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[Critique] PROMETHEUS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Prometheus

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateur : Ridley Scott
Distribution : Noomi Rapace, Michael Fassbender, Idris Elba, Charlize Theron, Guy Pearce, Patrick Wilson, Rafe Spall, Logan Marshall-Green, Sean Harris, Kate Dickie, Emun Elliot, Benedict Wong, Lucy Hutchinson…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Horreur
Date de sortie : 30 mai 2012

Le Pitch :
Une équipe d’explorateurs embarque dans le vaisseau Prometheus à la suite de la découverte de plusieurs vestiges semblant déterminer l’origine de la vie sur Terre. C’est au terme d’un voyage de plus de deux ans qu’il débarquent sur une planète habitable. Ce qu’ils vont y trouver va dépasser toutes leurs espérances…

La Critique :
Le débat fait rage depuis l’annonce du projet par un Ridley Scott emballé. Des discussions animées qui ont trouvé un nouveau souffle lors de l’apparition des premières images sur la toile il y a de cela quelques mois. Ridley Scott qui ne cesse de diviser les cinéphiles, annonçait une révolution. Prometheus, c’est promis, allait s’imposer comme le nouveau monument d’une science-fiction éreintée par des décennies de navets et d’ersatz de 2011, Odyssée de l’espace, de Star Wars et d’Alien. Alien justement, qui trouve dans ce Prometheus une introduction fastueuse.

Dans le coin rouge, il y a ceux qui jurent que Scott ne peux pas revenir. Le type qui a réalisé Blade Runner et Alien n’est plus. Reste un gars qui court après sa gloire et sa crédibilité et qui est juste bon à filmer les tribulations bucoliques de Russell Crowe dans une France fantasmée (Une Grande Année) et qui s’amuse à revisiter le mythe Robin des Bois avec son acteur fétiche (toujours Crowe). Pour ces derniers, Prometheus est une grosse baudruche prétentieuse tout juste bonne à saccager les restes de la mythologie Alien, déjà bien amochée par Alien vs Predator et sa suite. Des avis durs et tranchés qui, pour certains, étaient déjà bien établis avant même la sortie du film dans les salles.

Dans le coin bleu, il y ceux qui y ont toujours cru. Ceux qui ont pardonné à Scott ses gentilles incartades campagnardes et sa suite moisie du Silence des Agneaux notamment. Ceux qui pensent que le gars qui a réalisé Alien, peut, s’il s’en donne vraiment la peine, accoucher une nouvelle fois d’un classique instantané. Si tant est que Scott s’en donne vraiment les moyens, lui qui donnait l’impression ces dernières années d’enfiler les projets sans parfois trop s’investir.

Deux écoles de pensée donc, qui s’affrontent dans le cyber-space et qui voient aujourd’hui la sortie du film asseoir ou non leurs avis partagés. On lit de tout sur le net. Les octets fusent dans tous les sens à propos de Prometheus qui alimentent bien des échanges. Bien plus finalement qu’Avengers ou que John Carter. Normal quand on touche à un monument sacré comme Alien premier du nom, trésor de la science-fiction horrifique et point de départ de vocations et autres copies carbones plus ou moins méritantes. Alien, c’est la base. La mythologie, le look de la bestiole et l’esthétique propre d’H.G. Riger, l’ambiance, les scènes cultes, Ripley ou l’archétype de l’héroïne badass, etc… Alien se pose plus que jamais comme la pierre angulaire du cinéma contemporain et y toucher revient à prendre le risque de tout saloper. Y-compris pour Ridley Scott, qui a initié la chose. Et donc ?

C’est simple : Prometheus est un chef-d’œuvre. Rares sont les longs-métrages qui, dès la première vision, dégagent ce parfum trop rare du classique instantané. Ridley Scott est bel et bien de retour. Et là, on parle du mec de 40 balais qui a décidé un jour, au crépuscule des 70′s de mettre en image le premier Alien, pas de celui qui a peut-être eu ces derniers temps, tendance à se reposer sur une réputation en voie d’oxydation. Le mec a bien pigé que sa réputation justement allait se jouer sur ce coup. Scott a donc mis les bouchées doubles. Le risque était grand surtout si on prend en compte les éternels insatisfaits bouffis de cynisme et complètement bloqués dans leur fanatisme compulsif pour Alien, au point de ne supporter aucun apport quel qu’il soit.

