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2 ème partie de l'ITV de Nicole Provence !

Par Phooka @Phooka_Book


" Le Mois de ... " Nicole Provence

se poursuit 
Pour relire la 1ère partie 
et sa délicieuse introduction
c'est ICI
2 ème partie de l'ITV de Nicole Provence !
Pour changer un peu, on ne remet pas le texte d'introduction de Nicole, mais un joli poème qu'elle nous a offert :
PHNOM PENH AU COEUR
Pour son soleil brûlantSur ses temples mystérieuxPour ses rives fourmillantesDe cyclo pousses crasseux
J’ai eu Phnom Penh au cœur
Pour ses campagnes perduesEt ses vertes rizièresSes étangs de lotusEt ses rares rivières
J’ai eu Phnom Penh au cœur
L’homme au chapeau de paille suit le pas du zébuDéchirant les entrailles de son soc pointuIl marche lentement labourant sans relâcheArrachant de la boue la promesse qui s’y cache
Au grand Lac, les pêcheurs de leur terre, exilésVers une grande misère sûrement sont allés.Dans les sombres montagnes aux grands arbres sacrifiésOn allume des encens aux pagodes colorées
Pour ses enfants perdusAux enfers descendusPour ses filles de JoieQui travaillent sans foiPour ses garçons cassésPar des mines explosées
J’ai eu Phnom Peine au cœur
Pour leurs souffrances au cœurDu souvenir des mortsPour qu’un jour le bonheurRedevienne le plus fort
J’ai eu Phnom Peine au cœur
Mais comme le Mékong qu’une mousson fait grossirUne force leur viendra et ils pourront guérirIls attendent de nous qu’on leur tende la mainPour franchir les écueils et renaître à Demain
Et quand ils n’auront plus une Phnom Peine au cœurIls auront retrouvé le Phnom Penh de leur cœur
Nicole Provence
Et maintenant place aux questions / réponses :
Niki :
Je suppose que c'est ici qu'on pose sa question ? n'ayant pas du tout l'habitude de cela, je ne connais pas trop la procédure.
Je voulais demander à nicole si elle avait constaté de grands (ou pas très grands) changements depuis la parution de ses livres en version numérique ?
Le numérique n'est pas du tout ce que je préfère comme mode de lecture, mais je sais que parmi mes copines pas mal s'y intéressent - alors dans l'ensemble, nicole, cela se passe comment ?

Nicole :


Bonjour Niki
Merci de nous rejoindre sur Book en Stock, toi qui ne manques jamais de faire la présentation de mes romans dans ton blog en y ajoutant d’excellentes chroniques.Je suis un auteur heureux qui peut compter sur ses plus fidèles lectrices.  Mon bonheur est dans la ville qui nous vient tout droit de Belgique  et Bookenstock ne seront pas trop de deux  pour faire connaître mes derniers romans publiés en édition numérique.
 Depuis le débat sur le numérique sur Book en Stock, qui avait suscité beaucoup de réponses, plusieurs événements ont eu lieu :La signature de mes contrats, la proposition d’un roman jeunesse fantastique,  et la sortie sur la toile des  Éditions Gaïa Village Publications. Avec beaucoup de modestie quant au nombre d’auteurs certes,  mais désireuses de se faire davantage connaître au fil des jours. Et je constate que ce n’est pas aussi facile que je le croyais. Apparaître ou se faire remarquer sur Internet au milieu de la foison d’éditions en numérique qui se créent régulièrement devient un véritable challenge, d’où l’importance de la publicité pour http://gaiavillage.fr partout où cela sera possible.
J’avoue que pour l’instant, malgré un déploiement d’articles dans les journaux, de rencontres sur les ondes et interventions dans les blogs amis, ou salons du livre de ma part, le rapport est très moindre. Mais les éditions sont très récentes, il faut du temps au temps. La concurrence d’Amazon est terrible même si elle ne concerne pas tous les ouvrages, et si nous ratons cette opportunité de faire notre trou très rapidement, j’ignore si nous persisterons.
En revanche, contrairement à ce que je croyais, la lecture numérique est de mieux en mieux accueillie par les lecteurs, même par ses anciens réfractaires, ceux que je nomme les livrivores, qui se nourrissent de romans au jour le jour. Ils constatent que le livre papier coûte cher et que leur passion devient dévorante. Je crois qu’il serait superflu de rappeler les avantages des romans à lire sur liseuses ou autre support, le prix très attractif, la facilité de transport et de lieux de lecture.
Lors de mon dernier salon du livre à Roisey, dans la Loire, les lectrices adeptes de ce nouveau mode de lecture ont vite démontré que l’achat de leur liseuse avait été largement remboursé par le prix des nombreux romans achetés en numérique par rapport au prix des livres papiers.Une  déception cependant, les livres d’auteurs très en vogue ou récemment sortis ne coûtent que 2 euros de moins que la présentation papier. Et ça, ce n’est pas normal !Autre déception, celle de ne pas trouver facilement les sites d’éditions numériques dans lesquelles les téléchargements sont plus abordables, entre 2 et 6 euros comme les livres chez mon éditeur. De ce côté-là il y aura donc du travail à faire par les maisons d’éditions numériques.
 Mais aujourd’hui on ne peut plus dire que la lecture sur liseuse est inconfortable pour les yeux. Je trouve même qu’elle est plutôt agréable. J’ai vu combien la possibilité de faire changer la taille des caractères était aisée, de même que garder des repères de lecture ou préserver des annotations.


