Le 7 juin 1963 les Rolling Stones, un groupe encore inconnu, sort son premier 45 tours « Come on », une reprise d’un titre de Chuck Berry, qui dure moins de deux minutes. Le morceau est couplé en face B avec « I Want To Be Loved » écrit par Willie Dixon. Le disque paru chez Decca atteindra la bonne place de numéro 20 au hit-parade en Grande-Bretagne et il la conservera durant sept semaines. Les Rolling Stones effectuent également leur premier passage à la télévision sur ABC-TV dans l’émission Thank You Lucky Stars.
Le lendemain, un journaliste dont je tairai le nom par charité, écrit dans le Record Mirror « Ce n’est pas le « son » Rythm’n’Blues fanatique pour lequel le public ferait la queue pendant des heures. C’est plutôt un groupe bluesy très commercial qui devrait pouvoir se ménager une vague petite place au hit-parade. » Un visionnaire ! Mais qui, avouons-le, n’avait pas entièrement tort, leur version du morceau de Chuck Berry n’est pas extraordinaire.
C’est un peu aussi l’avis de Keith Richards, si on se réfère à ce qu’il en dit dans sa biographie Life : « Je ne pensais pas que c’était ce qu’on pouvait faire de mieux mais j’étais certain que ça allait laisser une marque. Comme enregistrement, c’est meilleur que ce que je croyais à l’époque. Mais j’ai l’impression qu’on se disait alors que ce serait notre première et dernière chance. C’était un thème qu’on ne jouait même pas dans les clubs, qui n’avait rien à voir avec notre répertoire. (…) Notre version n’a pas grand-chose à voir avec celle de Chuck Berry : elle est plutôt dans la veine Beatles, pour dire les choses franchement. »
Retour sur la genèse de cette incroyable épopée.
Le groupe Rolling Stones est en gestation depuis l’été 1962. Brian Jones guitariste et leader original, Mick Jagger au chant, Keith Richards guitariste, Dick Taylor à la basse et Ian Stewart au piano, sans batteur attitré écument les clubs de Londres et sa banlieue. Ce n’est qu’en janvier 1963 que les Rolling Stones rassemblent au sein d’un même groupe, Mick Jagger, Brian Jones, Keith Richards, Bill Wyman à la basse depuis décembre, le nouveau venu Charlie Watts à la batterie et Ian Stewart. Fin avril, leur manager Andrew Loog Oldham convainc Ian Stewart de renoncer à sa place dans la formation officielle, parce qu’il trouve que l’apparence physique de Stewart ne correspond pas à l’image des Stones. Ian Stewart, jugé peu apte à jouer les idoles des jeunes selon les préférences de l'époque, continuera à travailler avec les Stones comme road manager et pianiste jusqu’à son décès en 1985. C’est dire si ce type avait un cœur énorme et aucune rancune.
Ces précisions historiques et chronologiques ne sont pas anodines car aujourd’hui nombreux sont ceux qui voudraient voir les Rolling Stones fêter leurs cinquante ans de carrière, par un évènement remarquable. Ce qui soulève une (mini) polémique, doit-on prendre comme référence de naissance du groupe, l’année 1962 ou l’année 1963 ? Pour ma part, considérant que 1963 est l’année où le dernier membre du groupe (Charlie Watts) a été intégré et où ils ont enregistré leur premier disque (« Come on ») mis en vente dans le commerce, l’affaire est entendue.
De toute manière, anniversaire ou pas, il n’y a aucune raison valable pour ne pas écouter les Stones en permanence et sans modération. It’s only rock’n roll and I like it !