Primo, il est vraiment appréciable de constater à quel point Scott n’est pas tombé dans le même piège que Lucas, quand ce dernier s’est attelé aux préquels de la première trilogie Star Wars. Prometheus est cohérent. Tout en existant par lui-même (comprenez par là qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vu les quatre Alien pour apprécier le film), Prometheus présente une imagerie qui s’intègre immédiatement dans le vocabulaire de son ainé. Que ce soit au niveau de l’architecture du vaisseau spatial ou des combinaisons des protagonistes. Le film jouit ainsi d’un petit parfum vintage vraiment savoureux, pour tout bon trentenaire nourri à la S.F. des années 70/80 qui se respecte. Deusio, Prometheus reste modeste. Pas de gros déferlement de pixels difformes. C’est l’ambiance qui prime sur le spectaculaire (malgré tout on prend plein les yeux). Une manœuvre aussi fine que pertinente, elle aussi inscrite dans la grande tradition horrifique, qui souligne d’autant plus les moments de tension. En cela, le film de Scott compte bien trois scènes qui sont amenées à rester. Gores, grandioses et lyriques, ces séquences en question impressionnent et contribuent à instaurer une atmosphère oppressante. Une atmosphère imputable à la mise en scène, à l’écriture mais aussi aux performances cumulées d’acteurs formidables.

On en vient au troisième point important : servi par une distribution intelligente, Prometheus achève d’imposer Noomi Rapace. Celle qui se fit remarquer en Lisbeth Salander dans les premières adaptations cinématographiques de Millenium, explose littéralement. Épaulée par un Michael Fassbender impeccable de froideur inquiétante et vecteur de la problématique profonde du film, par un Idris Elba toujours charismatique et impressionnant et par une Charlize Theron tout à fait à son aise dans les basques d’une femme dirigiste et sans état d’âme, Noomi Rapace porte l’intrigue. La nouvelle Sigourney Weaver est là est pas ailleurs, quoi qu’une telle comparaison veuille dire. Vulnérable, guerrière, déterminée, incroyablement charismatique, Noomi Rapace se paye aussi le luxe de conférer à son personnage un sex-appeal parfois troublant.

Véritable pilier de l’histoire, Noomi Rapace se donne à fond dans un film généreux. Un long-métrage qui respecte son ainé et qui prend soin de justifier tous ses choix sans tourner le dos au mythe auquel il s’attaque.

Pour autant, Alien est loin. Comme indiqué plus haut, Prometheus se suffit très bien à lui seul. Seules les dernières minutes servent de trait-d’union. Cinq dernières minutes d’ailleurs assez jubilatoires. Sans vouloir trop en dévoiler et sans prendre le risque de trop s’avancer, il est sûr que nous tenons ici l’un des monuments de la S.F. de ces dix dernières années.

Dommage que la musique ne suive pas tout le temps. C’est un détail, mais parfois, alors que l’action ne le justifie pas, la partition de Marc Streitenfeld se barre dans des contrées héroïques. L’impression d’un collage musical malencontreux persiste quand les notes jurent avec le contexte qu’elles sont censées habiller, mais ce n’est pas très grave. Pas grave mais surprenant vu la bande-son de la bande-annonce qui promettait plutôt une partition sombre.

Mais si la musique n’est pas tout le temps au diapason, il est vraiment rassurant de constater à quel point Ridley Scott et ses scénaristes se sont refusés à verser dans une gaudriole riche en vannes et autres calembours embarrassants. Dans Prometheus, l’humour est très discret et ne désamorce jamais la tension. Le film est sombre et extrêmement dense. Il aborde, comme tout bon trip de science-fiction qui se respecte, des thématiques métaphysiques et philosophiques, avec intelligence et profondeur. Les origines de l’homme, le rôle de Dieu, la foi et la nature de notre condition et des conséquences de nos actes sont interrogés dans une œuvre pertinente à plus d’un titre, qui sonde le genre humain.

Rajoutez à cela, une photographie et des effets-spéciaux à tomber, une mise en scène lisible, pleine d’ampleur et de souffle et une 3D aux petits oignons super immersive et pas de doute, on tient là l’un des sommets de l’année.

Ridley Scott is back ! Vivement la suite !

Si vous avez encore un doute, je vous invite à lire la critique de l’ami Bruno Matéï sur son excellent site Strange Vomit Dolls ! C’est ICI !

@ Gilles Rolland

[Critique] PROMETHEUS
Crédits photos : 20th Century Fox


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