Il y aura toujours les inconditionnels des livres papier, comme tu l’es toi-même,  chacun est libre de lire à son goût, pour quelque raison que ce soit. Le principal est de se faire  plaisir.
Comme tout un chacun, j’aime moi aussi  tenir de temps en temps un bon roman entre les mains. Je viens de recevoir le deuxième tome de la série « Les enquêtes de M De Mortagne, Bourreau » de mon amie Andréa H Japp, un polar médiéval, et celui-là, je le lirai en tournant page par page, sans doute à cause de la relation particulière que j’ai avec l’écrivain. C’est un plaisir que l’on doit se réserver.
En revanche, et je m’adresse aux participants de cette rencontre, j’aimerais savoir de quelle façon vous  «  triez » les auteurs, achat papier ou achats numérique, et pour quelles raisons.
Merci Niki d’avoir participé à cette rencontre. J





Olya :


Bonjour Nicole, et surtout bienvenue sur Bookenstock pour ce mois qui vous est consacré (et ça, c'est carrément la classe !).
Je me suis fait rafler ma première place de curieuse par Heclea, (le choix était dur, mais j'ai préféré m’éclipser de la toile pour aller aux Imaginales :D). Mais comme promis, je passe par ici pour vous poser quelques questions !
J'ai lu Angkor et les génies décapités, et je savais en le commençant que ce ne serait pas forcément ma tasse de thé. Quoi qu'il en soit, même si ce n'est pas le genre d'histoire qui me fait vibrer, j'ai malgré tout apprécié votre plume, et surtout, le décor dans lequel vous nous plongez.
Et ma question va se référer à ce décor. Est ce que vous êtes déjà allée au Cambodge ? Ou alors toutes les descriptions et coutumes que vous nous présentez, sont présentes grâce à des recherches fouillées sur ce pays ?
Pour quelle raison avoir choisi le Cambodge ? Je suis sure qu'il existe multitude d'autres pays où l'on trouve des temples comme ceux que vous décrivez, alors pourquoi est ce que votre choix s'est porté sur ce lieu ?
Allez, je vous laisse déjà réfléchir à ces questions, et je reviendrai vous en poser d'autres :D (parce que oui, je suis une grooooosse curieuse !).



Nicole :

Ha, Olya est là !....
Bonjour Olya, ( tu peux me tutoyer…) et merci de tenir ta promesse. « Un mois de » sans Olya en première position, c’était insoutenable ! J Mais j’imagine que les Imaginales était un rendez-vous passionnant à ne manquer sous aucun prétexte.
Merci en tout cas d’être allée au bout des Génies décapités malgré le peu d’enthousiasme pour cette littérature, et si le Cambodge t’a fait rêver c’est déjà une bonne chose.
Je suis allée vivre au Cambodge pendant quelques mois en 1994-95, pour rejoindre mon époux qui avait été envoyé en mission d’assistance militaire. J’y suis arrivée pour Noël, à la fin de la guerre civile qui opposa le peuple cambodgien aux Khmer rouges, une période atroce qui laissa bien des plaies et tout une vie à reconstruire.
C’est dire combien j’ai été touchée par l’état de délabrement dans lequel se trouvait le pays, des villes et des villages sans électricité, sans eau courante, sans égouts et j’en passe. Donc ce roman a bien été écrit « sur le terrain » comme la plupart de mes romans. C’est pour moi une manière de faire partager au lecteur mes impressions, mes émotions prises sur le vif et de situer l’ambiance au plus juste. Il eut été dommage d’aller chercher ailleurs ce que j’avais sous les yeux, qui me fascinait autant par sa beauté que par sa misère.
J’ai pu explorer ce pays dévasté grâce à la présence de militaires cambodgiens à l’époque où le tourisme était rare et de toute façon fortement déconseillé. Pour la visite des temples d’Angkor surtout, car des bandes de bandits armés, des anciens khmers rouges en déroute, sévissaient encore et il n’était pas rare que l’on attaque les étrangers, qu’on les déleste de leur argent et même hélas, qu’on les assassine. Mais ce pays était trop beau pour ne pas courir le risque de le découvrir avec le maximum de précautions. J’ai eu peur quelque fois et je comptais bien sur mon karma pour rester vivante jusqu’au jour prévu de mon retour !
Les vols d’œuvres khmères qui sont un des sujets du roman faisaient partie des contrôles acharnés de la police cambodgienne. Nous étions régulièrement fouillés dans les aéroports pour éviter toute fuite du patrimoine khmer. Tout ce que j’ai écrit est véridique, de la ferme des crocodiles, des restaurants sur les trottoirs, aux temples silencieux et merveilleux qui se meurent dans le chaos et ne seront jamais restaurés. Il en est de même pour les mines antipersonnel qui ont fait tant de dégâts dans la population lors de la guerre et encore aujourd’hui dans la population paysanne.
Ma documentation personnelle : Jour après jour j’ai tenu un journal de mes visites dans les régions, de mes découvertes dans les marchés quand je partais en motobike, et de mes longues journées à lire un bouquin sur la Cochinchine, sous 45 ° à boire du thé au jasmin sur la terrasse du bâtiment où nous occupions une chambre.
Tout ce que j’ai écrit des us et coutumes m’a été révélé par les femmes que je côtoyais au restaurant du campement. Nimol a bien existé, elle était la jeune fille chargée du ménage du Commandant, et une bien agréable compagnie. Quand au jeune Tep, les rues en étaient pleines, des amputés de bras ou jambes, avec ou sans béquilles, mais aussi fiers et désireux de se débrouiller et réussir dans la vie.
J’avais tout ce qu’il me fallait sous les yeux pour écrire un roman, pris une quantité incroyable de photos, puisque le numérique n’existait encore pas, et lorsque j’ai visité le temple de Ta Prohm, mon préféré, j’étais si conquise et si émue par sa beauté engloutie que je m’étais jurée de le faire revivre un jour dans un roman. Ce ne fut pas le grand roman Phnom Penh au cœur, écrit juste à mon retour mais le roman jeunesse que tu as lu, et qui je l’espère, sera lu par d’autres lecteurs curieux de découvrir ce pays à travers cette intrigue.
Alors certes, ainsi que tu le dis, des temples il y en a un peu partout dans le monde, mais toujours fidèle à mon désir d’écrire « vrai » j’ai préféré situer le roman dans ce pays plutôt que d’aller fouiller les sites de pays que je ne connais pas.
J’ai agi de la même sorte pour l’écriture du Ravin des anges qui se déroule en partie en France et l’autre en Turquie.
Et si tu es une grosse curieuse, n’hésite pas, j’ai encore de quoi raconter.






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