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Mélodie pour un tueur (Fingers)

Par Artetregards

Sorti en 1978, le polar de James Toback a inspiré Jacques Audiard vingt-cinq ans plus tard. Qu’en reste-t-il ?

Mélodie pour un tueur (Fingers)

Une petite frappe qui lave le linge sale de son escroc de père tout en rêvant de devenir un pianiste virtuose ? Curieusement, le synopsis de Fingers (Mélodie pour un tueur) ne nous est pas étranger. Et pour cause, c’est dans ce film américain méconnu que Jacques Audiard est allé puiser l’argument d’une de ses œuvres les plus abouties, De battre mon cœur s’est arrêté. Du polar urbain de James Toback,  Audiard a su conserver la crème de la crème : une relation à la fois tendre, conflictuelle et masochiste entre un truand et son fils, dont le destin d’assassin est momentanément contrarié par la perspective de devenir musicien.

Jimmy Angelelli (Harvey Keitel), la trentaine passée, est un petit con qui vit de magouilles, de trafics et de relations sans lendemain avec des femmes légères. Mais il se passionne surtout pour la musique. Rock des années 1950 ou chefs-d’œuvre classiques, peu lui importe : il lui faut sa dose quotidienne de notes, de sons, de vibrations. Constamment muni de son lecteur de cassettes audio (le iPod de l’époque) qu’il dresse comme une barrière entre lui et le monde, il fait raisonner Summertime, Summertime dans les rues grisâtres et les bars malfamés de New-York. Lorsque ses doigts ne lui servent pas à cogner ou étrangler, ils caressent les touches d’un piano. Face au clavier, le visage de Jimmy est secoué de spasmes, de mimiques grotesques exprimant tour à tour le plaisir et la souffrance : il accouche de lui-même.

Car le jeune type s’est imaginé un avenir de concertiste, loin de la violence et du crime dans lesquels baigne son paternel. Avec ses moustaches de morse, sa voix usée par le tabac, ses sourcils épais et ses costumes moutarde, Michael V. Gazzo surjoue le mafioso miteux/dangereux (rayez la mention inutile) et on ne peut s’empêcher de lui préférer son homologue français, Niels Arestrup, parfait dans son rôle d’ogre impuissant. Harvey Keitel tire son épingle du jeu en incarnant un être frustre, macho au possible, à la fois séduisant et tête à claque : comme le Travis de Taxi Driver, il prétend juger et surplomber ceux qui l’entourent mais se révèle aussi fêlé qu’eux. Houspillé par un voisin de table qui lui demande de baisser le son de sa radio, Jimmy n’hésite pas à lui sauter au cou, toutes griffes dehors.

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Camille P.



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