réalisent et malheureux ou frustré quand ils échouent. Nous voulons que le monde s'accorde avec nos désirs; nous prenons - comme on dit - nos désirs pour la réalité. C'est là une attitude infantile et vouée à l'échec. Le monde suit un ordre qui n'est pas celui de nos rêves.
C'est pourquoi Epictète propose de modifier notre stratégie ; adaptons nos désirs au monde plutôt. Ainsi si je désire tout ce qui arrive, tout ce que je désire arrive en effet.
Descartes, très influencé par le stoïcisme d'Epictète, se souviendra de sa leçon dans la troisième maxime morale du Discours de la méthode :
"Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde et généralement, de m'accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu'après que nous avons fait de notre mieux, touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous, absolument impossible. Et ceci seul me semblait être suffisant pour m'empêcher de rien désirer à l'avenir que je n'acquisse, et ainsi pour me rendre content." DESCARTES
Ainsi pour Epictète, le bonheur se trouve dans le OUI au monde, dans l'acceptation de ce qui m'arrive. Le sage est le seul qui accomplit tous ses désirs puisque sa volonté s'identifie avec celle de la totalité, avec celle de Dieu (qui est pour Epictète la même chose que le monde). et en même temps, le sage stoïcien n'a plus de désir, n'a plus de manque ; il est plénitude et jouit de la contemplation du monde.
jlr