Cela ne veut pas dire que je nie le malheur. J'ai, au contraire, une vive conscience du fait que la souffrance fait partie du jeu. Et il me semble, d'ailleurs, que l'accepter plutôt que de s'en plaindre permet d'apprécier plus vivement chaque instant agréable qui passe. Parce que la joie de vivre se niche surtout dans ces moments simples.
Cela, je crois en avoir pris conscience alors que j'avais une vingtaine d'années. Je me revois, au bord d'une rivière, mes amis sont autour de moi, savourant saucisson et bon vin, l'eau est cristalline, le soleil doux... Je me rappelle m'être dit : "C'est bon, je pourrais mourir maintenant." Cette expérience a été fondamentale pour moi. Comme un éveil à la sensation d'harmonie avec ce qui m'entoure, la nature, les autres... Une soudaine prise de conscience que c'est cela, tout simplement, vivre... Et que c'est bon ! »ANAÏS CROZE
