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30 mai / L'homme qui n'avait pas une minute à perdre 1/3

Par Blackout @blackoutedition
30 mai L'HOMME QUI N'AVAIT PAS UNE MINUTE à PERDRE 1/3 Assis sur le canapé depuis cinq minutes Stan bout. La vaisselle est léchée, d'abord les verres douchés à l'eau bouillante avec une goutte de Paic, puis les assiettes raclées en rond, puis de plus en plus gras tandis que les couverts trempent au fond de l'évier. L'aspirateur a caressé le linoléum tendance représentant un tag propre, passé les plinthes à l'embout rétréci les angles déplacé le canapé, l'homme qui bout a torché en trois sets secs le mot croisé sur Internet, l'a coincé tout de même un instant sur "prostituée fonctionnaire : raie publique", va falloir attendre demain pour en déchiffrer un autre, Stan n'est pas un fan du net, trop lent trop compliqué. Il fait trop chaud pour cuisiner. La nature a horreur du vide et Stan aussi. L'angoisse l'étreint dès que l'inactivité le gagne et le silence, le silence c'est pire. Alors Stan se jette à contre cœur sur facebook. Lol. Des réflexions à la con, un entrelacs de phrases courtes creuses et vagues gavées de fautes des petits Mickey de gentils smileys et quelques perles rares rares comme des perles sauvages des vidéos enragés ou des textes beaux comme des poèmes. Mais c'est rare. Une demi-heure s'est écoulée, c'est toujours ça de gagné. Stan est un invalide des méandres du cerveau. Régulièrement secoué de crises délirantes suivies de phases dépressives, alors les maîtres à maîtriser la pensée de travers l'ont jugé inapte ou presque au travail. Alors Stan s'ennuie. Gavé de neuroleptiques le moindre effort lui coûte, alors les promenades qu'il affectionne pourtant tournent vite court faute de moelle aux mollets. Alors il rentre la queue en transe de toutes ces belles jeunes filles qu'il a croisées. Stan écrit. D'ailleurs, ce que vous êtes en train de lire, c'est lui qui l'a tapé de frais un moment de creux qui faillit lui être faiblesse finale et fatale. Que n'imaginerait-il pas pour une bonne allitération ? Stan réinvente sa vie quelquefois l'embellit, mais telle une gravure, seules les parties en relief s'impriment, les tempêtes les douleurs les passions les brûlures, les rares plages de paix encrées frôlent à peine le papier... A suivre... demain !

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