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BHL, le totalitaire imbécile

Par Gerard

 

"Libye : Making of d'une guerre" : tel est le sous-titre du dossier de presse du dernier nanar signé BHL, "Le Serment de Tobrouk", présenté dans un recoin du récent Festival de Cannes devant des critiques médusées par tant de cuistrerie - mais soutenu, bien sûr unanimement, par tous les Joffrin-Trissotin des médias de confort.

BHL ne fait jamais la guerre, comme son modèle Malraux. Mais à défaut du courage qu'il faut pour s'engager, le fortuné pommadin médiatique "fabrique" la guerre. Et la vend à imbécile similaire, le nano-président d'alors, Nicolas Sarkozy, qui compte rattraper les loupés des révolutions arabes qu'il n'a pas vu venir - pire, dont il a soutenu les dictateurs en place jusqu'au bout avec une stupéfiante candeur (Temps suspendu où une Alliot-Marie se disait même prête à envoyer nos instructeurs français pour aider la police de Ben Ali).

BHL a donc "fait" la guerre sans la faire. Ce qui a le mérite de laisser impeccable le broching, de ne pas tâcher les chemises blanches. A la posture usurpée d'intellectuel (quelle bibliographie sérieuse, sur quelque sujet que notre dandy germanopratin ait jamais tenté d'aborder, fait mention de ses livres ?), voici la pose héroïque du "faiseur" de guerre. Jamais il n'avait été à pareille fête, notre BHL.

Il ose tout, BHL, c'est même, à ça qu'on le reconnaît. Mais sa trace dérisoire dans l'Histoire ne passera pas le temps médiatique. Le cas BHL est toujours plus ridicule et plus sérieux qu'on le pense. Sous titre de son blog : "L'art de la philosophie ne vaut que s'il est un art de la guerre". Tiens tiens. Nous y voilà. Et contre qui ? Lisons la suite : "Philosopher pour nuire à ceux qui m'empêchent d'écrire et de philosopher". Penser pour nuire. Penser contre. Réduire au silence les opposants. Aux égomaniaques les mains pleines la patrie (couchée) reconnaissante...

Et depuis toujours cette haine de tout débordement, de tout désordre. Epuiser le réel, cet importun ; nier le principe de réalité, lui susbtituer le spectacle. "Making of d'une guerre" : en tant qu'auteur, non d'un film mais d'un conflit (avec ses balles réelles, ses cadavres réels, ses conséquences géopolitiques réelles). De la guerre comme une oeuvre. De l'horreur vraie comme fiction. Une fois encore soumettre le réel au signe ; car qui contrôle le signe contrôle aussi le réel. Et jouit d'une puissance infinie que personne ne peut plus lui contester.

L'empire des signes jette un voile commode sur la complexité, les paradoxes, les effets pervers d'une réalité. Trop de diversité, d'aspérités, trop d'interactions imprévues ? Alors on réduit tout cela à la vision BHL ; tout devient simple, en ordre. Lisse. Médiatique. Sarkozien.

Mais dans cette simplicité-là ce n'est pas seulement l'imbécile solipsisme qui ronronne, c'est le totalitaire.  


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