A chaque fois c’est la même chose depuis maintenant plusieurs années, NBC creuse son trou. Elle trouve quelques hits mais ce ne sont pas des séries (The Voice par exemple), et survit artificiellement grâce au succès de la saison de football (qui gagne toujours plus de fans chaque année) à l’automne les dimanches soirs. NBC est dans une spirale infernale, celle de la production osée mais qui ne fonctionne pas, celle de la série qui se veut évènement mais qui ne l’est pas. Cette saison est encore plus symptomatique que la saison passée. La saison précédente il fallait reconstruire une grille, détruite avec la cession de la case de 22h à Jay Leno afin de faire une bonne année d’économies. NBC est toujours dans le rouge l’année suivante alors qu’elle a de l’évènement en poche : The Event notamment, véritable four, ou encore une potentielle valeur sûre, un spin off de la franchise des Law & Order, mais à Los Angeles, révolutionnaire ? Non. NBC s’est aussi enfermée dans un cercle vicieux, celui des CSP+ (et on peut rajouter tellement de plus que le vase déborde), de la série qualitative sur le papier qui ne comblera pas tout le monde.
La faute à qui ? Même si j’adore The Office, je pense que c’est une des raisons de cette chute. La chaîne au Paon a eu la fringuant idée de construire son jeudi soir autour de The Office, voire même, sans s’en rendre compte, sa ligne éditoriale. Il faut des trucs classes, que ca brille dans les magazines critiques au papier glacé, il faut que NBC soit l’auréolée de la saison. Elle l’est souvent, et encore cette année quand le pilote de Smash était décrit à la porte d’une des 7 merveilles du Monde et que sur le papier on avait la belle Awake, promesse ambitieuse, The Playboy Club et son côté cocooning des années 60, … NBC part chaque année la fleur au fusil, sans changer d’épaule. Elle reste sur sa lancée. Pour revenir au problème « The Office », le succès de cette sitcom et sa qualité ne sont plus à débattre, mais NBC a créée toute une soirée autour de cette série et du coup, a enfermée son succès dans une bulle de séries CSP+. J’adore 30 Rock, j’adore Parks & Recreation, j’adore Community, mais voilà, force est de constater que si NBC rame aujourd’hui c’est parce qu’en partie, elle a enfermée son modèle en The Office.
Mais ce n’est pas tout. Chaque année les projets foisonnent, et chaque année les belles promesses sont là. Qui n’avait pas cru au succès de la saison 2 de The Voice qui bénéficiait d’un lancement post Superbowl ? Malgré des débuts tonitruant, petit à petit les audiences se sont érodées, au grand damne de la chaîne. Smash, l’une des séries les plus attendues de l’année ne cartonnera pas. Les scores seront même plus que décevants (souvent sous la barre symbolique des 2 pts). La série est renouvelée, sûrement encore une fois pour sauver la face et éviter de dire : On était attendu au tournant et cela a déçu. Les choix scénaristiques de Smash n’y sont pas innocents. La série n’était pas très bonne et le succès n’était pas mérité (d’après moi). Puis c’est aussi une question de hit. NBC n’a plus rien. Aucune série de la chaîne n’arrive à perdurer mais surtout à faire perdurer son nom. Si Chuck fait du buzz sur la toile auprès des sériephiles et d’un public geek, les audiences ne sont pas au rendez vous car tout le monde a petit à petit oublié la série. Si SVU est un nom, la série n’est plus le hit qu’elle était, noyée dans une masse de cop-show.
NBC a perdue de sa superbe, et le seul nom qui la fait vivre c’est The Voice. A la rentrée, l’émission sera de retour et la chaîne prévoit de faire deux éditions par an du programme (un peu comme Dancing With the Stars sur ABC ou Survivor sur CBS). Mais est-ce bien raisonnable ? Le concept est bon mais l’échec de l’album du premier gagnant et la réussite en demi-teinte de cette seconde édition ne permet pas vraiment de faire d’état des lieux pour le moment. Autre souci de NBC : America’s Got Talent. La chaîne pourrait utiliser ce programme en guise de remplaçante pendant l’absence de The Voice mais la chaîne n’en fait qu’à sa tête et préfère mettre le programme en plein été, afin de servir de lead in à des télé-réalité réalisant des scores microscopiques (Love in the Wild par exemple). La chaîne a perdue la valeur du leadership, elle a aussi perdue celle du lancement de nouvelles tendances et phénomènes (Star Trek, Urgences, The West Wing, Friends, Will & Grace, Scrubs, et je pourrais en citer des centaines d’exemples). Le Paon n’offre plus rien d’extraordinaire aux téléspectateurs, uniquement des séries « mousseuses de critiques ». Elle aime se faire reluire la peau dans les magazines télé, par les journalistes, et les téléspectateurs sont où ?
Car s’il y a bien une donnée importante ce sont eux… NBC a perdue la main. Sa course effrénée aux hits aimés de la critique ne fonctionne pas du tout. L’an prochain elle va lancer pas mal de nouvelles séries et si l’on en suit les avis de certains critiques, seule une série ne serait pas à mettre de côté : The New Normal, toute nouvelle création de Ryan Murphy. Revolution, le hit-drama produit par J.J Abrams ne serait qu’un mélange navrant de Terra Nova et Falling Skies (entre autre) et bien loin de ce qui avait enchanté les journalistes il y a deux ans avec The Event. Et la plupart des autres séries que la chaîne lancera ne semblent pas avoir le petit truc qui donne envie de regarder la suite (Animal Practice serait la pire des horreurs) quand d’autres font leur job sans transcender (Go On avec Matthew Perry et Chicago Fire produite par Dick Wolf). Bref, vous l’aurez compris ce n’est sûrement pas l’an prochain que NBC va renouer avec les succès et pourtant elle s’appuie sur quelques noms (J.J Abrams, Matthew Perry, Bill Pullman, …) qui pourraient être vendeur. Le bilan reste donc morose pour l’ancienne chaîne numéro un des Etats-Unis.
Je suis d’accord que mon analyse ne reflète qu’une infime partie de la chute de NBC, mais le mal est tellement ancré au Rockfeller Center. Est-il possible d’imaginer qu’un jour NBC mettre la clé sous la porte ? Telle est LA grande question que l’on peut se poser même si elle tente chaque année de gonfler artificiellement ses audiences avec des programmes à forte valeur ajoutée en termes de 18-49 : The Voice notamment. Si cette année elle a progressée (et n’est plus le 4ème network américain), c’est uniquement grâce à ce programme (et le foot, et le Superbowl).