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Le Bal des Maudits

Publié le 30 mai 2012 par Olivier Walmacq

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Genre : Guerre, Drame

Année : 1958

Durée : 2h06

L’histoire : La deuxième guerre mondiale fait rage, trois hommes vont voir leur destinée changée. Le Lieutenant Christian Diestl, officier allemand de la Wehrmacht. Michael Whiteacre, un chanteur américain engagé dans l’armée qui partira vers la Normandie. Et Noah Ackerman un jeune juif qui se retrouve engagé dans l’armée américaine en même temps que Michael. Bien vite les trois hommes vont réaliser que la guerre ne ressemble en rien à ce qu’il avait pu imaginer.   

La critique de Vince12 :

La seconde guerre mondiale a su inspirer le cinéma, de nombreux films ont été réalisés sur le sujet, certains étant des chef d’œuvres absolus.
Dans le lot, il y en a un que l’on a tendance à oublier, Le Bal des Maudits, réalisé par Edward Dmytryck, et sorti en 1958.
Avec ce film, Dmytryck réalise surement son chef d’œuvre absolu et un des meilleurs films du genre.

Attention SPOILERS !

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Pour comprendre Le Bal des Maudits, il faut resituer un peu le film dans son contexte. Le genre « film de guerre » s’est vraiment développé pendant et après la seconde guerre mondiale, notamment grâce à des films comme Sergent York de Howard Hawks ou encore la Bataille de Midway, un court métrage de John Ford.

Entre les années 40 et 50, il a donné naissance à beaucoup de films et à certains chefs d’œuvres. Cependant la plupart de ces films étaient américains et donnaient une vision spectaculaire de la guerre. Souvent ils étaient teintés d’héroïsme et de patriotisme. D’ailleurs, dans les années 40, le genre a servi pour la propagande.
Dans les années 60, le genre est même utilisé pour les films à grands spectacles, l’exemple le plus frappant étant Le jour le plus long.

Cependant des réalisateurs ont donné une vision différente de la guerre. En 1945 Le commando de la mort de Lewis Milestone se montre plus réaliste.
Stanley Kubrick s’est ouvertement attaqué à l’armée avec Les sentiers de la gloire en 1957. Mais il y a eu également Edward Dmytryck qui a donné une vision de la deuxième guerre mondiale différente de beaucoup de grandes productions américaines de l’époque qui avaient tendance à ne jamais présenter l’horreur de la guerre.

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Car en effet le Bal des Maudits est un film de guerre extrêmement sombre. A tel point que cela paraît plutôt étonnant pour un film américain de l’époque doté d’un casting de stars Hollywoodiennes.
Pourtant, c’est bien le cas, inutile de vous attendre à des batailles spectaculaires, bien au contraire. Ici Dmytryck nous montre l’horreur de la guerre à travers l’histoire de trois personnages interprétés par trois magnifiques acteurs.

Michael Whiteacre, un chanteur américain qui se retrouvera embarqué dans l’armée américaine et qui échouera en Normandie.
Le personnage est interprété par Dean Martin, qui lui apporte une personnalité sympathique, qui rend le personnage attachant.

Ensuite il y’a Noah Ackerman, un jeune juif qui se retrouve engagé en même temps que Whitacre. Il rencontre une des amies de ce dernier dont il tombe amoureux. Mais la guerre le rappellera, il se retrouvera sur le continent africain.
Il subira l’antisémitisme de ses supérieurs et de ses camarades soldats. Le personnage est in carné Par Montgomery Clift, rival intime de Marlon Brando, il est véritablement taillé pour ce rôle de jeune homme timide, introverti mais qui dévoilera son courage face à la haine qu’il subit.

Enfin le troisième personnage, est sans soute le plus fascinant. Il s’agit du lieutenant Christian Diestl, un officier allemand qui a au début une vision assez manichéenne et de la guerre, pensant que l’on peut tuer pour la bonne cause.
Mais il découvrira bien vite que c’est moins l’honneur que l’horreur qui caractérise ce conflit. Son parcours sera sûrement le plus douloureux.
Il deviendra l’amant de l’épouse d’un des ses supérieurs. Ce dernier se retrouvera blessé et défiguré et implorera Diestl de lui donner la mort.
Mais Diestl découvrira aussi les horreurs du nazisme lors de son passage dans un camp de concentration, ce qui achèvera de briser ses illusions.
C’est le personnage le plus ambigu du film et il doit sa personnalité à l’interprétation géniale de Marlon Brando.
Comme d’habitude, l’acteur est totalement investi dans son rôle. Il parvient à donner un côté vraiment humain et touchant à son personnage d’officier nazi et parvient à le rendre attachant. D’ailleurs, à l’époque, son rôle sera controversé, beaucoup n’appréciant de voir un personnage de Nazi provoquer de la sympathie.

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Vous l’aurez compris le film peut s’appuyer sur un casting de premier choix. La réalisation de Dmytryck se révèle particulièrement sombre à l’image de son esthétique (le réalisateur sait tirer profit de son noir et blanc).

Le Bal des Maudits se montre donc beaucoup moins manichéen que de nombreux films du genre fait jusqu'à lors. Le film traitant de divers aspects de la guerre. Le front sur le continent africain et sur le contient européen.
Un engagement plus ou moins volontariste et un certain antisémitisme dans l’armée américaine.

Une idéologie nationaliste et nazie du côté allemand mais aussi une certaine naïveté.

Les opérations commandos, les blessures de guerre (au propre comme au figuré) et l’horreur des camps de concentration.

Cependant ne vous attendez pas non plus à un spectacle cru et violent, le film datant tout de même des années 50. Mais Dmytryck, par sa mise en scène, confère une véritable noirceur à son film.

Pour l’anecdote, certaines scènes du film seront tournées dans le camp de concentration de Struthof en Alsace.

Au final le Bal des Maudits reste un chef d’œuvre qui est l’un des rares films de l’époque à se débarrasser du vernis spectaculaire et patriotique de beaucoup de film de guerre hollywoodiens. Il donne également une vision plus objective de la guerre mais surtout beaucoup plus sombre et beaucoup plus dure en abordant énormément d’aspects de ce conflit. Il s’impose clairement comme un des grands films du genre. Un chef d’œuvre à découvrir.

Note : 18/20


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