Prometheus.(réalisé par Ridley Scott)
Démystification pas vraiment mythique.
Ce film on l'attendait pour plusieurs raisons. Les fans de la saga Alien pour le retour sur les origines de la saga, dirigé par Ridley Scott en personne, son géniteur. Les fans de SF intelligente pour le retour au genre qui l'a fait connaître de ce même Scott, égaré depuis vingt ans dans des projets toujours plus insignifiants (ah Robin des bois). Les autres pour la bande-annonce extrêmement efficace et pour le mystère entretenu autour du film. Certains seront déçus, d'autres satisfaits et les derniers avanceront un avis mitigé. Je suis plutôt de ceux-là.
Une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte les entraîne dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend.
Je n'aime pas la sensation que j'ai ressenti en sortant de la salle de cinéma (mes accompagnateurs ont ressenti la même donc ce n'est pas moi qui ai un problème). Vous savez, ce sentiment de satisfaction (oui le film m'a plu) amputée par un arrière goût de frustration inexplicable. C'est à mon sens, le pire effet que peut procurer un film.
Si sur le moment j'étais incapable d'expliquer mon ressenti, à tête reposée, tout est plus clair.
Prometheus est efficace. Les acteurs sont bons et impliqués. Noomi Rapace apparaît crédible en femme fragile mais déterminée (sorte de récurrence dans la saga) alors que Michael Fassbender est excellent en androïde froid et manipulateur animé par des fulgurances humaines (on retrouve là les marottes de Scott qu'il avait déjà expérimenté dans son autre grand film Blade Runner, à travers les Réplicants). La tension et l'ambiance malsaine du Alien originel de 1979 sont diluées mais bien présentes également. Ridley Scott sait faire monter la sauce, accordons lui au moins ce mérite (on se souviendra longtemps d'une scène de césarienne improvisée).
Pour toutes ces raisons, auxquelles il faut ajouter la magnifique photographie et le design derrière lequel on retrouve le grand H.R Giger (la seule et incontestable réussite du film à mon sens), Prometheus remplit son office de blockbuster de science-fiction à grand spectacle.
Oui mais voilà, on en attendait (et on était en droit d'attendre) bien plus. Malheureusement, c'est là que le bat blesse (et d'où vient ma frustration). Alien, était un film claustrophobique et mystique. Dans une ambiance glauque, les personnages se retrouvaient confrontés à une altérité supérieure et agressive qui les renvoyait à leurs propres peurs enfouies, à leurs questionnements métaphysiques et à leur vacuité. Dans des décors rétro-futuristes stylisés, on touchait à l'imaginaire populaire, au répertoire des monstres et à la mythologie. Bref, au monde lovecraftien par excellence.
Prometheus n'est rien de tout ça. J'ai même tendance à dire que c'est l'inverse. Pour de la SF métaphysique, le tout est très terre-à terre et concret. En mettant en scène la même histoire que l'œuvre de référence en la matière, 2001, on pensait que Scott allait poser un nouveau jalon dans l'histoire du cinéma de science-fiction. C'est peine perdue. Il singe Alien, auquel il se rattache maladroitement et sans vraiment de cohérence mais on ne retrouve jamais ce qui faisait du premier opus un incontournable.
Le cheminement du film est le même. Ils arrivent sur la planète, ramène la menace sans le vouloir et se font massacrer. En copiant son travail, Scott espérait retrouver son efficacité perdue mais c'est loupé. La tension monte mais l'explosion malsaine qu'on attendait n'a pas lieu. En fait si, mais elle ne dure qu'une dizaine de minutes. Le déroulement est concentré, les événements s'enchaînent sans qu'on puisse se poser et réfléchir. Et sans qu'on ait le temps de dire ouf, le film est fini. C'est un gâchis. Il n'y a pas d'autres mots. Il ne retrouve jamais l'efficacité de son modèle.
Plus dérangeant encore, les questionnements du film prennent le contrepied de ce qu'on attendait d'un tel projet. Alors que le mysticisme du premier Alien cristallisait les questions métaphysiques de manière subtile, Prometheus prend le parti de tout expliquer. Mais à vouloir révéler les origines du monstre (était-ce vraiment nécessaire?), à démystifier à tout va, on finit par ne plus dire grand chose. Les questions des personnages sont lancées comme Thor lance son marteau (de manière automatique donc) et ne trouvent aucun écho dans les évènements racontés. Dans le même ordre d'idée, les symboles liés à la foi sont tellement grossiers (la chute du vaisseau, Lawrence d'Arabie, la croix de Noomi Rapace, etc...) qu'ils semblent forcés et artificiels. Bref, encore un beau gâchis.
Prometheus était attendu et force est de constater que le résultat n'est pas à la hauteur. Efficace par moments, creux dans l'ensemble, il est un peu à l'image des «dieux» qu'il met en scène: imposant visuellement mais sans envergure.
Note: