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Syrie: Après l'attaque contre Houla

Publié le 31 mai 2012 par Podcastjournal @Podcast_Journal
"Le Conseil de sécurité des Nations unies doit aller au-delà de la simple condamnation de l'attaque de vendredi 26 mai, qui s'est soldée par des dizaines de décès parmi les civils dans la ville syrienne de Houla, et immédiatement confier le dossier à la Cour pénale internationale (CPI)", a déclaré Amnesty International.
"Le nombre élevé de morts parmi les civils – dont des dizaines de femmes et d'enfants – à Houla doit inciter le Conseil de sécurité à agir à l'unisson et à saisir immédiatement la CPI de la situation en Syrie. Face à la multiplication des homicides, il convient d'augmenter l'effectif de la mission d'observation des Nations unies en Syrie et d'élargir son mandat, et le gouvernement syrien doit autoriser la Commission d'enquête indépendante internationale instituée par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à entrer sur le territoire syrien afin d'enquêter sur les violations imputées aux deux camps", a souligné Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

Amnesty International a répertorié les noms de plus de 1300 personnes tuées en Syrie depuis le début de la mission d'observation des Nations unies le 14 avril. Selon des militants locaux, les violences ont éclaté à Houla après que des soldats stationnés à hauteur d'un poste de contrôle militaire syrien eurent ouvert le feu sur des manifestants pacifiques vendredi 26 mai dans l'après-midi, poussant des membres de l'opposition armée à attaquer le poste de contrôle. Un nombre non confirmé de personnes ont perdu la vie lors de ces échanges de tirs. On ne sait pas avec certitude où les membres de l'opposition armée se sont repliés après ces affrontements.

Un témoin a déclaré à Amnesty International qu'entre environ 20 heures et minuit vendredi soir, l'armée syrienne a tiré des obus d'artillerie et des roquettes vers plusieurs zones de Houla, à un rythme atteignant parfois un impact par minute. Il a ajouté que des hommes en uniforme noir semblant appartenir aux services de renseignement syriens ont effectué des raids armés à Teldo, abattant des dizaines de civils. Lorsque les observateurs des Nations unies sont arrivés sur les lieux le lendemain matin, ils ont aidé les résidents à porter les corps jusqu'à une mosquée voisine.

Plusieurs corps n'ont pas pu être récupérés en raison de la présence constante des forces de sécurité syriennes. Soixante-deux des personnes tuées appartenaient à la famille Abd al Razaq de Teldo. Toutes ont été tuées par balle, sauf quelques enfants ayant eu le crane fracassé, sans doute par des crosses de fusil. De nombreux hommes auraient fui la zone en avance, à la suite de rumeurs selon lesquelles ils seraient pris pour cible lors d'une attaque imminente. Certaines personnes manquent semble-t-il toujours à l'appel depuis l'attaque de vendredi contre Houla ; on ignore si elles ont fui ou ont été enlevées.

Ces derniers jours, les militants affirment que la présence de personnels de sécurité autour de la ville s'est intensifiée, quatre postes de contrôle militaires ayant été érigés le long de la route principale. Dimanche 27 mai, SANA, l'agence de presse officielle, a diffusé une déclaration attribuant les morts à Houla à des "groupes terroristes liés à Al Qaïda". Ce même jour, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a affirmé qu'une "commission judiciaire militaire" avait été créée afin d'enquêter sur les événements.
Dimanche 27 mai, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné les attaques ayant visé Houla, qui, a-t-il précisé "impliquaient une série de bombardements par les tanks et l'artillerie gouvernementale contre un quartier résidentiel". Mais il n'a pas toujours pas pris de mesures concrètes pour prévenir de nouvelles attaques.
"La Russie ne doit pas empêcher le Conseil de sécurité des Nations unies de prendre des mesures énergiques afin de mettre un terme aux souffrances en Syrie", a ajouté Philip Luther.

Dès avril 2011, Amnesty International a dénoncé les crimes contre l'humanité commis dans le cadre de la répression gouvernementale visant les manifestants depuis mars 2011. L'organisation a demandé à de nombreuses reprises aux Nations unies de porter devant la CPI la situation de sécurité en pleine désintégration en Syrie et a clairement indiqué que les crimes perpétrés relevaient de la compétence universelle. Amnesty International a recueilli les noms de quelque 9.750 personnes tuées depuis le début des troubles, parmi lesquelles figurent 700 mineurs.

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