Concert de Standstill à Barcelone

Mauvais temps pour la poésie. Le pop espagnol vit la pire de toutes ses ruines. C’est comme si la crise n’avait pas seulement affecté les finances de nombreux artistes, mais avait aussi atteint leur talent et leur capacité à créer de la musique originale et surtout, avec beaucoup de cran. L’indé, alternatif, indé folk, indé folk rock, appelez le comme vous voulez, est le pain quotidien de milliers de “hipsters” et de “modernes” en Espagne qui trouvent dans ces sons perdus, mélancoliques et rêveurs, une raison supplémentaire d’acheter de nouveaux vêtements chez American Apparel et oublier ainsi la peine qui les touche, le prix qu’ils ont à payer pour leur individualité exacerbée.

En Catalogne les “modernes populaires” abondent. Ils vivent dans le quartier Gothique ou Gracia principalement, et ne manquent pas d’assister aux concerts à la mode. Peu importe s’il s’agit de doom rock ou d’indé pop, l’important est d’être où Pitchfork décide. Elles et eux s’habillent de pantalons moulants et de chemises à carreaux, modèles de Nike ou d’Adidas d’il y a vingt ans, et portent d’énormes lunettes d’écaille. Vous pourrez aussi trouver des modernes dans la salle Sidecar, bien sûr à l’Apollo lors des “Nasty Mondays”, où le plus «cliché» du pop et du rock se mélangent dans une fête d’alcool, de sueur et de nombreuses touristes naïves. Les modernes sont aussi sur les terrasses en train de boire de la bière et des rhum-coca, en tenue vintage et respirant l’ennui, se plaignant de la pauvre vie culturelle de Barcelone, se rendant dans des galeries pour apparaitre dans des albums photo sur Facebook, apparaissant sur les marches en talons hauts et maquillage, se déchaînant contre le chaos politique.

Standstill est un groupe pour hipsters et modernes. Soyons clairs, cela ne vaut pas la peine de se leurrer à ce sujet. En plein chaos mondial, rien de mieux que de chanter le désamour, les peines, le perdu, les rêves et l’incapacité à comprendre le monde. Une âme sensible, véritablement sensible et culte, effectivement, n’est pas faite pour ce monde. Et sous cette devise “la musique que tous écoutent, moi je ne l’écoute pas”, nous découvrons que Standstill fait partie de la musique que tous écoutent, et ils s’appliquent à la promouvoir et à faire d’elle le symbole de l’esprit moderne catalan. Entre l’acoustique, l’alternatif, l’indé et le folk, la grande réussite de Standstill est dans sa diversité de modèles, qui leur permet de présenter un son original, adéquat. Leurs titres abordent souvent la mélancolie, mais on ne peut objecter le bon travail technique de leurs musiques. Le chanteur, de plus, est beau garçon et porte la barbe. Standstill sera le 9 juin dans la salle Apolo dans Poble Sec. Si vous voulez devenir super moderne, ce concert sera votre premier pas vers ce monde idéal de mode, attitude et individualisme “arty”. L’indé rock de Barcelone n’est pas le meilleur mais, il existe des gens qui le soutienne et c’est important en temps de crise. Pour plus d’information sur Standstill, visitez: http://www.standstillband.com/

Alexa Ray