Inspiration & contemplation
C’est, portée par ma tendresse infinie pour Charlotte Gainsbourg que je sors à Nantes un soir de mai pour voir son concert à Stereolux. Intriguée par cette collaboration scénique avec Connan Mockasin, je me demande si je vais assister à un show extra-terrestre ou si je vais rester attendrie.
J’étais ravie d’obtenir un pass photo pour le concert, j’avais mitraillé les trois premières chansons, mon vieux minolta à la main, sucrant légèrement les fraises (rapport à l’émotion !). Mais à ma grande tristesse, mon film s’est déchiré quand je l’ai rembobiné (comment c’est possible ?) du coup, ces clichés resteront un mystère, ils n’ont pas pu être développés, et ça m’a vraiment foutu un coup au moral.
Bref, maintenant que j’ai partagé ma peine avec vous, je peux vous raconter le concert en toute sérénité !
J’arrive pile pour l’intro du set – la première partie n’étant vraiment pas ma cam – et découvre un décor blanc laiteux : des panneaux de couleur clair se découpent dans le fond de scène comme autant de petits monts lumineux. Les musiciens, enveloppés d’une fumée cotonneuse, entrent sur cette banquise futuriste et leurs tenues de scène s’accordent parfaitement avec l’ambiance ; blanches, épurées.
Les trois premières chansons passent à la vitesse d’un éclair alors que j’ai l’oeil plongé dans le viseur. Terrible Angel, Anna, All The Rain… mes titres préférés de « Stage Whisper » ! Un petit pincement au coeur quand je pense à ma pellicule déchirée.
Le concert se passe dans une ambiance sereine, le public semble captivé par la présence de Charlotte. Malgré le chant parfois peu assuré et cette timidité extrême, je reste fascinée par la muse qui a su inspirer Air, Beck, Javis Cocker. Je songe à ce que j’aimerais lui dire si un jour j’ai la chance de l’interviewer.
Je dois avouer que c’est un des concerts les plus « silencieux » auxquels j’ai assisté. En fait, je l’ai plus vécu comme un moment contemplatif. « Stage Whisper » porte bien son nom et j’ai l’impression que Charlotte a – en changeant de partenaires sur scène – changé son approche du live. Le concert de la Cigale que j’ai vu en 2010 me laisse un souvenir beaucoup plus frontal, animal, presque rock. Mais pour cette tournée, c’est comme si notre princesse s’était dit « je suis timide et je l’assume, je n’ai pas envie de me forcer à être une autre sur scène ».
J’ai préféré le côté tribal de son live sur IRM, mais j’ai aussi passé de bons moments à Stereolux, admirant les silhouettes blanches sur scène, sensible à l’aura mystérieuse de Connan le blond (et non pas le barbare) qui apparaît comme le double de Charlotte. C’est un concert touchant, où deux grands timides ne se forcent pas à faire le show. J’ai particulièrement aimé le moment où ils se sont assis sur scène pour « Got To Let Go », c’était très improbable, tout comme le moment où notre star de la soirée se met à la batterie, sur une des chansons de Connan Mockasin. Beaucoup d’amour aussi pour « Out Of Touch », chanson qu’ils ont écrite tous les deux. « Charlotte, tu es magnifique ! », une femme crie d’admiration dans le public. Notre muse murmure un « Merci » touché et je fonds.
Finalement, on est plus happé pas la présence de ce duo d’une timidité charismatique que par le son en lui même. Un bon moment, et une impression légèrement cotonneuse à la sortie du concert. Merci Charlotte, tu es la seule à pouvoir reçevoir un bouquet de rose sur scène.